Patience Dabany victime de la naïveté de ses communicants au Gabon ?

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Lu pour vous: Affaire « Despot housewives » à la Patience Dabany: de la naïveté des communicants africains

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Par Fidele Goulyzia

Le réalisateur Joël Soler fait encore parler de lui avec la sulfureuse série de portraits orientés sur les femmes d’autocrates et de dictateurs dans le monde. Il y a quelques mois, je m’offusquais d’une série de documentaires du réalisateur diffusé sur France Ô et mettant côte à côte les ex-compagnes d’Hitler, de Pol Pot, de Saddam Hussein, de Mussolini et l’ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo. Légèreté analytique, avais-je tonné.

Cette fois-ci, c’est la Gabonaise Patience Dabany qui est sous les feux de la rampe. L’ex-Première dame du Gabon et mère de l’actuelle président Ali Bongo se dit trahie par l’exploitation éditoriale qu’a fait la société de production de Soler de son interview-portrait réalisée en 2017 à Libreville. La charismatique chanteuse gabonaise est à l’initiative d’une procédure visant à obtenir de la justice française l’interdiction de la diffusion et de la commercialisation du documentaire incriminé. Un documentaire dressant le portrait peu flatteur de la « Mama » et programmé sur Planète+. Les avocats de la structure de production évoquent une « atteinte à la liberté de presse ».
Cette réaction après-coup est d’autant plus étonnante et frise l’ubuesque que le staff de la chanteuse estime que Patience Dabany a tout simplement été « induite en erreur » et que jamais la société de monsieur Soler ne lui a transmis le protocole de questions qu’elle avait exigé. Pourtant, Patience Dabany s’est prêtée jusqu’au bout au jeu, espérant en tirant une dividende médiatique puisque derrière la production de Soler, il y avait bien une grosse chaîne de distribution: Canal+ et tous ses clients.

Quelle naïveté de la part d’Edgar Gnonkeu et de son équipe qui ne sont pas pourtant nés de la derrière pluie du showbiz international. Je me demande si un jeune réalisateur gabonais aurait eu la même facilité qu’a eu Joel Soler à pénétrer les arcanes de la vie de l’ex-Première Dame. Tant que cela reste festif et pas sérieux, on peut toujours inviter les chaînes musicales qui distillent toute la frénésie abrutissante des tendances musicales urbaine. Avant la mère, Ali Bongo, le fils, avait été humilié de la sorte par un reportage de France 2 à qui le président gabonais avait ouvert les portes du palais du bord de mer pour un résultat contre-productif.

Cela me rappelle également ce numéro de Christophe Hondelatte « Passeport pour le crime » où un ancien chef rebelle ivoirien exhibait, toute honte bue, sa richesse acquise au moyen d’une sombre économie de guerre. Cette pitoyable propension des Africains à s’admirer dans le miroir de l’autre et surtout de l’Occident est une maladie congénitale que traînent tous les pouvoirs ou presque. Je ne suis pas communicant des Bongo. Je n’en rêve pas d’ailleurs. J’admire de loin l’engagement d’Ali Bongo à faire bouger les lignes malgré le lourd passif de son patronyme. J’admire également celui de sa fille Malika à imprimer à la jeunesse un leadership certes encore ingénu et tâtonnant. Mais le Gabon mérite mieux que ce genre de communications convenues qui tournent mal après.

L’erreur est humaine mais l’entêtement dans l’erreur est diabolique.

Fidelegoulyzia.wordpress.com

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