Soro pas content, des signaux qui parlent
Le président de l’Assemblée nationale ne s’est guère déplacé pour mettre son bulletin dans l’urne le samedi 24 mars 2018, jour de l’élection sénatoriale.
Il aurait mandaté une collaboratrice de voter en son nom, par procuration. Celle-ci aurait été empêchée de voter pour son compte, les textes n’autorisant pas une telle possibilité. Boycott délibéré ? Erreur d’interprétation des textes régissant ce scrutin ? Toujours est-il que la non-participation de Guillaume Soro à cette élection est perçue, par certains observateurs de la vie politique ivoirienne, comme une autre expression du désamour entre l’ex-n°2 du régime et ses amis au pouvoir.
En effet, en dépit des apparences, il y a comme un malaise persistant entre le chef du Parlement et les autres tenants du pouvoir. Tout se passe comme si Soro n’est jamais parvenu à prendre toute sa place dans sa famille politique, depuis la mauvaise passe qu’il a traversée au plus fort de l’affaire des armes découvertes à Bouaké. Depuis lors, le ressort cassé ne semble pas avoir été solidement recollé de sorte que ses relations avec ses amis au pouvoir n’ont qu’une apparence de normalité. Plusieurs signaux laissent penser que le chef du Parlement ne retrouve plus ses marques dans ce régime.
Et c’est peu dire. A preuve, il s’affiche de moins en moins aux réunions et activités de son parti, le Rdr. Depuis qu’il y a été nommé vice-président, chargé de la région du Tchologo, on ne l’a pas vu aller au contact du « peuple du Rdr » en vue de le remettre en ordre de bataille pour les échéances futures, comme l’ont fait bien des dignitaires du parti au pouvoir.
Par ailleurs, on le soupçonne de manœuvrer pour combattre, par personnes interposées, l’idée de groupe parlementaire Rhdp et partant de parti unifié, fiévreusement prônée par des barons de son parti. De fait, plusieurs députés qui donnent de la voix ces derniers temps dans les médias pour exprimer leur rejet d’un groupe parlementaire Rhdp et insidieusement du parti unifié, sont réputés proches de Soro. C’est le chef du Parlement qui tirerait les ficelles, une façon de tacler sa famille politique au pouvoir. Et partant, d’exprimer son mécontentement voire sa « rébellion » contre le clan Ouattara.
Un mécontentement qu’il a laissé sous-entendre lorsqu’il évoquait récemment l’incarcération de son bras droit et directeur de protocole, Souleymane Kamaraté dit Soul To Soul. Saisissant l’occasion d’une rencontre avec les anciens leaders et animateurs de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), le samedi 18 mars 2018, Soro avait déploré l’emprisonnement de ce compagnon des années Fesci. « Ça nous fait mal », s’était-il indigné. Un sentiment qui laissait clairement entendre qu’il n’avait pas encore digéré cette affaire d’armes découvertes à Bouaké, qui a conduit son missi dominici en taule. Autant de signaux qui inclinent à déduire que les relations entre Soro et ses amis au pouvoir sont loin de s’être normalisées.
Assane NIADA
Source: L’infodrome.com
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