Par Tibeu Briga
Le faux a envahi l’espace public et politique ivoiriens. Le faux gangrène la société entière. Fausses accusations. Fausse justice. Fausse croissance. Fausse émergence. Fausse Commission électorale dite, ironie du sort, » Indépendante « . Ses membres sont tous issus du sérail Dramanesque. Placée sous la férule de l’inamovible gourou Youssouf Bakayoko, ce dernier fait la pluie et le beau temps. D’ailleurs tout se passe en famille car un de ses neveux, est devenu depuis ministre de quelque chose, il veille sur l’oncle dont le mandat a expiré depuis des lustres. Peu lui importe les durées des mandats; il fait à sa tête. Il sait également, qu’il vit dans une société fondée sur le faux où il n’existe pas de règle.
Fausses listes électorales avec des doublons, dénoncées en vain, en son temps par Monsieur Konan Banny. Faux découpage électoral. Proliférations de faux médicaments. Faux taux de participation aux élections organisées, alors que les télévisions du monde montrent des bureaux de votes déserts, les griots du régime sans vergogne annoncent des taux qui avoisineraient les 80 à 90 %. Création de fausse monnaie. Fausses distributions de pièces d’identité… Faux appels d’offres pour les marchés publics puisque ces marchés sont réservés au clan. Il convient donc de nuancer l’idée répandue, selon laquelle tous les ressortissants du Nord du pays, seraient complices des magouilles nauséeuses du pouvoir. L’usage de l’expression » rattrapage ethnique » participe alors du faux et masque la réalité. Ce terme induit les ivoiriens en erreur et jette les parents du Nord dans la détestation, au demeurant injustifiée, des autres ethnies avec lesquelles hier encore, la vie s’opérait en bonne harmonie.
Le pays vit dans les mensonges. Les propagateurs de ces faussetés, pris en flagrant délit d’inoculer le virus de la culture du faux, de la triche corruptive en Eburnie, tentent de dissimuler leur forfaiture dans de folles dépenses aussi somptuaires que faramineuses. Le régime endette le pays sans compter. Ces dettes seront remboursées par plusieurs générations. Les travaux d’apparat ostentatoire, du tape à l’œil, tels le métro ; les grands travaux supposés etc. en témoignent.
La déliquescence !
Le régime a créé une société déliquescente. Rappelons ses états de service considérés sans doute, comme ses réussites. Les mutineries à répétitions, les crimes de tous ordres, les braquages accompagnés de morts qui jalonnent le quotidien des ivoiriens l’illustrent. Fausses créations d’emplois claironnées à tout venant, alors que selon l’étude d’Afrobaromètre, chapeautée par le Centre de Recherche et de Formation sur le Développement Intégré (CREFDI), plus de 76% d’ivoiriens sont au chômage et 52% de pauvres. Le chômage a atteint sous ce régime, des sommets inégalés. Pour contrer cette évidence, le gouvernement de Ouattara a ramené, sans scrupule ce taux de 76 % de chômeurs à 2 % en moins de quarante-huit heures. Cet empressement pour rectifier un fait indiscutable par un grossier mensonge, confirme cette déliquescence et conforte l’ampleur atteinte par le faux. Malheureusement il ne pouvait pas en être autrement. Le pouvoir actuel d’Abidjan a été engendré en 2011 par le faux, le mensonge et la violence. Son dépositaire l’exerce et s’y maintient par les mêmes procédés.
Il se croyait à l’abri, donc insoupçonnable, intouchable et qu’il pouvait indéfiniment augmenter à son profit le fonds » dit » de souveraineté. Malheureusement la Lettre du Continent a mis à nu la supercherie.
Où en est-on avec la plainte contre La Lettre du Continent ?
La Lettre du Continent a révélé dans son numéro du 30 août 2017, N° 759, le vol qui s’opérait en sourdine sous la magnifique appellation de » fonds de souveraineté » d’un montant d’environ 350 milliards de francs CFA. Ce journal mentionne le rôle joué par la famille. Ainsi la gestion de ce pactole a été naturellement confiée à Birahima le petit frère de Dramane Ouattara. Une fois l’histoire de ce vol portée à la connaissance du public, le grand mamamouchi s’est énervé, a hurlé sa colère et a décidé de sévir. Traîner cette feuille de chou devant les tribunaux. On allait voir ce qu’on allait voir. En fait rien…. Cf. [Ouattara veut porter plainte contre » La lettre du continent » qui l’accuse d’avoir fait exploser son fonds de souveraineté. Par Aboubacar Yacouba Barma [La Tribune d’Afrique du 02/09/2017].
S’il s’était agi d’un journaliste ivoirien, son sort serait à jamais scellé. Non pas que le fait dénoncé ait été inexistant, mais, il aurait été accusé de calomnies, diffamation et insultes à satrape. Son journal interdit de publication et il passerait probablement quelques jours à la DST ivoirienne.
Les personnes censées porter cette plainte, ont craint d’être ridicules, car « La Lettre du Continent » n’affirme rien sans en détenir des éléments tangibles. Par ailleurs, les tribunaux à saisir se trouvent en Europe et les juges qui y siègent jouissent d’une relative liberté pour prendre leurs décisions. Tous ces petits zélés qui font la pluie et le beau temps, qui dictent aux « juges ivoiriens » les sanctions et condamnations à infliger aux adversaires politiques du pouvoir en place, peu importe que ceux-ci aient été ou non coupables, ont préféré rentrer dans leurs coquilles et la fermer à jamais. L’homme fort d’Abidjan veut bien montrer ses biceps, étaler sa force avec les faibles, mais de là à affronter un média international comme « La Lettre du Continent », il y a un pas à ne pas franchir.
Finalement, destinée à faire illusion, cette plainte s’est dégonflée comme un ballon de baudruche.
La justice ivoirienne, des prisonniers politiques condamnés à vivre sous perfusion de chantage.
Le droit pénal ivoirien a été adapté au contexte politique. Des condamnés à des peines de 20 ans et plus, sont exempts de mandat de dépôt immédiat. Le pouvoir a innové en créant des peines contre ses opposants dont l’exécution dépend de leurs comportements futurs. Dans cette catégorie, se trouvent Oulaï Hubert, accusé d’avoir assassiné des casques bleus à l’insu de son plein gré, les ministres Aké N’gbo, Désiré Dallo, d’avoir dans l’exercice légal du pouvoir d’Etat ouvert les comptes de la BCEAO pour le fonctionnement normal du pays, les voici condamnés à 20 ans de prison sans mandat de dépôt. Au moindre acte politique qu’ils poseront à l’avenir, l’exécution de ces peines prendra immédiatement effet. Les récentes condamnations du ministre Koné Katinan et du Président Koudou Gbagbo s’inscrivent dans cette logique d’autant que les sirènes de sa libération deviennent de plus en plu stridentes.
On ne compte plus les prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. Le pays, l’Afrique voire le monde en bruissent. Et pourtant Michel Gbagbo et le journaliste Laurent Despas du média Koaci sont condamnés pour l’avoir dit.
Ces condamnations représentent des moyens de chantage, des épées de Damoclès prêtes à être actionnées à tout moment dans un cadre illégal. Les juges aux ordres qui prononcent ces peines de complaisance, encourent l’infamie devant le jugement de l’histoire.
L’exemple du Congrès National Africain !
La comédie qui se déroule à la Haye s’essouffle. Les témoins importants, notamment ceux qui étaient désignés comme tels par l’accusation (Mangou, Kassaraté, M’bia et Detho), incapables de démontrer la mise en place d’une armée parallèle, pour éradiquer les ressortissants de la sous région et exterminer les dioulas de Côte d’Ivoire, ont quasiment blanchi le Président Gbagbo et son ministre au désespoir de la procureure.
L’hypothèse d’arrêter le procès et de libérer les deux otages -nouvelle certes réjouissante si elle était avérée – poserait néanmoins des problèmes biaisant l’histoire. Le Président Koudou Gbagbo est détenu injustement depuis sept ans. Il y a obligation d’entendre les témoins de la défense, afin de connaître l’origine des malheurs qui ont frappé notre pays depuis le 19 septembre 2002. Certains de ses opposants les plus farouches, qui ont contribué à cette sale besogne de sa chute et de son transfèrement ont recouvré depuis leur lucidité. Ils sont même allés à la Haye comme on va à Canossa…
L’éradication du désordre, du chaos et de la pauvreté qui sévissent dans la société ivoirienne, la recherche permanente d’une vraie réconciliation, devraient constituer les seules préoccupations. Malheureusement le pouvoir fait diversion en projetant d’organiser des élections locales. Accepter d’aller à celles-ci avec la CEI de Youssouf Bakayoko, comporte bien plus d’inconvénients, notamment pour le FPI tendance Sangaré/Gbagbo dont la plupart des leaders sont des détenus d’opinion c’est à dire des prisonniers politiques.
Nelson Mandela et ses camarades en prison, l’ANC participait-il aux élections en Afrique du Sud ? Non ! Cet exemple devrait être la voie pour le FPI tendance Sangaré/Gbagbo.
« Le mensonge dégrade la dignité de l’homme… » selon de Brueys, « le faux prend le masque du spécieux, et le spécieux celui du vrai » renchérit Boiste.
Tibeu Briga
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