« Les sommets UA-UE se succèdent sans accoucher de solutions pertinentes… », estime Yasmina Ouégnin

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Dans une tribune que nous reproduisons ci-dessous, la parlementaire ivoirienne Yasmina Ouegnin donne sa vision des relations entre l’Afrique et l’Europe, à l’occasion du 5ème sommet UA-UE des 29-30 novembre 2017 à Abidjan .

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Tribune (*) «Vers un nouveau paradigme des relations Afrique – Union Européenne. » Par Yasmina OUEGNIN (**)

1 Les 29 et 30 novembre 2017, les projecteurs seront braqués sur les rives de la lagune Ébrié. Et pour cause ! Plusieurs dizaines de Chefs d’Etat et de Gouvernement se réuniront, à ces dates, à l’occasion du 5ème Sommet Union Africaine-Union Européenne. Cette rencontre se tiendra pourtant dans un contexte international particulier marqué, d’une part, par des revendications indépendantistes en Europe et, de l’autre, par des mouvements protestataires réclamant plus de démocratie, de justice sociale et d’équité notamment dans les rues de Guinée, du Togo, du Zimbabwe, et des scrutins contestés au Kenya, au Libéria, sans oublier la République Démocratique du Congo, où, de report en report, les élections générales se font cruellement attendre depuis décembre 2016. À ce tableau, il nous faut malheureusement ajouter les sanglantes incursions des mouvements djihadistes qui, quoique sporadiques, s’étendent sur toute la bande subsaharienne et les violentes attaques terroristes qui endeuillent régulièrement nos deux continents. Par ailleurs, comment ne pas relever la triste et révoltante situation des jeunes migrants africains qui paient quotidiennement de leur vie la traversée clandestine et éprouvante du Sahara et de la Méditerranée, devenus, tous deux, d’immenses mouroirs pour tous ces bras valides de notre continent. Depuis janvier, plus d’un millier de migrants ont péri au milieu de l’océan, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Pourtant, tous les indicateurs macroéconomiques annoncent une croissance continentale moyenne de l’ordre de 5% sur les dix dernières années, faisant ainsi de l’Afrique, une terre à fort potentiel, promise à un bel avenir. Qu’attendre donc de cette énième rencontre de haut niveau face à des statistiques « aussi réjouissantes » ? Le thème retenu pour les travaux d’Abidjan est « Investir dans la jeunesse pour un avenir durable ». Vaste programme ! Aurions-nous finalement compris que notre destinée commune et durable est intimement liée au sort fait à la jeunesse ? Quelle part nos politiques publiques assument-elles dans la construction et la consolidation de notre bel avenir ? Quelle partition l’Union Européenne peut jouer pour, en dehors de toute coercition ou érection de vaines fortifications, contribuer à emmener nos jeunes à rester, à vivre et à travailler au pays ?

2 L’heure semble être venue de faire le bilan de cette coopération multilatérale qui s’exprime à travers une stratégie commune adoptée en 2007, qui, depuis lors, gouverne les relations entre l’Afrique et l’Europe. A nos yeux, cette stratégie ne fait que perpétuer la logique dirigiste des Pères fondateurs de l’Union Européenne, dont le plus illustre, Robert Schuman, déclarait urbi et orbi : « L’Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l’une de ses tâches essentielles : le développement du continent africain ». Cette assertion traduisait, de fait, la nécessité pour les Européens de se donner « bonne conscience » en faisant prévaloir une solidarité entre l’Afrique et l’Europe, deux continents ayant des liens historiques, linguistiques et qui sont le prolongement géographique naturel l’un de l’autre. Cette étroite proximité aurait dû normalement créer des obligations et des devoirs communs, l’un et l’autre ayant, en ce troisième millénaire, l’impérieuse exigence d’affronter, en synergie, les nombreux défis démographiques, économiques, énergétiques, environnementaux et sécuritaires qui se présentent. Malheureusement, force est de constater les limites, sinon l’échec, de cette approche paternaliste, notamment, à cause de la méconnaissance mutuelle des dynamiques et problématiques internes propres à chacune des aires géographiques. Résultats : • On se retrouve avec un système éducatif calqué sur un modèle colonial qui n’a pas assez valorisé les richesses et les valeurs culturelles africaines ; • On observe un système de prédation de « l’aide au développement » qui a considérablement ralenti, pendant des décennies, les programmes Santé, Education, Emploi et annihilé dans bien des cas, les perspectives de mieux-être de millions d’Africains ; • On aboutit à des vagues migratoires meurtrières que ni l’Europe ni l’Afrique ne semblent capables d’endiguer. Autant de constats désarmants qui soulignent une réelle difficulté structurelle de nos gouvernants à amener la jeunesse africaine à se prendre en charge et à aspirer à un meilleur avenir ici, en Afrique, plutôt que de céder au chant des sirènes en se laissant tenter par le « mirage européen ». Au-delà du faste des grandes rencontres au sommet, il urge que nous, jeunes leaders d’opinion, travailleurs, étudiants et migrants mettions en commun notre proximité générationnelle pour changer de paradigme et impulser un véritable changement et un nouveau modèle. Une approche qui prenne plus en compte les aspirations légitimes de notre jeunesse, qui impose à nos dirigeants le devoir de rendre des comptes là où ce qui est attendu d’eux tarde à éclore.

C’est en promouvant la participation et l’adhésion des couches sociales, à la définition du projet de société dans laquelle elles entendent s’épanouir, que les actions entreprises pour y parvenir pourraient enregistrer les résultats escomptés.

Que 3 les sommets ne se succèdent donc plus s’ils n’accouchent pas de solutions pertinentes pour les jeunes qui constituent jusqu’à 70% de la population dans certains de nos pays africains. De même qu’il est demandé aux Etats développés d’allouer 2% de leur PIB à l’aide au développement, de même suggéreronsnous qu’une part du Fonds Européen pour le Développement soit allouée à des initiatives en faveur des jeunes, notamment en matière de formation, d’entrepreneuriat et d’emploi. Il n’y a que par de telles mesur es, concrètes et ambitieuses, que nous parviendrons à réduire de manière drastique le contingent démesuré de jeunes Africains errant dans le désert ou agglutinés dans des rafiots poussifs à la recherche d’un introuvable eldorado européen. Et comme l’hist oire a démontré que les grandes causes ayant été portées par des femmes ont été menées avec succès, j’en appelle à la mobilisation de toutes les femmes africaines et européennes pour « relations entre nos deux continent s. porter » ce saut qualitatif dans les J’y adhère et, pour y parvenir, je m’engage, pour ma part, à mobiliser, à travers un plaidoyer, les parlementaires, leaders d’opinions et gouvernants de part et d’autre de la Méditerranée.

(*) Cette contribution est parue dans le numéro spécial de la Tribune Afrique éditée exclusivement pour le sommet UE-UA ; www.latribuneafrique.com

(**)Députée de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire

Le titre est de Connectionivoirienne.net

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1 réflexion au sujet de « « Les sommets UA-UE se succèdent sans accoucher de solutions pertinentes… », estime Yasmina Ouégnin »

  1. L’approche paternaliste des relations Europe – Afrique, n’a pas donner des résultats probants pour des raisons diverses, mais j’attendais de l’honorable Yasmina Ouégnin qu’elle nous propose un schéma innovant qui engage fortement les pays africains. Ce qui n’est pas le cas puisque sa proposition maintient toujours les pays africains dans un rôle d’assisté, en suggérant par exemple qu’une part du Fonds Européen de Développement soit allouée à des initiatives en faveur des jeunes en Afrique.

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