Chris Monsékéla | L’Intelligent d’Abidjan
Un conflit oppose depuis près de deux mois des populations autochtones Wê à leurs hôtes Baoulé et Burkinabè dans la forêt du Goin-Dédé, dans ville de Guiglo à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Afrikipresse a décidé d’y faire un tour pour comprendre les origines de ce conflit, ses ramifications, ses implications et les tentatives de règlement.
Il est 15 heures 30, jeudi 5 octobre 2017, lorsque nous arrivons dans la ville à 516 kilomètres d’Abidjan, la capitale économique. Les populations qu’on peut observer depuis le centre de la ville où nous avons pris notre pied-à-terre semblent vaquer calmement à leurs occupations, sur des engins à deux roues, à pied ou en taxi. Les commerces sont ouverts. Guiglo vit tranquille. « Petit oasis de repos », peut-on penser jusqu’au au moment où un guide vient nous chercher.
Après quelques 800 mètres à moto, nous arrivons devant une villa ; celle du député Guei Léonard. On entend des éclats de voix s’élever de la cour. Des voix et même du grand bruit, puisque tout le monde semblait vouloir parler en même temps. En entrant dans la cour , le guide explique qu’il s’agit d’une réunion des Wê (populations autochtones). La force avec laquelle chacun des membres de cette réunion s’exprime à la fois en guéré (ethnie autochtone) et en français fait savoir que l’ambiance est tendue et chaude. Le député et d’autres cadres sont venus entendre leurs parents, pour déterminer une stratégie en vue de « la grande rencontre » prévue le même soir entre les cadres et les populations baoulé à la préfecture.
À peine sommes-nous assis que le ciel s’assombrit. Un vent commence à souffler annonçant une pluie. « Ce sont les baoulé qui manigancent tout ça », entend-nous dans la foule. « Ah bon? » , lançons-nous en regardant en direction de celui qui avait dit cela. Un autre monsieur d’une quarantaine d’années de rétorquer: « vous êtes là vous-mêmes, non? Vous allez voir comment c’est ici ». La grosse pluie annoncée se déclenche. La réunion prend fin. Chacun cherche à se mettre à l’abri.
Nous retrouvons notre hôtel. Il est 18 heures. À 19 heures, nous nous rendons à la brigade de gendarmerie, pour nous présenter aux autorités de la ville, expliquer notre mission, et avoir une idée de la situation sécuritaire, relativement au conflit.
Dans la cour, plusieurs motos sont garées. Le gendarme qui nous reçoit explique qu’il s’agit de moto arrachées aux pillards des événements qui se déroulent en ce moment dans la région. « C’est chaud ici. Vous allez écrire beaucoup », lance-t-il l’air amusé en nous conduisant au bureau du Commandant de brigade (CB). Celui-ci nous reçoit avec chaleur et enthousiasme. Il apprécie notre démarche. Mais alors qu’il commence à présenter la situation dans la ville, un de ses éléments entre et informe : « il y’a le capitaine militaire qui est là. Il est venu avec plusieurs pillards ». Le CB s’excuse et sort rencontrer le capitaine en question, tandis que nous sortons et le suivons.
Le capitaine a une apparence d’environ 1m75, il est de teint noir et visiblement tendu. Accompagné de 3 de ses éléments tenant chacun une Kalachnikov, il fait le point : « Nous les avons pris en train de défoncer un atelier de couture à D2 (un des villages en conflit). Celui-ci (indiquant un des jeunes pillard) avait déjà en sa possession plusieurs pièces de pagnes. Les deux qui sont là-bas, on les a pris avec des motos volées » . Au total, 4 jeunes gens. Dans la cour, un pick-up militaire est visible avec à son bord 6 militaires y compris le conducteur. Pendant que le capitaine parlait, un véhicule double cabine chargée de deux motos et diverses autres choses saisies, arrive. Le capitaine indique par un signe de la main qu’il s’agit du butin dont il parlait.
Nous recevant à nouveau, le CB nous souhaite alors la bienvenue dans le « guêpier »… de Guiglo.
Chris Monsékéla
C’est quel reportage ça? aux antipodes de l’introduction. A moins que la suite est à venir…
@ marianne
Mon frère, tu as emprunté mon clavier!!!
Et c’est le reproche qu’on fait à nos media! Imaginons quelqu’un qui n’a accès qu’au titre, que concluera-t-il?
Certainement ques baoulés s’auto expulsent pour jeter l’opprobre sur leurs frères guérés!
Je ne sais pas si c’est un reportage ou une introduction, autant ne pas diffuser