Après la 101ème session du secrétariat exécutif du Pdci-Rda, mardi 27 février, au siège dudit parti à Cocody, Pr Maurice Kakou Guikahué, chef dudit secrétariat, s’est défendu contre les attaques dont il est l’objet dans la presse, par d’autres hommes politiques.
« J’ai lu avec amusement des attaques contre moi dans la presse. Mais qui suis-je pour m’opposer au parti unifié? Moi, je ne suis qu’un serviteur du Pdci-Rda. Je ne suis pas le Pdci. Il ne faut pas être prétentieux. En quoi je peux bloquer quelque chose? Ce que je vais dire, c’est que je suis le secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda. Je suis chargé de l’animation du Pdci-Rda. Donc, tant que le Pdci-Rda va exister, je vais l’animer sans complaisance. Le jour où on dit qu’il n’y a plus Pdci, ma mission n‘existe plus. Donc, je fais ma mission parce qu’on m’a nommé pour animer le Pdci et le Pdci existe. Donc, je l’anime et je dois bien l’animer. Donc, je ne suis pas un obstacle. En quoi je peux être un obstacle ? Mais il y en a qui disent que je suis prestidigitateur.
Jusqu’ à présent, ce sont eux qui sont magiciens. Mais moi, je suis réaliste. Je suis fils de paysan. Et je suis médecin, je suis pragmatique. Aujourd’hui, ce que je dis dans les discussions que nous avons et je ne cache pas. C’est que pour l’instant, les coordinations du Rhdp ne marchent pas bien et que les bases ne sont pas préparées à nous suivre. Alors ça sert à quoi d’aller seul en laissant les bases. Il faut qu’on les prépare. Les choses ne se font pas comme ça. On prépare et moi je dis toujours aux gens que si nous vivons bien et que nous sommes dans un système de partage, de générosité et je ne cesse de le dire, un matin, quand nos bases seront tellement contentes, elles nous diront : vous-là, vous attendez quoi ? Allons-y au parti unifié. Mais on ne peut pas l’imposer. Si vous êtes responsable et que vous avez des patrons, il ne faut pas être laudateur. C’est-à-dire que le service qu’on peut rendre aux présidents Bédié et Ouattara, c’est de leur dire ce qu’on voit sur le terrain. Par exemple, on dit que quelqu’un va aller emprunter une route. On vous dit allez-y voir pour sécuriser la route. Et les envoyés trouvent des troncs d’arbres sur la route. Et ils viennent dire que la route est bonne, on peut y aller. Si vous y allez, vous allez buter sur des troncs d’arbres. Mais s’ils viennent dire : attention, les gens ont fait tomber 4 arbres là-bas, il faut des tronçonneuses, vous prenez vos dispositions. Maintenant que les militants ne sont pas en phase avec nous pour le parti unifié, qu’est-ce qu’on fait pour convaincre les militants. Voilà la question que moi Guikahué, je pose. Moi, je plaide pour qu’on convainque les militants. La politique, c’est un jeu d’intérêt. Donc, les militants, quand ils sont réticents, il faut qu’on voit pourquoi ils sont réticents et puis régler les problèmes. En ce moment-là, quand on y va, c’est définitif. Les gens content l’histoire de l’Ump. Mais on sait comment ça s’est passé. Ils ont fait mais est-ce que cela est allé loin ? ça s’est cassé. Donc ce n’est pas un bon exemple qu’il faut donner. Même les Républicains avec les Macron compatibles et puis Bayrou, ça n’a jamais voulu aller à l’Ump. Donc, il faut aller patiemment. Parce que quand on construit, on met le pied, on teste l’appui et on avance. C’est la politique des petits pas d’Henri Kissinger.
Donc, moi, je ne suis ni prestidigitateur, ni magicien comme certains. Je suis fils de paysan, pragmatique, qui connait les réalités et qui compte avec les réalités. Un parti politique n’est pas une entreprise. C’est dans une entreprise, il y a un directeur qui paye les gens. Donc, il peut leur en imposer. Dans un parti politique, il y a plein de militants qui ne seront jamais ministre, directeur, président de la République, mais ils aiment. Mais ceux-là, tu ne peux pas les brusquer. Tu les brusques, mais ils vont te quitter. Il faut les emmener à suivre. Deuxième élément, le Pdci aujourd’hui est traversé par un courant. Le Pdci est en mutation. Les gens ont oublié. Le président Bédié a façonné le Pdci sans que les ivoiriens ne le sachent. Parce que sa présidence a toujours fait l’objet de vote depuis 1995. Et puis en 2005, on devait aller aux élections, on a fait la convention en 2004. Il était candidat unique. Mais il a exigé qu’on fasse le vote. On a fait venir des gens de partout pour voter pour montrer qu’ils adhèrent à la candidature de Bédié. Ensuite quand il est revenu d’exil pour être le candidat du Pdci, il s’est fait voter. Il aurait pu dire, c’est moi et puis on avance. Mais, on a voté dans l’urne. Il y avait des candidats contre lui. On a voté dans l’urne et il a gagné. Au dernier congrès, le 12ème. Il voulait être candidat. C’était la même chose. On a voté. Donc, le président Bédié a fait rentrer la démocratie au Pdci.
Les gens ne s’en rendent pas compte, mais le Pdci est très démocratique aujourd’hui et l’opinion de la base existe. Celui qui va penser que la base n’existe pas au Pdci, il se trompe lourdement et moi en tant qu’animateur, si je viens dans une équipe, c’est que le monde est venu. Pour l’instant, je ne suis pas capable de venir comme ça, donc, moi j’alerte les gens pour dire attention, le dossier n’est pas prêt. C’est mon rôle d’alerter. Les gens nous ont envoyés en mission il faut qu’on leur dise les choses telles qu’elles sont.
Nous sommes les conseillers des présidents Ouattara et Bédié. Il faut qu’on ait le courage de leur dire la vérité qu’à la base, le Rhdp ne marche pas. Comme ça, ils vont savoir comment on va marcher pour arriver à notre but. Voilà la position de Guikahué mais je ne bloque rien et je ne rame pas à contre-courant. Le président Bédié, le patron du Pdci, m’a demandé d’animer le parti. Je l’anime. Mais pour qu’on soit nombreux, il faut que je tienne compte des autres. Qu’est-ce qu’on me donne comme argument politique pour les convaincre? C’est ce que moi j’attends. Sinon, Guikahué n’est rien pour s’opposer à quoi que ce soit. Je vous remercie ».
Propos recueillis par Gilles R. OMAEL et D. Sory
Parti unifié parti unifié! ça ne peut pas marcher même! Que chacun présente son candidat et puis on va aller sur le terrain.
Encore de la langue de bois !!
GUIKAHUE ne veut pas dire dans ses propos pourquoi la base n’est pas prête à suivre le projet de parti unifié !!
Primo : Ce parti unifié suppose, selon les désirs de OUATTARA, la DISSOLUTION du PDCI et donc la fin du parti cinquantenaire, qui se fondrait avec le RDR pour devenir RHDP (ou tout autre parti dont le nom serait défini plus tard).
La base PDCI n’est pas prête à vivre cet état de mort et décès, soit-il temporaire.
Secundo : sur le plan technique, RIEN n’est définit concrètement pour permettre cette fusion de parti politique. Le PDCI est un parti politique national et à couverture territoriale étendue. La fusion de parti signifie t’elle que toutes les représentations du PDCI à l’intérieur du pays devrait fermer leur porte et se déporter vers celles du RDR, embryonnaires dans certaines régions ou alors doit-on faire le contraire ? Dans les faits, c’est comme si le PDCI absorbait le RDR, tout en se permettant enfin de « revivre » une vie politique pleine dans des régions qui sont devenus hostiles (le nord ivoirien). La base n’est pas prête à se mélanger au RDR, sans que ne soit définit clairement comment cela devrai se faire.
Tertio : la question la plus cruciale est de savoir si avec ce parti réunifié, on peut encore croire en l’appel de DAOUKRO qui stipulait qu’un candidat PDCI devrait être investi pour les prochaines élections. Si les partis fusionnent, la notion de « candidat » PDCI ou RDR n’a plus de sens et de fait la création du parti unifié implique la fin de la notion de candidat PDCI ou RDR.
Et ici encore, la base PDCI, qui a soutenu BEDIE dans son rapprochement de OUATARA, uniquement dans l’espoir de voir le parti revenir un jour au pouvoir, ne comprendra pas pourquoi il faudrait se mélanger au RDR et oublier la prise de pouvoir promise quand il s’agissait de militer ensemble pour le RHDP.
En conclusion, GUIKAHUE refuse d’expliquer pourquoi la base ne veut pas suivre, mais il a l’honnêteté de le dire et c’est déjà beaucoup, car de nombreux hommes politiques au sein du PDCI refusent de parler des difficultés du PDCI. Ils sont amorphes et immobiles, dans l’attente d’une chose que personne ne peut réellement expliquer.
Il y a un malaise, un réel malaise et pour le mesurer, il faut prendre le pouls au niveau de la base PDCI.
Certaines personnes fustigent l’immobilisme des militants FPI, traités de « grasse matineurs », mais que dire des militants PDCI en ce moment crucial.
Il reste a peine 2 ans au PDCI pour savoir s’il prendra le pouvoir en 2020 ou s’il continuera à se faire cocufier comme en 2015 par le RDR qui risque de réussir l’exploit phénoménal de désintégrer ce parti politique parti d’un électorat de 100% en 1980 à moins de 40% en 2010 !!
Le petit baoulé paysan ne digérera pas !!
Tout se joue maintenant !!
Pop !!
Bedie a fait entrer la démocratie au pdci mais il ne veut pas compétitif au niveau national.
Bravo Guikahué ! Tout en persiflage sans en avoir l’air, notamment sur le fait que Bédié a fait entrer la démocratie et le vote au PDCI. Quiconque se sent indexé, devra se moucher, et tant pis pour ceux dont les conventions et assemblées générales annoncées accouchent de nominations à la présidence, au secrétariat général, etc.
Le « fils de paysan » fait ici étalage du « bon sens paysan » longtemps promu par le Crédit Agricole en France, en se plaçant dans une posture fataliste : il ne peut aller contre les intérêts de ses sociétaires (pardon, ses militants), s’ils ne veulent pas adhérer au parti unifié. De la langue de bois de haut niveau, parce qu’on sait tous ce qu’attend le PDCI, promis en contrepartie d’un certain appel de Daoukro. En clair, à roublard, roublard et demi. Ça me rappelle le texte de l’un de nos livres de l’école télévisuelle : « la farce de maître N’Golo ». 🙂