Par Connectionivoirienne.net
(Gagnoa-Oumé) – La bataille des frères ennemis Guikahué et Bagnon aura lieu
Pourquoi le président sortant a déjà annoncé sa candidature
A peine les élections régionales annoncées que ça bouillonne déjà dans les états-majors des potentiels candidats. A Gagnoa, chef-lieu de la région du Gôh, la bataille pour le contrôle de la région a commencé et elle atteindra son paroxysme à mesure que l’on approchera de l’échéance.
C’est connu. L’actuel secrétaire exécutif du Pdci-Rda Maurice Kacou Guikahué et son ‘’frère’’ Djédjé Bagnon, un autre baron du vieux parti, ne se supportent pas du tout. Pourtant dans la hiérarchie du Pdci, le premier (Guikahué) est le patron du second (Bagnon). Mais ça s’arrête là entre les deux hommes que tout oppose.
C’est Julien Konan, directeur de cabinet du président du conseil régional du Goh, un très proche de Djédjé Bagnon qui a prématurément (le 14 janvier 2018) annoncé la candidature de son patron sur sa page Facebook, déchaînant ainsi les passions. « Élections régionales 2018. Pourquoi le président Djédjé Bagnon est candidat à sa propre succession ? Quel est son bilan à la tête du conseil régional du Goh de mars 2013 à 2018 ? Chers frères et sœurs du Goh nous vous ferons le point des actions du président Bagnon dans les 14 sous-préfectures et les 05 communes de la région village par village y compris les campements avec les images des réalisations et les montants en investissement, également dans le domaine social. Nous n’avons pas la prétention de vous dire que tout a été fait mais nous vous apporterons la preuve de ce qu’il a pu faire et vous en jugerez. Merci et à bientôt », a-t-il posté.
Une publication qui a plutôt accueilli les faveurs des commentateurs qui reconnaissent à l’unanimité le travail abattu par celui qui se fait appeler également chef de province. Seulement la sortie de M. Konan relève d’une stratégie qui tend à couper l’herbe sous les pieds des potentiels adversaires de son patron aussi bien qu’elle semble se démarquer de la démarche habituelle du Pdci. Jusque-là, le doyen des partis politiques choisit ses candidats au sein d’un comité restreint qui reçoit les dossiers de tous les prétendants quitte au comité de retenir les sortants ou de les remercier après une sélection suivant des critères qui lui sont propres.
Face à l’adversaire, le camp Guikahué a choisi pour l’instant de ne pas répliquer. Toutefois, c’est un secret de polichinelle que l’ancien ministre de la Santé de Bédié nourrit les ambitions d’être la tête de liste de son parti dans le Goh. Ce, après avoir remporté haut la main, les législatives dans la sous-préfecture de Gagnoa en décembre 2016. Il a toujours minimisé la capacité de nuisance de Djédjé Bagnon qui bénéficie d’un capital-sympathie d’une bonne frange de la population, notamment en zone rurale où son nom est associé assidument aux cérémonies de bienfaisance. Le camp Guikahué qui reste serein face à l’adversité, possède une arme fatale qu’elle entend utiliser en temps opportun pour anéantir les derniers espoirs du vieux Djédjé Bagnon. C’est que, selon nos sources, M. Bagnon, après une douce pression sur les autorités préfectorales aurait finalement arraché son arrêté de nomination en qualité de chef de province. Une distinction honorifique (parce que n’existant pas dans la nomenclature de l’organisation coutumière Bhété) et qui fait de lui le chef des chefs de la région. Selon un proche de Guikahué, une telle distinction barre la route au multimillionnaire Djédjé Bagnon qui ne pourrait, suppose-t-on, se prévaloir de la qualité de chef traditionnel et s’immiscer dans les affaires politiques. Mais mieux, ce proche indique que le Pdci aurait décidé de ne pas enrôler les chefs coutumiers ou traditionnels pour briguer des postes politiques.
Autre argument, les adversaires de Bagnon, notamment le député Pdci d’Oumé, Body Théodore évoquent un accord secret qui aurait été passé avant les régionales de 2013. Cet accord d’après lui, stipulait que cette année il reviendrait à un cadre d’Oumé deuxième département de la région de briguer le conseil régional avec le soutien des cadres Pdci et Rdr de Gagnoa. Une sorte de présidence tournante. Pour Julien Konan, un tel accord n’a jamais été signé et son patron n’a jamais été associé à un tel projet. Cet accord, soutient-il, n’existerait que dans l’esprit de ses concepteurs. Mieux pour les supporters de Bagnon, le développement de Gagnoa n’est plus l’affaire d’un parti politique mais de tous ceux qui pensent à l’essor de la région. Aussi seraient-ils disposés à accueillir favorablement la constitution d’une liste indépendante regroupant toutes les sensibilités sociopolitiques autour de M. Bagnon, le seul qui ‘’nous a donné le goût du développement’’, selon un commentateur.
Selon des sources dignes de foi, Le Cojep, le parti politique de Charles Blé Goudé fils de la région, détenu à La Haye, aurait été approché et intéressé par le président sortant. Lequel n’est plus ni un pourfendeur, ni un ennemi des cadres et militants Fpi de la région. Certains de ses aspirants pourraient alors faire bon ménage avec lui car le parti de Laurent Gbagbo dont les départements d’Oumé et Gagnoa demeurent un bastion n’a pas encore confirmé sa participation à visage découvert.
Et la guerre Guikahué-Bagnon qui aura lieu risque d’affaiblir le Pdci, voire le Rhdp au profit d’un 3e larron encore dans le starting-block.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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