Détention de Tchéidé en Côte-d’Ivoire: Le porte-parole d’Eds, victime de la bataille pour le contrôle du Fpi ?

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Par Connectionivoirienne

Jean Gervais Tchéidé, administrateur de services financiers de profession et engagé politiquement aux côtés de Sangaré Abou Drahamane n’a pu sortir de prison le 6 avril 2018. Le verdict de la cour était pourtant clair. La juge a pris le soin de citer nommément Tchéidé et ses 17 coaccusés dans le prononcé de sa décision qui les condamnait à 12 jours d’emprisonnement ferme, 5 ans de privation de droits civiques et 3 ans d’interdiction de paraître sur le territoire national en dehors du lieu de naissance.

Un verdict jugé sévère par les avocats qui avaient magistralement détruit les arguments de la procureure qui requerrait seulement 15 jours de prison. Par ailleurs, dans leur plaidoyer, les avocats de la Défense conduits par Me Dadjé s’étaient émus du cas particulier de Tchéidé Jean Gervais. Le vice-président du Fpi pro-Sangaré et porte-parole de la coalition Eds (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté) a été pris sur le point de départ de la manifestation à Adjamé alors qu’il était venu porter le message de l’interdiction de la marche, en sa qualité d’organisateur en chef. Selon les avocats, il devrait donc bénéficier de circonstances atténuantes d’autant plus qu’il est celui-là même qui a voulu remédier aux défaillances de l’Etat qui aurait dû trouver les voies et moyens pour communiquer sa décision prise la veille de la marche à 20 heures. L’administration ivoirienne fermant à 18 h. Tchéidé, selon eux, ne devait pas être reconnu coupable de trouble à l’ordre public.

De nature, Gervais Tchéidé est un homme au tempérament calme, mesuré et modéré. C’est à juste titre que beaucoup s’étonnent des charges qui pèsent actuellement sur lui et contenues dans le mandat d’arrêt sous-scellé depuis 2013. La vraie raison de cet harcèlement judiciaire que dénoncent des organisations des droits de l’homme sont à rechercher ailleurs que dans des faits de ‘’financement de manœuvres de déstabilisation du régime Ouattara’’.

En effet, ce n’est un secret pour personne. Le régime d’Abidjan, dans son plan d’anéantissement du Fpi entrepris dès 2011 avait dans son viseur tous ceux qui étaient supposés faire vivre la formation de l’ancien président Gbagbo. Le gel des comptes des barons de l’ex-régime faisait partie de ce plan à relents juridique, économique, financier et diplomatique. Il consistait également à suivre de près, tous ceux qui avaient échappé au gel des comptes et qui seraient susceptibles de trouver quelques moyens pour soutenir les activités du parti.

C’est également un secret de polichinelle et tout le monde le sait au Fpi. L’ancien ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko avait ouvertement menacé, à cette époque, M. Tchéidé d’arrestation, soupçonnant l’ancien Daf du défunt Comité national de pilotage du redéploiement de l’administration (Cnpra) de financer le réveil du ‘’monstre’’ Fpi.
Puis vint la crise au Fpi

Après juillet 2014, la crise au Fpi mettant aux prises deux camps rivaux sera comme du pain béni pour le régime de se servir des artifices judiciaires pour emprisonner à tour de bras des cadres influents du Fpi pour la plupart, des proches de Sangaré Abou Drahamane. Certains comme Assoa Adou avaient pourtant eu les assurances nécessaires pour mettre fin à leur exil au Ghana. L’ancien ministre est maintenu en prison après un jugement expéditif en cours d’assises en 2017, condamné à 5 ans de prison.

Jusque-là, M. Tchéidé, resté discret était épargné. L’avènement de Eds en avril 2017 le propulsera au-devant de la scène politique comme collaborateur direct de Georges Armand Ouégnin. Selon certaines langues, il serait le concepteur dans l’ombre de cette nouvelle plateforme créée pour palier l’illégalité du Fpi pro-Sangaré devenu une organisation clandestine de fait contrairement à la tendance Fpi dirigée par Affi N’guessan reconnue par le pouvoir. Dès lors, il devient l’homme à abattre surtout qu’en tant que directeur de cabinet du président de Eds et porte-parole, il avait en charge l’organisation pratique des activités de la nouvelle plateforme.

Faut-il également le rappeler, dans sa région d’origine, Jean Gervais Tchéidé a occupé le poste de 2e vice-président du conseil général de Guiglo sous Laurent Gbagbo. Comme tel, un conflit de leadership l’avait opposé à son autre frère Marcel Gossio, ancien Dg du Port autonome d’Abidjan quand Tchéidé fut désigné directeur de campagne local du candidat Gbagbo. Quand survint la crise au Fpi en 2014, les deux protagonistes n’avaient pas encore vidé leur contentieux et soldé les vieux comptes. Ils n’ont pas joué non plus dans le même camp. Tchéidé a joué dans le camp Sangaré, le mauvais camp aux yeux du régime Ouattara, tout comme Hubert Oulaye condamné à 20 ans de prison sans mandat de dépôt pour les mêmes motifs de financement de manœuvres de déstabilisation à partir de l’Ouest.
Le procès Tchéidé est attendu. Mais cette énième tentative de musèlement de l’opposition est si flagrante que l’opinion a déjà choisi son angle d’appréciation : Une arrestation de trop qui achève de convaincre sur l’option de justice des vainqueurs.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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