Mont Péko Côte-d’Ivoire: Déguerpis par l’État de leurs terres, 24 villages interpellent le gouvernement

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Ce qu’ils souhaitent

Rien ne va plus dans les villages riverains du mont Peko. Nombreuses sont les populations des villages des cantons tahouake, le bayedan, du département de Bangolo, qui font les frais de la nouvelle délimitation du parc du mont Peko et ce, depuis mi 2016. Ces populations, pour la plupart autochtones sont issues de 24 villages desdits cantons. Aujourd’hui, ce sont des milliers de familles qui se voient dépourvues de leurs terres. Face à cette situation, l’ONG ORIPARC (Organisation des riverains du parc du mont Peko), qui multiplie les actions, a tenu une réunion avec les chefs des villages concernés le samedi 20 janvier dans le village Goénié Tahouake (environ 30km de Bangolo).

Serge Djea, président de ORIPARC qui avait à ses côtés OulahTah, président de l’ONG CODEPARC (comité de défense du parc), fait l’historique de cette situation. « Cela fait bientôt plusieurs mois que nos parents ont été déguerpis de leur terres. Nos grands-parents sont nés sur ces terres et y ont vécu pendant plusieurs années. Le parc du Mont Peko est la propriété des wê précisément des Guéré. En février 1968, un décret a été pris en conseil de ministre pour classer 34.000ha de nos terres. C’est ainsi que cette portion devient le parc National du Mont Péko. En 74 une nouvelle limite a été tracée par un exploitant forestier, du nom de GOUE, d’où la limite Goué. Elle s’étendait jusqu’au-delà de la rivière Minhin (GoenieTahouake). Et c’est cette limite que les parents ont respecté jusqu’à ce jour. Pendant la crise le mont Peko a été pris par des envahisseurs qui ont exploité abusivement ces terres. Récemment en 2014, une autre limite a été tracée par l’OIPR. Après le tracé de 2014, en mi 2016 nous assistons à un autre tracé qui dit respecter la limite Goue de 74 qui remmène la limite à la rivière Minhin. C’est depuis cette date que cette rivière devient la limite naturelle entre le mont Peko et les villages riverains. C’est donc cette dernière délimitation qui est à l’origine de tous ces déguerpissements en masse », relate-il. Pour Serge Dea, cette dernière délimitation est venue créer un dysfonctionnement social dans plusieurs villages et au sein des populations riveraines.

« Pendant plusieurs décennies nos parents ont vécu et travaillé sans craintes et sans gêne. Mais voilà que depuis plusieurs mois, ils sont dégagés de leurs propres terres les laissant ainsi dans la désolation totale. Où iront ces parents, qui sont nés ici et qui y ont passé toute leur vie. Depuis 1968 que le mont Peko a été classé pourquoi c’est en 2016 qu’on fait des contrôles. Le peuple wê ne peut pas être apatride sur ces propres terres », martèle le président de ORIPARC, fils de GoenieTahouake.

Les répercussions

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Ce sont au total 24 villages dont 17 du canton Tahouake qui ont été touchés par ce dernier tracé. Si certains ont seulement été chassés de leur plantations d’autres ont vu les siennes brûlées. Des villages scindés en deux, d’autres rasés. C’est le cas du village de Bouobly Tahouake à quelques Km de Goenie Tahouake qui a vu une partie du village rasée complètement par les agents de l’OIPR en décembre dernier. « Nous n’étions pas au départ pris en compte par le déguerpissement. Récemment les agents de l’OIPR nous ont dit que cette partie de notre village fait partie du dernier tracé, car la limite Goue selon eux n’a pas été respectée. Donc nous sommes obligés de déguerpi. Cette partie (la partie droite en allant au village) a été complètement rasée et brûlée dans certains endroits (voir Photo). Heureusement que nous avons prévenu nos administrés à temps. Ce qui nous a permis de les recaser. Mais nous N’avons pas eu de soutient ni d’appuis. Ce sont une centaines d’habitations et de commerces qui ont été détruites », nous raconte Goue Bruno, chef de village de Bouobly-Tahouake. TohJean, 86 ans habitant à Dioouzon2, père de 8 enfants ne sait toujours pas remis de cette situation. « J’ai un champ de 4ha de cacao qui a été dévasté. C’était ma principale source de revenues depuis belle lurette. Je me meurs et je n’avais que ça pour m’occuper de ma famille. Aujourd’hui j’ai deux enfants en classe de 3e à Bangolo qui ont été renvoyés faute de scolarité. Nous ne mangeons plus à notre faim et sommes livrés à nous même », dit-il en pleurant. Goh Jeannette, de GoenieTahouake, TaheGuei de Dihebly vivent dans la misère depuis leur déguerpissement de leur terres. Le hic, c’est que tous ceux qui essaient de regagner leurs plantations sont mis aux arrêts et payent des amendes. « J’ai mon neveu qui été arrêté parce qu’il il voulait aller cultivr dans notre champ. Pour le libérer sa caution nous a coûtée 200.000 fcfa. Nous avons faim et comme nos plantations sont nos principales sources de revenus, nous partions souvent pour prendre de quoi nous nourrir mais avec cette histoire d’amende, nous sommes perdus. Nous vivons le martyrs et ce depuis plusieurs mois », raconte Tahe Guei. Toutes ces populations expulsées des plantations qu’elles défrichent depuis leur tendre enfance sont livrées à elles même et attendent que réparation soit faite.

Le cri de cœur des riverains

Au nom des populations riveraines des 24 villages touchés par cette nouvelle limite (2016) le chef de tribu, Doumbia Soumailla soutient que les riverains du mont Peko sont les propriétaires terriens dudit parc et qu’ils ont été victimes de leur hospitalité légendaire d’où tous ces problèmes. Pour lui, toutes les trois tribus touchées par ce problème se reconnaissent dans la limite Goué, celle de 74. Mais, cette limite n’est jusque-là pas définie et n’a jamais été suivie. « Nous nous reconnaissons dans la ligne 74, celle de Goué. Nous ne demandons pas de déclasser le parc, mais nous souhaitons que cette ligne soit rectiligne et bornée. Nous voulons être consultés pour prendre part au tracé. Nous souhaitons aussi que pour ne pas mettre à nue la cohésion sociale, il faut que les parents en attendant que cette ligne soit bornée regagne leur champ. Ce sont des pères de familles qui ont tout perdu. La terre est la seule chose qu’ils maîtrisent et c’est ici qu’ils ont tout fait », déclare-t-il. Abondant dans le même sens, Serge Djea, président de ORIPARC dira qu’avec la démographique galopante, il n’y a plus de terre disponible, c’est pourquoi appelle-t-il l’État à s’imprégner de cette situation en laissant les populations riveraines regagnées leur terres en attendant le bornage. Aussi, dira-t-il que si les populations doivent quitter, que l’État prévoit des mesures d’accompagnement pour les riverains afin qu’ils puissent subvenir aux besoins de leurs familles. « Les parents ont pour la plupart tout perdu. Leur terre c’est ce qu’ils ont toujours eu. Aujourd’hui, ils sont livrés à eux même depuis que cette nouvelle limite leur met hors de leur terre. Nous demandons à Mme le ministre de la solidarité à l’État de Ci de penser à ces pauvres riverains, ces pères de famille qui ne savent plus à quel saint se vouer. Que l’État les réintègre et les dédommage s’ils doivent quitter. Ce sont plusieurs milliers de familles qui sont entrain de nourrir de faim depuis plusieurs mois. Cela peut mettre en mal la cohésion sociale et le vivre ensemble. Les yeux de ces milliers pères de famille sont rivés sur le chef de l’État. Le peuple wê compte sur lui », a-t-il demandé.

Pour rappel, retenons qu’avec une superficie de 34.000ha le mont Peko a été classé en 1968. Pendant la crise, la foret fut envahie par des clandestins armés. Elle a subit 4 délimitations. Le premier tracé en 68, le second en 74 (la limite Goué), en 2014 et celui de 2016 qui est à l’origine de ce déguerpissement en masse. En attendant que l’État réagisse.

Notons enfin que ce sont 24 villages qui sont interdits d’accès à leurs plantations depuis plusieurs mois.

DBM

(District des montagnes)
Photo : les riverains du mont Péko attendent une action concrète de l’État de Côte-d’Ivoire
La carte du Mont Péko

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2 réflexions au sujet de “Mont Péko Côte-d’Ivoire: Déguerpis par l’État de leurs terres, 24 villages interpellent le gouvernement”

  1. Dommage
    Donc c est pas seulement les burkinabés qui sont dans les forêts classées !!!!!!!!

  2. Le bhétépack a faim … après le départ de nos frères de Sindou sécurisés dans le temps par Amadé Ourémi contre les meutes de pilleurs de récoltes des gens !!!

    krrrr krrrr…

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