Les décennies passent et les thèses de Cheikh Anta Diop se confirment. Les premiers habitants de la planète terre ne pouvaient être que de peaux noires, originaires d’Afrique, berceau de l’humanité. « L’Égypte ancienne était nègre », ne cessait de marteler Anta Diop. Les résultats des travaux sur le squelette de Cheddar Man renforcent encore plus les thèses du célèbre anthropologue sénégalais décédé le 7 février 1986 à Dakar.
Par L’Obs
Le portrait du premier homme britannique vient d’être dévoilé par une équipe de chercheurs. Et il a de quoi surprendre. Connu sous le nom de « Cheddar Man », du nom des gorges dans lesquelles son squelette a été retrouvé, dans le sud-ouest de l’Angleterre, cet homme avait la peau noire, les cheveux noirs bouclés et les yeux bleus, comme l’indique le « New York Times ».
Le quotidien rapporte que l’homme aurait vécu il y a environ 10.000 ans dans la période mésolithique, au milieu de l’âge de pierre.
« Une reconstitution du visage de Cheddar Man, réalisée il y a seulement quelques années, le montrait avec les cheveux noirs, mais avec la peau plus claire et les yeux marrons », reconnaît Chris Stringer, directeur des recherches au musée d’histoire naturelle de Londres.
« « Il est très surprenant de voir qu’un Britannique, il y a 10.000 ans, pouvait avoir la peau très sombre et des yeux très bleus », explique-t-il à l’AFP. »
Ces découvertes ont été réalisées grâce à la combinaison de deux facteurs : la qualité de l’ADN prélevé, particulièrement bien conservé pour un squelette aussi ancien, et les nouvelles techniques de séquençage du génome, mises au point ces dernières années.
« C’est très inhabituel d’obtenir un ADN d’aussi bonne qualité », s’est réjoui la chercheuse Selina Brace, qui a percé un trou dans l’os temporal du squelette pour en récupérer une poudre et en extraire le matériel génétique.
« »Le squelette a été découvert dans une grotte. Les conditions y sont constantes, l’air est frais et sec, ce qui a permis d’éviter que l’ADN se dégrade. » »
Grâce aux informations obtenues, et à partir d’un scanner complet du crâne du squelette, deux modélistes néerlandais ont réalisé un portrait en trois dimensions, pour tenter de figurer à quoi ressemblait l’ancêtre des Britanniques.
Cheddar Man faisait partie d’une population de chasseurs-cueilleurs qui a migré depuis le Moyen-Orient vers le nord de l’Europe après la fin de la dernière ère glacière. Aujourd’hui, environ 10% de la population britannique blanche présente une ascendance liée à ces chasseurs-cueilleurs.
Son squelette est exposé au musée d’histoire naturelle de Londres. Interrogé par « The Independent », Ian Barnes, le directeur de recherche du musée, explique :
« »Pour moi, il n’y a pas que la question de la peau qui est intéressante. C’est surtout cette étrange combinaison de caractéristiques physiques qui lui confère une apparence que nous ne verrions sur personne aujourd’hui ». » « »Pas juste le mix entre la peau noire et les yeux bleus, mais aussi la forme du visage. Actuellement, vous ne croiserez aucun être humain qui ressemble à cela ». »
Le directeur des recherches au musée d’histoire naturelle de Londres, Chris Stringer explique, de son côté, que « bien sûr, nous savons qu’il y a eu des habitants ici depuis au moins un million d’années ».
« »Mais depuis la dernière ère glacière, il est le premier homme connu de cette période d’occupation constante de la Grande-Bretagne. » »
De nouveaux régimes alimentaires
Pour expliquer l’évolution de la couleur de peau de la population vers des teintes plus claires, le chercheur associe deux éléments.
« Nous savons que la couleur de peau plus claire est apparue au cours de ces 10.000 dernières années, avec l’invention de l’agriculture » et la modification des régimes alimentaires, plus pauvres en vitamine D, explique-t-il.
« Nous ne suggérons pas que Cheddar Man a évolué pour développer une peau plus claire, mais il y a eu des vagues de peuplement de personnes maîtrisant l’agriculture, et elles ont apporté avec elles le gène d’une couleur de peau plus claire. »
De quoi tordre le cou à certains stéréotypes. Alfons Kemmis, spécialiste des espèces mammifères éteintes, le souligne encore auprès de « The Independent » : « Les gens […] partent du principe que leurs ancêtres étaient comme eux. » « Cette nouvelle étude montre au contraire qu’ils étaient complètement différents et disposaient d’une configuration génétique distincte. »
M.C.
Avec AFP
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