Nord de la Côte-d’Ivoire: Excursion à Tongon, le « pays de l’or » (REPORTAGE)

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Roland KLOHI

Une fois à Korhogo, la plus grande ville du Nord de la Côte d’Ivoire, il faut encore parcourir 60 kilomètres de piste pour rejoindre la mine d’or à ciel ouvert de Tongon exploitée par la multinationale Randgold Resources, qui a produit quatre tonnes au premier semestre 2017.

Au total, depuis Abidjan, la capitale économique ivoirienne, il faut venir à bout de quelques 700 kilomètres, pour rallier la mine de Tongon.

Un parcours routier tantôt aisé d’Abidjan à Yamoussoukro (capitale politique), tantôt délicat de Yamoussoukro à Katiola (Centre-nord), voire très délicat de Katiola à Korhogo, tant les nids de poule omniprésents ont parfois des allures de cratères lunaires.

La mine de Tongon

A l’entrée de la mine, il y a un check-point. Il faut impérativement se désinfecter les mains avec du gel antibactérien puis faire répertorier minutieusement par les vigiles tout matériel (électronique ou autres).

A environ 1,3 km de là, les imposantes installations minières s’offrent au regard. Et le bruit sourd des machines, à l’ouïe.

La mine se veut respectueuse de l’environnement. Il est formellement défendu de faire le moindre mal à toute espèce animale rencontrée en chemin.

Consigne valable pour les crocodiles qui vivent dans le magnifique et vaste lac à l’eau calme et cristalline, créé par Randgold pour l’approvisionnement en eau de la mine.

Le premier contact entre Randgold et la localité de Tongon a eu lieu en 1996, mais la production d’or n’a démarré qu’en 2010.

Sept ans et des centaines de milliers d’onces plus tard, Tongon a remporté trois fois le prix de la meilleure mine en Côte d’Ivoire et reversé 520 milliards FCFA à l’Etat ivoirien, à ses fournisseurs et sous-traitants locaux.

Le village de Tongon

Deux couleurs se distinguent nettement dans le paysage de Tongon : le vert de la végétation et l’ocre de la terre.

En 1996, quand Randgold foulait la terre de Tongon, le village ne comptait que 200 personnes. En 2017, les habitants sont plus de 4.000.

Au village de Tongon qui se trouve à environ cinq kilomètres de la mine, tout ou presque respire Randgold. Ecoles, maternité, dispensaire, boucherie, hydrauliques villageoises améliorées… tous portent l’inscription « don de Randgold ».

Randgold affirme avoir investi à Tongon (et aussi dans les sept villages environnants) 4,78 milliards FCFA de 2008 (date du début de la construction de la mine) à 2017.

Outre ces investissements, des centaines de jeunes de Tongon et des villages voisins ont eu du travail à la mine.

Partout à Tongon, le mot « reconnaissance » est prompt à s’échapper des lèvres à l’évocation de Randgold.

Perspectives et inquiétudes de Randgold

Randgold Resources le sait bien, tous ses investissements à Tongon et les villages voisins sont appelés à prendre fin, la mine étant en fin de vie (plus qu’une poignée d’année d’exploitation encore).

Aussi les réunions communautaires mensuelles (communautés – Randgold), pour discuter de la vie des villages, sont-elles de plus en plus axées sur des projets de développement durables générateurs de revenus.

La compagnie minière entend ainsi aider les communautés, actuellement très dépendantes de la mine, à faire face à « l’après mine ».

Fort de son expérience à Tongon, Rangold se dit prêt à investir « sans limite » en Côte d’Ivoire mais déplore toutefois le fait que l’Etat « freine les investissements » dans le secteur minier en ne les sécurisant pas.

Pour le démarrage de ses activités, le groupe a investi 15,5 milliards FCFA dans une ligne électrique, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec le gouvernement.

Cette ligne venue de Korhogo a au passage apporté de l’électricité aux villages qui en étaient jusque-là privés.

Cet investissement démarré en 2009, l’Etat rechigne encore à le rembourser. Par ailleurs, la mine de Tongon est actuellement le plus gros consommateur d’électricité en Côte d’Ivoire, devant la Société ivoirienne de raffinage.

Une autre préoccupation de Randgold est l’orpaillage illégal auquel le groupe est confronté sur certains de ses permis d’exploration dans la région. Face à l’ampleur du phénomène, la plus importante compagnie minière en Côte d’Ivoire attend des « actions fortes de l’Etat ».

Régulièrement chassés des sites, les orpailleurs clandestins restent en embuscade et finissent par revenir s’installer. Un ballet traditionnel.

La compagnie soutient avoir déjà constaté une certaine protection de gendarmes (voire d’autorités locales) en leur faveur.

Randgold reste toutefois focalisée pour l’heure sur ses perspectives pour l’avenir. La multinationale détient dans le pays plusieurs permis d’exploration « prometteurs » sur lesquels elle espère tabler pour remplacer à terme la mine de Tongon.

Le plus prometteur de ces permis est celui de Boundiali, une localité située à moins de 90 kilomètres de Tongon.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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