Par Connectionivoirienne
Des experts expliquent tout au salon de l’immobilier de Côte d’Ivoire
Le Salon de l’immobilier de Côte d’Ivoire (Sici 2018) a refermé ses portes le 25 mars 2018, 48 heures après son ouverture. Latte Cynthia, la commissaire générale s’est réjouie de ce que ce premier salon ait tenu ses promesses. De grandes entreprises privées de l’immobilier et des structures de l’Etat ont pu exposer leur savoir-faire au public qui a fait nombreux le déplacement.
Plusieurs panels ont meublé l’événement. Ils auront permis au public d’appréhender les problèmes auxquels reste confrontée la politique du logement dans notre pays. Intervenant à la cérémonie d’ouverture le directeur du logement au ministère de la Construction, Guibénou Firmin a fait parler les chiffres pour rendre compte des efforts consentis par l’Etat ces dernières années, face à la crise du logement. L’engagement de l’Etat, dit-il, s’élève à 10 milliards de FCFA en purge des droits coutumiers, 350 milliards de FCFA en termes d’exonérations fiscales et 35 milliards pour la prise en charge des Vrd (Voirie et réseaux divers).
Malgré tout, analyse pour sa part, M. N’doumi de la Chambre des agents immobiliers agréés, le déficit du logement social s’établit à 500 mille logements à ce jour. Dans son exposé, il distingue deux périodes dans l’évolution de la Côte d’Ivoire qui expliquent la crise actuelle. On note dans sa présentation que, si entre l’indépendance et 1993, l’Etat s’était investi dans une production massive de maisons à travers la Sicogi et la Sogefiha, son désengagement à partir de 2013 sous la poussée des bailleurs de fonds aura été contre-productif pour les acquéreurs. Là où l’Etat prenait en charge les coûts des terrains, de la viabilisation et autres charges, la libéralisation a occasionné très rapidement une forte pression sur les terrains d’où le renchérissement des prix à Abidjan. « Selon une loi de juillet 1971 sur le régime foncier urbain, seul l’Etat pouvait être acquéreur de terrain régi par le droit coutumier. Seul, il purgeait les droits coutumiers et mettait les terrains à disposition des promoteurs. L’Etat pouvait donc maîtriser son plan d’urbanisme et il était impossible à un particulier de vendre un terrain. Dans ce système, il n’y avait pas de place pour la spéculation sur les prix de terrains », a expliqué le président N’doumi. Aujourd’hui, explique-t-il, le désengagement de l’Etat a fait multiplier par 50 voire par 100 le coût du mètre carré de terrain à Abidjan. A titre de comparaison, indique l’expert, si avant 1993 les prix des terrains variaient entre de 800 F et 2 000 F le mètre carré dans des quartiers comme M’badon, M’pouto, ceux-ci vont exploser à partir de 1998 pour se situer entre 4 500 F et 8 000 F le mètre carré.
Cependant, dira-t-il, les prix sont restés stables à l’intérieur du pays au cours de la même période sauf dans les villes de San Pedro, Yamoussoukro, Assinie. Il tire dès lors la conclusion que la maîtrise du déficit du logement passe par la maîtrise des coûts des terrains.
Quant à Me Yolande Folda, nouvelle présidente de la Chambre des notaires de Côte d’Ivoire, elle fait observer que les conflits fonciers existent de fait. Le problème de fond, selon elle, est que tous les terrains ne sont pas immatriculés au livre foncier. « En Côte d’Ivoire, les terrains immatriculés occupent 30 % du territoire, 70 % sont des terrains inconnus car sans numéro de lot ni d’ilot », révèle-t-elle avant de donner ces conseils d’usage : « En matière de transaction foncière, il faut être patient et ne pas se précipiter pour payer – Il faut s’attacher les services d’un notaire parce qu’il a au moins la formation et l’autorisation pour enquêter sur la situation du terrain – Eviter les terres non immatriculées car elles sont toujours moins chères mais comportent beaucoup de risques ».
Toujours selon elle, de 2012 à juillet 2017, l’Etat a exclu les notaires des différentes procédures de transfert de la propriété immobilière pour les attribuer au guichet unique de la construction. Résultat des courses, des milliers de conflits fonciers. « Aujourd’hui le ministère de la Construction est revenu sur cette procédure et redonne au notaire ses prérogatives de vérification », se réjouit-elle.
Pour la commissaire générale du salon Latte Cynthia, les différents thèmes développés ont été très instructifs et donnent à ce salon tout son intérêt. Elle espère que la prochaine édition en 2019, battra des records.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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