L’étude de Dr Jean Jacques Konadjé commandée par la Fondation Friedrich Ebert Stiftung sur le thème: « Côte d’Ivoire, le prix de la paix positive », révèle que la Côte d’Ivoire est dans une situation de paix négative. S’apparentant à l’absence de conflits généralisés. En d’autres termes, l’étude répondait à la question, pourquoi la paix échoue en Côte d’Ivoire ?
A propos de la réforme du secteur de la sécurité, Dr Konadjé a souhaité qu’on professionnalise davantage l’outil ivoirien de défense et de sécurité. « Il faut sortir l’armée ivoirienne du champ politique », a-t-il préconisé.
Le pays est dans une situation post-crise. Malgré son charme discret, à travers une croissance économique soutenue, l’auteur de l’étude a fait remarquer que la Côte d’Ivoire semble empreint à une violence symbolique. Violences caractérisées, entre autres, par une série de mutineries, des mouvements d’humeur des différents corps sociaux. « Tout cela a une image négative sur le pays », a-t-il affirmé, à Abidjan-Plateau, à la présentation de l’étude, le 11 octobre 2017.
Livrant les principales conclusions de cette étude, il a soutenu qu’on est confronté à une « paix » sommaire. « Il faut penser autrement la paix et sortir des sentiers battus. En enracinant davantage la paix dans les habitudes des Ivoiriens », a préconisé l’expert Dr Konadjé. Avant d’ajouter que la paix positive ne se définit pas comme le refus de la « violence structurelle ». Après avoir indiqué que la cessation des hostilités est une marche vers la paix positive, il a évoqué les défis à relever pour aboutir à la paix positive.
A l’en croire, la Côte d’Ivoire devra relever le défi de l’unité de son armée. Selon l’auteur de l’étude, la transition militaire a été à l’origine de la dislocation de l’armée ivoirienne. La tentative de coup d’État muée en rébellion le du 18 au 19 septembre 2002, a fini d’accentuer la division au sein de l’armée.
Les mutineries de 2017 ont malgré toutes apparences confirmées la nécessité de la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité et de la défense. La Côte d’Ivoire devra gérer les conséquences de ces mutineries.
Autres défis, les pays devra également régler définitivement l’épineuse question des démobilisés parce que malgré le Ddr les démobilisés ont continué de battre le pavé. La violence juvénile prend des proportions inquiétantes en Côte d’Ivoire depuis la période post-crise ainsi que le phénomène des coupeurs de route.
Cela est d’autant plus important que les enjeux autour de la paix positive sont énormes. Et l’avenir politique de la Côte d’Ivoire en dépend. « Quand la politique va bien, tout va mieux », a fait remarquer Dr Konadjé. Pour lui, il faut briser le mur virtuel de méfiance entre les différents protagonistes. Autrement, il faut repenser le défi de la réconciliation. Il faut également, a insisté l’auteur de l’étude, une réconciliation entre les ivoiriens et leur armée.
Pour Thilo Schöne, directeur-résident de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung, l’objectif de la Fondation, à travers cette étude vise à examiner, entre autres, les questions sécuritaires, les approches actuelles de règlement de la situation sécuritaire, à faire de recommandations afin de trouver une solution à la question: Pourquoi la paix échoue-t-elle en Côte d’Ivoire? « Démocratiser la sécurité et la défense, c’est garantir des institutions fortes pour un développement harmonieux de la Côte d’Ivoire », a rappelé M. Schöne.
L’originalité de cette étude réside dans son volet participatif car c’est après avoir pris les avis des ivoiriens sur ces questions épineuses que l’étude définitive sera mise à disposition. Notons qu’elle se veut inclusive et place le citoyen au centre de la question de la sécurité et de la défense.
CHEICKNA D. Salif
salifou.dabou@fratmat.info
Pendant des années en Côte d’Ivoire, allait dans l’armée tout enfant à l’intelligence limitée, tout enfant naissant avec un chromosome en trop, tout enfant ingérable par ses écarts de conduite, tout enfant chez qui l’on décèle une tendance au sadisme, etc. Bref, hormis l’EMPT et les officiers accédant à l’armée après le baccalauréat, l’armée (en tout cas les éléments subalternes du corps) était la planque idéale pour les rébus du système, un dépotoir pour les « résidus de production » de la société. Tant qu’il en était ainsi, tout le monde était content hormis ceux qui habitaient aux alentours des camps militaires, amenés à entrer en interaction avec ces hommes rustres et limités. Jusqu’aux années 90 où la « conjoncture économique » frappant durement le pays avec pour conséquence la raréfaction de l’emploi, une classe de jeunes appelés sous le drapeau dans le cadre du service militaire obligatoire, refuse son retour à la vie civile. Houphouët céda.
Le « Malin » avait intégré l’armée, et les années suivantes le démontreront jusqu’au jour fatidique du 23 Décembre 1999. Par la suite après le coup d’Etat foireux et foiré de 2002, le kyste de Bouaké se renforcera avec du Malin à tour de bras, notamment des prisonniers sortis des geôles, des bandits de gare, des ex-truands de tout acabit, etc. bref, tous ceux qui jusque là ont vécu En Conflit Avec La Loi. Cette opération se poursuivra en 2011 avec les prisonniers de la Maca sortis, habillés et armés à la va-vite pour casser du Gbagbo. L’homme de troupe naguère limité en réflexion et obéissant est dorénavant un malin qui quête l’occasion d’user de son pouvoir, de sa force et de son uniforme. Sans vergogne. Il aurait été intéressant que le « chercheur » s’appesantisse sur la typologie de l’armée et dresse un profil de base de l’homme de troupe, aujourd’hui.
Il y a le choix entre attendre de voir cette génération vieillir et aller à la retraite, out opérer un rééquilibrage de la base de recrutement, notamment en orientant les militaires actuels vers un corps de réserve non-armé, devant notamment enrichir le service civique. Ce qui ne serait que justice : après avoir tué, pillé et traumatisé la population, le bon sens voudrait qu’ils servent aujourd’hui leurs victimes sur les grands chantiers ou en curant les caniveaux.