Invité d’honneur de la sortie officielle de la plateforme sociopolitique de jeunes intellectuels ivoiriens, dénommée « Les Avertis », le journaliste-écrivain et lanceur d’alertes André Silver Konan a entretenu l’auditoire sur le thème : « Contribution de la jeunesse intellectuelle, pour des élections sans crise en Afrique ». C’était le samedi 13 janvier 2018, au centre Andrew Young d’Abidjan-Plateau.
Le débat a été ouvert, franc et sans langue de bois. Pour une première sortie, les jeunes intellectuels ivoiriens « Les Avertis » dont le président est le médecin-écrivain Breece Tindji, ont marqué un grand coup. La conférence animée par André Silver Konan n’a pas laissé la place à la langue de bois.
Se saisissant du cas de la Côte d’Ivoire, l’ancien prix Norbert Zongo du journalisme d’investigation a, une fois de plus, dénoncé le caractère partisan de la commission électorale. « Nous avons une CEI dominée par les partis politiques et les institutions de la République. De fait, la commission centrale de la CEI compte 17 membres. Quatre pour la mouvance présidentielle, quatre pour l’opposition, quatre pour la société civile et tenez-vous bien, cinq au titre des institutions de la République, notamment la présidence. L’on dira mais c’est équilibré entre partis politiques ? Que non ! Puisque les cinq représentants de l’administration qui ont voix délibérative, comme les autres, rendent compte directement à ceux qui les ont mandatés, à savoir les membres de l’Exécutif. Mais ceci est une erreur que commettent toujours nos dirigeants en Afrique et cela les rattrape toujours. Ils adaptent les lois, à leurs intérêts politiques du moment. Seulement voilà, demain, quand l’Exécutif changera de camp et de couleur, le nouveau pouvoir nommera de nouveaux représentants au titre de l’administration et l’actuel pouvoir à qui cette disposition avait profité, et qui sera alors dans l’opposition, criera au complot », a démontré ASK.
Pour lui, « le jeune intellectuel averti peut et doit militer pour des commissions électorales véritablement indépendantes en Afrique. Il doit profiter de toutes les occasions qui s’offrent à lui, pour réclamer cela aux dirigeants. Cela passe par la nomination de personnalités véritablement indépendantes à la tête des commissions électorales ».
Le journaliste-écrivain a lancé un vibrant appel à la jeunesse africaine, afin qu’elle passe à l’action : « Nous sommes au 21è siècle, nous sommes jeunes, nos parents nous ont mis à l’école, nous avons même fait de longues et brillantes études. Nous avons le choix entre nous taire et regarder ceux qui sont restés bloqués au 20è siècle et tout ce qui va avec, à savoir mauvaise gouvernance, mauvaise appréciation et application de la démocratie, corruption, népotisme, etc. ou nous organiser pour prendre en mains notre destin et surtout celui de nos enfants ». Ajoutant : « Jeune intellectuel africain, quel que soit le pays dans lequel tu te trouves, ne laisses plus les autres décider de ce qui est bien et bon pour toi, parce que s’ils pensaient davantage à toi, tu ne serais pas, à l’heure où nous tenons cette conférence, en train de te jeter sur les routes incertaines du Sahara, pour tenter de traverser les eaux tumultueuses de la Méditerranée, où au mieux, tu tomberas entre les mains de milices esclavagistes en Libye, au pire tu connaîtras une mort atroce sur des bateaux de fortune voguant désespérément vers un eldorado trompeur en Europe ».
André Silver Konan a conclu son exposé en martelant : « allez dire aux politiciens qui ont jusque-là royalement méprisé la jeunesse, que les futures pages de l’histoire de la Côte d’Ivoire (en 2020), du Mali (cette année même), de la Guinée, du Togo, du Congo, du Burkina, du Zimbabwé, etc. ne s’écrira pas sans les jeunes. Parce que le temps où nous contentions de peu, est révolu. Tout le monde est averti ! ».
Plusieurs prix ont été décernés, au cours de cette rentrée solennelle. Les Avertis ont prévu plusieurs manifestations, au titre de l’année 2018, dont des séminaires de réflexions et des dons.
A 100%, j’épouse la notion selon laquelle l’histoire ne s’écrira pas sans les jeunes dans nos pays. Déjà en 2020 nos jeunes frères et soeurs nés en 2000 pourront faire la différence. Nous sommes en plein 21ème siècle comme nous le disons, les formations politiques qui ne font leur mue et restent prisonnières des années 80 et 90 paieront très très chers cettte insouciance, voire cette inconscience.
Maintenant, parlons du point qui déchaine les passions : la CEI. Le conférencier mentionne nommément et décrie les 5 représentants d’institutions comme étant problématique car craignant la main-mise de l’Exécutif. Certainement, l’on peut réduire ce nombre. Certainement. Mais en définitive cela reste cosmétique si un mec disons Président Petit Digbeu ou Kouakou-kan voudrait faire un passage en force. Deux raisons motivent mon point :
De un, la CEI joue un rôle purement de comptabilité. Elle centralise les décomptes effectués dans les bureaux où typiquement les candidats sont représentés et ces décomptes sont faits en leur présence. En fait, tout parti peut faire dans son QG exactement ce que la CEI fait. Exactement ou bien ? J’insiste exactement. Aujourd’hui AUX 21EME SIECLE AVEC TOUTES LES NTICS ET CAMERAS, PLATEFORMES SOCIALES, Kouakou-kan iu Petit Digbeu devrait être très peu malin pour essayer de tricher ainsi.
Par contre, de deux, voici où le conférencier démontre sa frêle compréhension des enjeux réels à tout scrutin. Il n’est ni concerné par la CC, ni par son rôle unique, irremplaçable et sans appel. Oui, l’on peut avoir une CEI « equilibrée » – selon la définition d’équilibre que chaque parti se donne – comme au Kenya ou ailleurs mais la CC valide ces décomptes. Donc, comme à l’habitude de nos Africains, ils ne voient jamais le « big picture » et se battent et font du bruit toujours pour les détails.
En définitive, un parti d’opposition responsable ne saurait boycotter ces élections à cause de la CEI. C’est de la pure diversion de poltrons qui voient une râclée se profiler.
C’est un vrai faux problème. Cette CEI que nous pourrons bien entendu « équilibrer » bientôt n’a même pas pu « sauver » Safiatou et Ngoran.
Non, arrêtons de nous faire peur, on n’est pas en 1990. Si le FPI gagne toutes les 10 mairies d’Abidjan et celles de l’Ouest, cette CEI n’y pourra rien…
Allez…
Plutôt lire : ….Affoussiata…