Mutilations génitales féminines en Côte-d’Ivoire: Agnès Kraidy, Euphrasie Yao et Fatou Kéita dénoncent

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Agnès Kraidy

Ouattara Roxane

Tous les 6 février, est célébrée la journée mondiale contre les Mutilations Génitales Féminines. 20 ans après l’adoption de la loi en Côte d’Ivoire, Agnès Kraidy, journaliste, Euphrasie Yao Kouassi, ex ministre, et Fatou Kéita, écrivaine, réagissent.

Agnès Kraidy, Journaliste-Écrivain , présidente du Réseau des Femmes Journaliste de Côte d’Ivoire.

« Ces pratiques humainement et scientifiquement sont injustifiées »

« Le fait déjà qu’il existe une loi qui interdisse ces pratiques, c’est déjà une bonne avancée. Aujourd’hui, il y a des Organisations Non-Gouvernementales qui sont très impliquées dans les différentes régions de la Côte d’Ivoire,et qui sensibilisent les femmes, les parents les chefs traditionnels et religieux pour qu’on s’accorde sur un plan commun. Les mutilations génitales féminines sont injustifiées et très dangereuses pour la santé de nos filles. C’est une tradition qui a été à un moment donné pratiquée , cependant, jusqu’aujourd’hui, rien ne prouve scientifiquement ni même humainement que cette pratique soit acceptable ni même tolérable ».

Ephrasie Yao Kouassi, Coordonnatrice du Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire (COCOFCI), Conseillère spéciale du Président de la République, Alassane Ouattara, chargée du genre.

« Amplifier la tolérance zéro face à ce phénomène »

« En Côte d’Ivoire, on estime entre 30 et 40% les femmes qui sont victimes de mutilations génitales féminines. Ces pratiques dévalorisantes pour la femme bien que punies par la loi, sont encore ancrées dans nos us et coutumes. En cette journée, il nous faut comme une seule personne, nous lever et amplifier la tolérance zéro face à ce phénomène »

Fatou Kéita, Écrivaine engagée contre les mutilations génitales Féminines, Auteur de ‘’Cœurs Rebelles’’

« C’est désormais, la responsabilité des hommes »

« Il est temps d’en finir avec ces longs discours et passer aux actions concrètes. La balle est désormais dans le camp des hommes. Les femmes, elles se sont plaintes, elles ont fait des manifestations, elles ont écrit, elles ont déposé les couteaux. Il faut maintenant que les hommes rentrent dans cette lutte. C’est trop facile de dire que c’est un problème de femmes, l’excision est devenue un problème humain. Ce sont leurs femmes, leurs enfants qui se font mutiler. D’ailleurs, si dans un couple, le monsieur refuse la mutilation, il n’arrivera rien à sa femme ni à ses filles, et nous avancerons considérablement. Il faut qu’ils prennent leurs responsabilités en aidant leurs femmes, à faire arrêter ces massacres. Concernant les avancées, pour moi nous n’avons pas avancé du tout, c’est d’ailleurs une honte pour un pays comme la Côte d’Ivoire qui avance dans de nombreux domaines pour son développement, mais qui est encore à la traîne contre ce phénomène ».

Propos recueillis par Roxane Ouattara
Afrikipresse.fr

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