Commando invisible, frappes françaises, mort de Tagro…en Côte-d’Ivoire: Mangou dit sa part de vérité devant la CPI

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L’ex-chef d’état-major de l’armée ivoirienne continue son témoignage devant les juges de la Cpi. Le lundi 2 octobre, il a répondu aux questions des avocats de la défense.

Le commando invisible qui avait ses quartiers à Abobo Pk18 et les bombardements des aéronefs de l’armée ivoirienne en 2004 ont été évoqués, hier, par le général de corps d’armée, Philippe Mangou, témoin à charge de l’accusation. Répondant aux questions de Me Altit, relativement à l’infiltration de la commune d’Abobo pendant la crise post-électorale, le témoin a fait une révélation de taille.

A en croire Philippe Mangou, Laurent Gbagbo aurait financé « accidentellement » le commando invisible. Il a expliqué que le Président Laurent Gbagbo avait évoqué un plan avec Koné Zacharia, un ancien commandant des Forces nouvelles. Son récit est le suivant : « Lorsque j’avais été questionné le 9 août 2011, deux questions m’ont été posées. La première, c’était de savoir qui était le chef du commando invisible. Je l’ai su à la fin de la crise. La seconde question qui m’a été posée était de savoir si j’avais connaissance de la composition dudit commando. J’avais dit non. Mais aujourd’hui, je suis en mesure de vous dire que le président Gbagbo a financé accidentellement le commando invisible », a révélé Philippe Mangou.

Avant de donner plus de précision, en ces termes : « Le 10 décembre, le président m’appelle et me demande de venir le voir à son bureau. Je le trouve débout avec Tagro et il me dit, Tagro revient d’une mission au Togo où il a rencontré Koné Zacharia, et après discussions, ce dernier a dit qu’il était d’accord, pour 500 millions de FCFA, pour déstabiliser les forces à l’est du pays. Surpris par une telle demande j’ai dit, mais si vous avez cet argent donnez-le nous. J’ai dit au président, je m’excuse mais je n’ai pas de carte sous les yeux pour dire par où Koné Zacharia pouvait commencer. Tagro me remet le numéro de Koné Zacharia. Alors que je descendais les marches du Palais présidentiel, j’ai été rejoint par un monsieur d’une cinquantaine d’années pour me dire que c’est lui qui a mis en contact Tagro avec Zacharia et m’a dit que ce dernier est d’accord pour travailler avec IB. Quand j’appelle Koné Zacharia, il me dit j’attends l’argent pour commencer le travail. Il y a eu collusion entre IB et Koné Zacharia pour l’opération au niveau d’Abobo. Mais à cause du manque de logistique, Zacharia a fait croire qu’il allait mener une opération. L’argent remis a servi à l’infiltration des lieutenants de Koné Zacharia, comme Ferré Konaté. C’est le même Koné Zacharia qui, au Golf, après mon allégeance à Ouattara, m’a dit nous avons pris Tagro mais il s’est tiré une balle dans la tête. Il m’a dit qu’il a reçu l’argent. Il n’est pas juste de faire porter aux autres les erreurs de certains conseillers du président Gbagbo ».

L’ex-Cema s’est également prononcé sur l’action des forces françaises en Côte d’Ivoire, en 2004, pendant la crise post-électorale, fin 2010 et début 2011. « Entre 2002 et 2004, les attaques rebelles étaient souvent précédées d’actions de reconnaissance de terrain des forces françaises avec des véhicules de type Jeep et en mars 2011, nous avons constaté les mêmes faits avec des hélicoptères. Mais l’armée française nous a juré la main sur le cœur que c’était une simple coïncidence », a-t-il déclaré.

Il est aussi revenu sur les évènements de Bouaké en 2004, avec le présumé bombardement d’un camp des forces françaises, à Bouaké, ex-fief de la rébellion armée des Forces nouvelles. A ce sujet, a mentionné Philippe Mangou, « nous avons été surpris lorsqu’on nous a dit que le camp de l’armée française a été bombardé ».

Poursuivant, il a fait savoir que toute tentative de l’armée ivoirienne de se rendre à Bouaké pour s’imprégner de ce bombardement a été refusée par les militaires français.

Ces derniers, a indiqué Mangou, ont prétexté de ce bombardement pour détruire tous les aéronefs ivoiriens, à Yamoussoukro. Quant à l’implication des forces françaises dans la crise post-électorale, il dira: « quand j’étais aux affaires, il n’y a pas eu d’attaque de l’armée française, pendant la crise post-électorale ».

Jules Claver AKA

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