Alors que la sécurité alimentaire « se détériore rapidement » en Afrique du Nord et que certains pays d’Afrique de l’Ouest sont en situation de « crise alimentaire », de nombreuses ONG redoublent d’efforts pour permettre aux populations locales de se nourrir. C’est notamment le cas de l’ONG italienne COOPI et de Children of Africa, la fondation créée et présidée par Dominique Nouvian Ouattara.
La famine et l’insécurité alimentaire continuent de menacer l’Afrique. Dans son rapport 2017, publié le 19 décembre au Caire, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) affirme que la sécurité alimentaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient « se détériore rapidement » à cause des conflits.
« La prévalence de la sous-alimentation dans les pays en conflit de la région est similaire à celle des pays les moins avancés (PMA) du monde », s’alarme la FAO. La Syrie, l’Irak, le Yémen, le Soudan ou encore la Libye affichent des niveaux de sous-alimentation six fois plus importants que ceux des autres pays de la région.
Ces pays ne disposent pas de ressources suffisantes pour « éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable », selon la formule utilisée dans les Objectifs de développement durable (ODD), adoptés par l’ONU en 2015.
La situation en Afrique de l’Ouest n’est pas plus rassurante. La « Semaine du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest », qui s’est tenue à Cotonou en décembre dernier, a rassemblé les acteurs de l’agriculture et de l’alimentation de la sous-région : gouvernements, institutions, ONG, associations de producteurs et d’éleveurs. Ces derniers ont alors dressé un triste constat : malgré de nombreux programmes nationaux et des projets financés par les bailleurs pour éradiquer la sous-nutrition, celle-ci n’a pas disparu.
Le rôle crucial de la société civile
Un changement de perspective se révèle donc nécessaire : « Assurer la sécurité alimentaire, c’est permettre à chaque terroir de développer son véritable potentiel, ce qui lui permettra de gagner des revenus avec lesquels le terroir pourra se nourrir, même s’il n’a pas un potentiel agricole important. L’agroforesterie, ou bien l’écotourisme, par exemple, c’est un meilleur usage des ressources des terroirs, plutôt que de les obliger à faire des céréales qu’ils pourraient importer d’autres zones », a expliqué, à cette occasion, Nango Dembélé, ministre de l’Agriculture du Mali.
Afin de combattre efficacement l’insécurité alimentaire, la mobilisation de la société civile est également indispensable. C’est la conviction de COOPI, une ONG italienne qui a mis en place un ambitieux projet destiné à remonter la production agro-pastorale afin de promouvoir la diversification alimentaire dans la région du Lac.
Située en plein Sahel, cette région du Tchad est confrontée à une grave crise humanitaire depuis 2013, qui vient s’ajouter aux aléas climatiques et environnementaux. L’afflux des réfugiés nigérians et des déplacés tchadiens fuyant les attaques de Boko Haram depuis 2015, accentue également la vulnérabilité de la population de la région, qui affiche un alarmant taux d’insécurité alimentaire de 35 %.
L’ONG COOPI souhaite contribuer à augmenter le pouvoir d’achat et la résilience des activités agro-pastorales dans les trois cantons de la région du Lac. Pour cela, l’ONG distribue à la population « des intrants pour la culture fluviale et les maraîchers ainsi que les outils agricoles ».
L’éducation favorise la sécurité alimentaire
Non loin de là, en Côte d’Ivoire, la fondation Children of Africa, créée et présidée par la première dame du pays, Dominique Nouvian Ouattara, multiplie les efforts pour réduire la vulnérabilité des communautés ivoiriennes et africaines en leur fournissant une aide en matière de sécurité alimentaire.
En novembre dernier, la fondation a inauguré la cantine scolaire de Ponvogo, village situé à quelques kilomètres de la ville de Korhogo, et remis 350 kits scolaires aux élèves des villages de Famagaha, Nition, Sèguelè, Blawara et Ponvogo.
Soro Yacouba, directeur de l’école primaire publique de Ponvogo, n’a pas caché son émotion : la cantine « permettra aux enfants de rester sur place à midi après les repas et d’étudier, car à la descente pour le repas de midi ces enfants s’en vont à la maison, mais reviennent en peu de temps parce qu’il n’y a rien à manger », a-t-il déclaré.
De son côté, le sous-préfet de Koni a rappelé que l’acquisition de la tenue et des manuels scolaires constituent souvent un obstacle pour les familles souhaitant envoyer leurs enfants à l’école. Il a ainsi félicité les donateurs tout en les encourageant à accompagner la politique du président Alassane Ouattara et du gouvernement pour l’école obligatoire des enfants de 5 à 16 ans.
Depuis des années, la FAO insiste sur le lien fort existant entre éducation et amélioration de la sécurité alimentaire. L’organisation encourage ainsi la promotion de méthodes éducatives comprenant la dimension de production durable et écologique de l’alimentation, la diffusion des connaissances des communautés et le soutien technique aux familles paysannes.
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