Côte-d’Ivoire: «Enfant à succès et mauvais garçon », DJ Arafat n’a rien d’un modèle

DJ Arafat/Bebi Philip DR
DJ Arafat/Bebi Philip DR

Côte d’Ivoire : DJ Arafat, enfant béni et mauvais garçon

Par Anna Sylvestre-Treiner/Jeune-Afrique

Habituée des rubriques faits divers comme des pages culture, la star ivoirienne DJ Arafat entend séduire au-delà de l’Afrique. Portrait d’une idole qui n’a rien d’un modèle.

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Ibis, porte de Clichy Paris: Bras tatoués, grigris aux poignets, pupilles dilatées, le chanteur ivoirien sort d’une sieste. Affable, souriant, il est bien loin du personnage sulfureux qui noircit chaque semaine les colonnes des journaux ivoiriens. « Il le cache bien, mais c’est un grand timide », avait prévenu l’un de ses amis. Ce soir, il donne un concert privé, alors, en attendant, il faut tuer le temps.

Clashs en direct sur les réseaux sociaux
Retour à Clichy. Un ami brandit un portable dernier cri. Trois clics et le voici en direct sur les réseaux sociaux. Enfant de la télé-réalité aux 2 200 000 fans sur Facebook, Arafat filme tout et, chaque jour ou presque, défraie « en live » la chronique avec ses « clashs ». Par téléphone interposé, les stars du coupé-décalé rivalisent de rimes et de bons mots.

Le glauque l’emporte lorsque Arafat invective sa mère, qui l’injurie en retour. Le malaise devient total lorsque, en 2012, il se fait filmer en train de frapper sa petite amie. « Une erreur de jeunesse » qu’il dit regretter aujourd’hui.

Jamais romantique, Arafat tente néanmoins de se racheter. En 2016, dans « Maplorly », un de ses succès, il prodigue des conseils pour garder sa femme près de soi : « Ils sont les premiers à vouloir gagner du temps / Or, pourtant, l’homme doit toujours satisfaire sa femme / Si je mens, dites-moi / Elle a besoin de prendre son pied. »

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© Camille Millerand pour JA

Il appartient à un mouvement qui se fait autant connaître pour ses scandales que pour sa musique

Dans la rubrique des faits divers
L’idole des jeunes Ivoiriens, considéré comme l’un des artistes africains les plus influents depuis une décennie, n’a rien d’un modèle. L’homme squatte tout aussi souvent la rubrique des faits divers que les pages culture des magazines.

Reconnaissance
« Le coupé-décalé a émergé en 2002 [Douk Saga] avec la partition de la Côte d’Ivoire. La crise rendait la vie difficile, et les Ivoiriens ne voulaient plus entendre parler de politique. Fini les chanteurs engagés.

Ses protecteurs sont nombreux, mais le plus proche s’appelle Hamed Bakayoko, le ministre de la Défense. Le modèle d’Ange Houon s’appelle alors Jonathan, et c’est sa mort prématurée qui va propulser la carrière de DJ Arafat. En 2003, « Hommage à Jonathan » devient un tube ; c’est toujours son morceau préféré.

Le meilleur, vraiment ?
Un temps proche d’Arafat, qu’il a connu dans les clubs de Yopougon, Debordo Leekunfa s’est fait connaître grâce à « Kpangor », chanté et dansé en duo. En 2008, ce titre est l’un des plus écoutés en Afrique de l’Ouest. Mais l’amitié entre les deux chanteurs fait long feu ; dès l’année suivante, ils se disputent et alternent depuis entre rapprochements et inimitiés.

Autre figure du milieu, Serge Beynaud est devenu incontournable à partir de 2009 grâce à son titre « Kouma Lébé ». Il travaille régulièrement avec Bebi Philip, figure bien plus sage et plus professionnelle du mouvement. Musicien, chanteur mais aussi producteur, il est très influent dans le milieu musical ivoirien.

L’article dans sa totalité à lire sur Jeune-Afrique

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1 réflexion au sujet de « Côte-d’Ivoire: «Enfant à succès et mauvais garçon », DJ Arafat n’a rien d’un modèle »

  1. « Il travaille régulièrement avec Bebi Philip, figure bien plus sage et plus professionnelle du mouvement. »

    Plus sage, peut-être, oui, c’est fonctionnel, mais plus professionnelle, assurément pas !!

    La notion artistique du terme « professionnel » se décline en certains facteurs :

    La production musicale : la qualité de la composition musicale, des arrangements, du mixage, la justesse du chant, selon le genre choisi. Dans ce domaine, chacun excelle en ce qui le concerne, ARAFAT sait comment brailler pour enjailler ses fans, il est inimitable, tout comme BEBI PHILIP saura délivrer ses rimes suaves au grand bonheur des siens. Tout est une question de style. On n’aime ou on n’aime pas, mais la musique de soutien est produite de façon professionnelle, avec les meilleurs instrumentistes et arrangeurs disponibles.

    Les relations artistiques et commerciales : il s’agit d’évaluer le réseau mis sur pied par l’artiste pour nouer des affaires, trouver des concerts et les honorer, la qualité de l’interface avec les clients, annonceurs, les journalistes et les fans. Tous les artistes cités plus haut ont des agents très efficaces qui sillonnent l’Afrique et l’Europe pour boucler des dates juteux et nombreux. Rien n’est laissé au hasard et la visibilité d’ARAFAT va sur au moins 18 mois, tout comme celle de Bebi PHILIP. Il s’agit donc ici d’une approche résolument professionnelle de tout coté. On ne saurait dire ici que l’un serait « plus » professionnel que l’autre.

    Le marketing artistique : Il s’agit de vendre son image au mieux, selon le style de chacun. ARAFAT a choisi de faire le buzz perpétuel, qui s’alimente uniquement grâce aux scandales sur réseaux sociaux. Il faut donc savoir le produire, le provoquer (le buzz, c’est tout un art, trop faible et vous passez inaperçu, trop fort et vous vous grillez), tout en tenant compte de ce que les fans son capables d’absorber. ARAFAT ne cherche pas à être un modèle, loin de là, mais il livre à ses fans la matière qui fait en sorte qu’il reste au plus haut dans sa cote de popularité (plus de 2.000.000 de like pour ARAFAT quand BEBI PHILIP est à 1.000.000). Rien n’est laissé au hasard : photo shooting avec les meilleurs photographes, photos officielles de qualité, vidéo produite avec le plus grand soin en UHD, tenue vestimentaire étudiée, coiffure et look singulier et étudié. Chez ARAFAT, rien n’est laissé au hasard et même ce petit coté négligé est voulu, entretenu, construit. La barbe semble être ébouriffée, mais elle est revisitée par un coiffeur quotidiennement. Le visage de rebelle, caché derrière une paire de lunette à 1000 euros, contraste donc avec celle de BEBI PHILIP, plus policée, qui a ses difficultés à se dégager d’autres artistes ayant adopté le même style. Sinon, de façon globale, tous ces artistes sont encadrés par des professionnels de l’image, qui veillent à leur apparence. Rien n’est laissé au hasard.

    Il ressort donc de ceci qu’aucun journaliste ne peut se permettre de dire de tel artiste qu’il serait « plus » professionnel qu’un tel autre, à moins qu’il ne se base que sur les canulars que les journaux à sensation produisent à longueur de journée pour faire du chiffre.

    Derrière ces artistes, que ce soit ARAFAT, BEBI PHILIP ou BEYNAUD, ce sont des véritables machines techniques, commerciales et marketing qui sont à l’œuvre, et s’il y a bien une chose avec laquelle ces artistes ne rient pas, c’est leur encadrement. Maintenant, il faut quelque chose de plus pour se distinguer des autres et faire plus d’argent (c’est le but et la finalité). ARAFAT fera donc ce qu’il faudra pour rester au dessus de tous. Il aura un certain avantage par rapport aux autres : Il aura déjà produit toute sorte de scandale et la seule chose qu’il n’a pas encore faite, c’est de chanter aussi bien, sinon mieux que ses concurrents (c’est pas forcé). Par contre, le moindre scandale du niveau d’ARAFAT suffirait à briser la carrière d’un BEBI PHILIP ou d’un BEYNAUD, condamnés à faire attention à leurs pas, gestes et paroles !!

    Etre professionnel dans le milieu artistique, c’est aussi faire ce qu’il faut, sur une base quasi scientifique, pour rester à la page le plus longtemps possible. Il existe une logique et une préméditation dans tout ce que ARAFAT fait !

    Compter uniquement sur son talent, son apparence et la sympathie exercée sur le public, ne suffit pas !!

    Pop !! (on se distrait là !!)

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