Youssouf Bakayoko et les fantômes de 2010

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Vincent Duhem

L’opposition ne veut plus entendre parler de lui, mais il demeure à la tête de la Commission électorale indépendante. Et aura la charge des scrutins prévus cette année.

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Au moment où la Côte d’Ivoire se prépare à organiser une série d’élections (sénatoriales et locales), une partie de l’opposition demande une nouvelle fois son départ. « Depuis 2011, nous expliquons que tout le monde peut organiser les élections dans notre pays, sauf lui. Nous n’avons rien contre sa personne, il fut un grand serviteur de l’État. Mais sa responsabilité dans la crise postélectorale est trop importante », résume Laurent Akoun, bras droit d’Aboudramane Sangaré, le chef de file de l’une des tendances du Front populaire ivoirien (FPI).

Discret, Youssouf Bakayoko goûte peu la lumière, encore moins l’exposition médiatique. « Je refuse que le débat actuel tourne autour de ma personne », acceptera-t-il simplement de nous répondre dans son large bureau au siège de la CEI.

« On revient toujours aux mêmes querelles, agitées par ceux qui n’ont pas accepté les résultats de 2010. Ils contestent sa personne, mais en fait c’est la légitimité du chef de l’État qu’ils remettent en cause sans le dire frontalement », précise-t-on dans son entourage.

Froid en apparence, Youssouf Bakayoko est décrit comme un homme sympathique au sens de l’humour prononcé, mais difficile à cerner. Un trait de caractère qu’il partage avec le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, son parrain politique.

« On ne sait jamais ce qu’il pense vraiment. Il dit rarement les choses directement », indique un membre de la CEI. « Il a toujours su manœuvrer et jouer de ses connexions. C’est un fin tacticien qui réussit à obtenir ce qu’il veut sans faire de tapage », poursuit un baron du PDCI.

Le parcours de Youssouf Bakayoko

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Né en 1943 à Bouaké, Youssouf Bakayoko fait son entrée au ministère des Affaires étrangères en 1972 après des études de lettres et de relations internationales à Paris. Il est nommé onze ans plus tard ambassadeur en Allemagne, puis en Suisse, en Autriche et en France. Militant du PDCI depuis les années 1970, il fera partie des rares cadres de l’ancien parti unique à avoir émergé dans le Nord après la création du RDR, en 1994. Maire de Séguéla en 1990, il deviendra député cinq ans plus tard et conservera son siège lors des législatives de 2000, devenant président de la commission des relations extérieures de l’Assemblée.

La totalité de l’article sur Jeune-Afrique

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