Charles Kouassi
Fondateur du journal Aujourd’hui, Joseph Titi qui a annoncé, il y a quelques semaines, le retour du canard, explique ici pourquoi il a fait le choix d’abandonner le format papier pour choisir le journal en ligne.
Vous avez publié un édito dans lequel vous annoncez le retour du journal Aujourd’hui. Sauf que c’est uniquement en ligne….
C’est exact, nous amorçons notre retour avec un site d’informations appelé aujourdhuinews.net. Nous nous sommes lancé ce nouveau défi en arrivant sur une interface qui n’est pas notre lieu habituel. Cela dit, l’on ne peut plus ignorer encore longtemps la réalité de l’internet : 30 millions d’usagers vivant en Côte d’Ivoire possèdent un téléphone cellulaire et rien que sur facebook, ce sont pas moins de trois millions de personnes qui naviguent chaque jour. Nous regardons donc l’avenir en face et nous nous adaptons.
Pour vous, c’est donc la fin du format papier…
Bien évidemment. L’économie de la presse papier est plutôt dans une situation d’impasse. Les imprimeurs ont du mal à s’approvisionner en papier parce que l’argent manque tandis qu’édipresse a du mal à faire son travail de distribution. Les revendeurs, eux, louent sans vergogne les journaux parce que cela leur rapporte de l’argent. Conséquence, l’éditeur n’a plus les moyens de faire face aux salaires des journalistes, ni à ses factures. Comment s’en sortir ? La publicité qui est le moyen économique le plus sûr s’est tellement raréfiée depuis de nombreuses années que ceux qui sont d’office éligibles se retrouvent eux aussi dans une situation de précarité… Bref, je ne dis pas que la presse papier n’a pas d’avenir. En revanche, certains paradigmes ont besoin d’être revus.
Comment allez-vous rentabiliser votre activité du moment que tout est gratuit sur internet?
Tout n’est pas gratuit sur le net. Médiapart a un vaste réseau d’abonnés…
Mais vous n’êtes pas Médiapart
Oui, je sais. En revanche, je voulais montrer que même sur internet la qualité se vend et est bien vendue. Mais comme vous le dites, nous ne sommes pas Médiapart même si nous allons également faire de l’investigation. Ceci dit, nous allons organiser des débats et ce sera cela notre spécificité. Tout d’abord la question d’actualité sous la forme de ce que le journal Aujourd’hui en papier faisait déjà, pour commencer. Parce qu’après, ce sera sur le modèle de ce que RFI sert à ses auditeurs dans son émission « Appels sur l’actualité ». Ensuite, il y aura « Le RDV politique » qui va faire parler tous les politiques du pays qu’ils soient élus, membres de la société civiles, leaders sociaux… Le dernier débat sera constitué d’un plateau rassemblant des gens à l’expertise avérée sur des sujets d’actualité. Son titre, du reste assez évocateur par rapport à ce que nous voulons est : La vraie info. Chaque jour, nous allons ainsi recevoir des spécialistes au regard des thématiques qui seront évoquées. Tous ces débats seront enregistrés sur des vidéos qui seront publiées à la fois sur le site et sur l’ensemble des réseaux sociaux.
Vous comptez sur le nombre de vues ?
Sur la qualité de nos sujets et de nos débats. Je sais que quand j’en parle, certains me regardent avec condescendance, d’autres avec compassion mais pour nous notre avenir se conjugue là où 30 millions d’acheteurs potentiels se pressent chaque jour.
Ce n’est donc plus tout à fait le même journal dont la tonalité caractéristique avait fait son succès qui revient ?
Ça c’est certain, le journal en ligne n’aura pas le ton militant de son devancier en papier. En revanche, plus que jamais nous allons contribuer
Par C.K
Afrikipresse
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