Par Connectionivoirienne
L’incendie du marché de Soubré, le lundi 5 février 2017, a révélé les faiblesses des forces de sécurité de la ville en matière d’équipement pour contenir de grandes émeutes. Ce drame a montré aussi combien la rumeur est lourde de conséquence si elle est mal gérée.
A Soubré, selon des habitants interrogés, peu avant l’incendie qui a ravagé le marché, un bras de fer opposait déjà le maire Traoré Lassina et une bonne frange de commerçants. Nos sources révèlent qu’un projet de reconstruction du marché avait amené le conseil municipal à relocaliser les commerçants sur un nouveau site, la place Donwahi. Ces derniers y aurait opposé une fin de non-recevoir sous prétexte que les nouvelles places sont chères et le retour sur les places initiales serait incertain puisqu’ils devraient encore payer pour se réinstaller. Plusieurs réunions avec les autorités municipales sur ces sujets auraient ainsi buté sur leur intransigeance.
Et pour le malheur du maire, les deux parties en étaient là lorsque le marché a pris feu dans la nuit de lundi. Pour les commerçants, Traoré Lassina ne devait pas être innocent surtout que la même rumeur disait qu’il a contracté tantôt avec un opérateur libanais, tantôt avec un groupe chinois pour la reconstruction du marché. Et ce qui devait arriver, arriva. Traoré Lassina et sa famille ont eu la vie sauve mais leurs biens ont été consumés par le feu sous la furie des manifestants que la police n’a pu contenir, limitée dans ses moyens de réaction.
Ces présumés commerçants ont d’abord détruit les bureaux de la mairie au marteau-pilon avant d’y mettre le feu. Ils se sont ensuite emparés des deux résidences du maire pour les mettre à sac. Insatiables, ils ont mis le cap sur les services techniques vidés en quelques minutes de tous les dossiers qui ont été passés au feu sans oublier le bâtiment lui-même.
Dans l’incendie du marché lui-même, les flammes n’ont rien épargné, balayant tout sur leur passage, alimentées par le vent et les matières inflammables. Selon les mêmes sources, des commerçants sont tombés en syncope devant ce triste spectacle dans lequel ils ont perdu des millions de francs jusque-là dissimulés dans des sacs ou des canaris au détriment des coffres des banques de la ville. Un célèbre vendeur de produits cosmétiques auraient ainsi perdu jusqu’à 16 millions de FCFA.
Dans une interview accordée au journal Le Patriote ce jeudi 8 février 2018, le maire Traoré Lassina se défend de toute accusation. Il pointe un doigt accusateur sur des adversaires politiques. ‘’Il y a des esprits malins qui ont fait propager dans la ville l’information selon laquelle le maire que je suis aurait vendu le marché, tantôt aux libanais, tantôt aux chinois ou encore que j’allais prendre deux millions aux commerçants avant qu’ils occupent le site sur lequel ils allaient être recasés. (…) Comment un maire peut-il vendre une telle superficie de gré à gré ? Pour le faire, il faut forcément passer par le conseil municipal. De plus nous sommes sous contrat avec la Banque nationale d’investissement (Bni). La Bni a construit le marché depuis 1993. (…) On ne peut pas être lié avec quelqu’un par un contrat et vendre le marché. Cela est impensable. Cette idée provient de personnes qui veulent brûler Soubré. (…) En tant qu’homme politique et étant donné que les élections sont proches, nos adversaires pourraient profiter de la situation pour nous affaiblir », a répondu le premier magistrat de Soubré à nos confrères.
Toujours est-il que la tension y reste vive malgré les renforts des forces de sécurité venues des villes environnantes. certaines langues avancent que le maire récolte ce qu’il a semé quand il montait des jeunes contre l’ancien maire Kipré Pierre dont la résidence a été incendiée pendant la crise postélectorale alors qu’il avait été élu sous la bannière Rdr avant de tourner casaque.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
Les banques ivoiriennes n’inspirent tellement pas confiance que les gens en sont encore réduits à planquer leur pognon dans des canaris.