En août 2017, la Lettre du Continent avait soulevé l’ire du pouvoir d’Abidjan lorsqu’elle divulguait qu’Alassane Dramane Ouattara s’était taillé un fonds de souveraineté faramineux : « le Président Alassane Ouattara bénéficie, dans la plus grande discrétion, d’un fonds de souveraineté de 342,6 milliards FCFA (521 millions €), en hausse de 20 milliards par rapport à 2015 … [Ouattara] peut d’autant mieux puiser à sa guise dans cette enveloppe budgétaire que cette dernière est directement gérée par son frère, le ministre des affaires présidentielles Birahima Téné Ouattara ».
Cette révélation, comme il fallait s’y attendre, irrita les Ivoiriens, dont les hôpitaux et les écoles demeuraient paradoxalement sans équipements alors que les « gouvernants » baignaient insolemment dans l’aisance. En réponse au malaise généré par cette publication, Ouattara promit, à travers le ministre Patrick Achi, de porter plainte contre la Lettre du Continent pour divulgation de fausses nouvelles et diffamation. Cette plainte qui parut ne jamais voir le jour, aurait été, d’après Ouattara, introduite trois mois plus tard auprès de la justice française. Ouattara aurait déposé sa plainte.
Qu’en est-il donc de celle d’Hamed Bakayoko contre Médiapart ?
En effet, en novembre 2014, Médiapart révélait une nébuleuse de corruptions et de rétro-commissions de plusieurs millions de dollars autour du pétrole ivoirien, une voie lactée de décadences dans laquelle le nom d’Hamed Bakayoko apparaissait en grandes lettres étoilées ; probablement en écran, selon Médiapart. Ce scandale mondial, dont se défendit Bakayoko comme un beau diable, et qui au moment venu recevra certainement l’attention de services d’enquête internationaux, tant il est énorme et grossier, est pourtant resté sans suite du côté du pouvoir d’Abidjan qui a souhaité son évanescence avec le temps, alors même que de nombreux adorateurs appelaient à une plainte contre Médiapart.
Aujourd’hui, alors que Ouattara annonce, à notre grande satisfaction, qu’il a introduit une plainte conte la Lettre du Continent, nous attendons aussi d’Hamed Bakayoko, ce ministre que nous savons si combatif, si agressif et si phraseur, qu’il ne se contente pas seulement d’offrir à Médiapart un droit de réponse dont la timidité frise la culpabilité. Nous l’incitons plutôt à avoir le courage du Bravetchê, et à intenter un procès à Médiapart ; afin que ce journal qui tente de souiller sa réputation immaculée soit confondu avec des preuves.
Allez donc, Monsieur Bakayoko, soyez plus convaincant ! L’heure n’est plus aux démentis diaphanes. Voilà bientôt quatre longues années que Médiapart vous a habillé du cloaque de l’immoralité. Faites-lui payer son mensonge en introduisant, vous aussi, une plainte auprès des autorités judiciaires françaises. Monsieur Bakayoko, lavez l’offense ! Ou bien, peut-être l’avez-vous déjà fait, depuis des années, sans tambours ni trompettes … comme le Bravetchê ? Si c’est le cas, dites-le nous, car cette affaire n’est pas du registre du privé. Elle enveloppe la Côte d’Ivoire toute entière du pagne du vice, de l’immoralité, et de la mauvaise gouvernance.
Martial Frindéthié
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