Côte-d’Ivoire: Alice, vendeuse d’attiéké aux poissons frits à Abidjan, depuis… 41 ans (PORTRAIT)

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Jean-Marc BOUAZO

Difficile de séjourner à Abidjan, sans succomber à la tentation de déguster un bon plat d’attiéké (semoule de manioc) accompagné de poissons frits, chez Alice Agnimel dit « Tantie Alice », une référence dans la restauration depuis maintenant 41 ans, à Marcory, au sud de la capitale économique ivoirienne.

Dans les années 1977, Alice Agnimel, dit « Tantie Alice » est arrivée de Dabou (sud ivoirien), d’où elle est originaire, avec son mari, instituteur affecté à la capitale économique. Sa petite famille s’installe dans la commune de Marcory, au Sud d’Abidjan.

Dans le souci de soutenir sa famille dans les différentes charges quotidiennes, elle entreprend une activité commerciale, celle de la vente de « l’attiéké et le poisson », financée par son époux à hauteur de 3.000 FCFA, une somme qui peut être qualifiée d’une petite fortune à cette époque.

« Elle a commencé ce commerce pour aider son mari, notre père à nous scolariser », confie Hélène, 47 ans, l’aîné de ses deux filles.

« Tantie Alice » explique qu’elle a commencé avec un petit panier d’attiéké acheté à 700 FCFA, du poissons, pour presque 2.500 FCFA, une petite table et deux bancs pour recevoir ses clients.

L’attiéké aux poissons, « Tantie Alice » s’y connaît bien, car ce mets est la spécialité du peuple « Adjoukrou » (au Sud de la Côte d’Ivoire) ce qui lui a permis de se faire très tôt une notoriété.

Après le décès de son époux, la mère de cinq enfants ne s’est pas laissée abattre et n’a cessé de développer l’activité qui nourrissait toute sa famille, tout en prenant soin de transmettre l’héritage à sa progéniture, spécialement à Hélène.

Quarante-et-un ans après, la sexagénaire, est fière de voir ce petit commerce de survie de quartier se transformer en une chaîne de restaurants célèbres et très appréciés, aussi bien des locaux que des expatriés.

« J’avais fini mes études, mais comme maman prenait de l’âge, j’ai demandé à prendre la relève en 1999, afin de lui permettre de se reposer. Aujourd’hui, c’est grâce à ce qu’elle a entamé, ses conseils et son soutien que nous nous sommes réalisés ».

Cette entreprise familiale, le restaurant chez « Tantie Alice » est aujourd’hui « un site touristique », et reçoit des stars du football, de la musique, des hommes politiques, des artistes comédiens et chanteurs, se vante Hélène.

Le restaurant chez « Tantie Alice », à Marcory propose en plus « de l’attiéké aux poissons, des mets africains », et tous les clients y trouvent leur compte.

« J’ai entendu parler du restaurant chez « Tantie Alice », et aujourd’hui j’ai décidé d’y déjeuner avec des amis », un client de race blanche venu déguster la spécialité de la maison (attiéké aux poissons) avec ses compatriotes sur conseil de son chauffeur.

Le Restaurant d’Alice, à la Riviera Palmeraie (Est Abidjan) a été ouvert en 2017, quatre ans après celui de Bassam en 2013.

« La qualité de ses mets n’a pas changé. Cela fait 15 ans que je viens manger ici, sa cuisine est exceptionnelle », témoigne Ahmed, un jeune libanais, venu de Treichville (Sud Abidjan). « C’est une femme qui mérite d’être encouragée, surtout une Ivoirienne, c’est rare », conclut-il.

La mère fondatrice des Restaurants chez « Tantie Alice » se dit « fière du travail abattu par sa fille » qui après ces diplômes, a décidé de se « consacrer entièrement à leur entreprise commune, pour en faire un gagne-pain et une véritable référence » en Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, Hélène, mère de quatre enfants qui gère avec rigueur l’entreprise, annonce « la création de deux autres d’espaces gastronomiques ».

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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