De nombreux corps habillés incarcérés pour violences et crimes en Côte-d’Ivoire

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L’incarcération d’un parent ébranle la cellule familiale et jette très souvent les enfants dans une grande précarité. Livrés à eux-mêmes et fragilisés sur le plan psychologique, ces enfants tombent facilement dans la délinquance.
Une voie qui conduit à la prison. Des études récentes ont démontré que le fait d’avoir un parent en prison augmente chez les enfants la probabilité d’un comportement criminel ou antisocial par la suite.
« A la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, j’ai personnellement vécu plusieurs cas », confirme Lanciné Traoré, le président de l’Association pour la réinsertion des prisonniers (Arep). Il nous en raconte deux.
« Un militaire incarcéré pour meurtre a été rejoint à la Maca par son fils condamné pour vol aggravé. Et une dame qui purgeait une peine pour escroquerie a vu arriver son fils condamné pour vol en réunion. »
Une corrélation que l’on retrouve dans « Parents en prison : les effets sur leurs enfants » d’Oliver Robertson, publié par le Bureau Quaker auprès des Nations unies. « Une étude menée au Royaume-Uni a suivi la trajectoire de garçons pendant 40 ans et permis de constater que ceux qui, dans leur enfance, ont été touchés par la détention d’un parent ont plus de chances que d’autres d’afficher des comportements asociaux dans la suite de leur existence. Cette même étude, grâce à sa visée à long terme, constate que « l’emprisonnement d’un parent n’est pas simplement un indicateur de la délinquance parentale, mais fait courir des risques spécifiques aux enfants », rapporte l’auteur. C’est une corrélation que ne nie pas le Dr Ballo Yacouba, de l’Ufr de criminologie de l’université Félix Houphouët-Boigny, sans toutefois avancer de chiffres.
En plus de ces cas, il y a des constatations inquiétantes.

A en croire un garde pénitentiaire, depuis la crise que le pays a traversée, de 2002 à 2011, les maisons d’arrêt ont vu arriver dans les geôles de nombreux corps habillés coupables de violences et de crimes. Et la plupart de ces condamnés étaient au front.

Comme conséquence de cette période trouble, les travailleurs ont également noté l’augmentation du nombre de femmes enceintes dans les prisons. Des situations qui suscitent de nombreuses interrogations. Malheureusement, apporter des réponses à toutes ces interrogations n’est pas une priorité. Les différents ministres de la Justice concentrent leurs efforts sur l’aspect sécuritaire. En effet, les esprits restent encore trop marqués par les mutineries, les évasions ou le scandale « Yacou le Chinois », célèbre détenu de la Maca dont les frasques avaient défrayé la chronique jusqu’à ce qu’il trouve la mort en février 2016, lors d’un soulèvement.

Obnubilés par le tout sécuritaire, les patrons de nos prisons hésitent à ouvrir le milieu carcéral à la curiosité des chercheurs.

« Un psychologue qui voulait faire un travail avec un détenu un peu particulier n’a pas pu le faire. Ce prisonnier, un corps habillé qui était au front, a tué froidement sa première épouse. A sa sortie de prison, il en a épousé une autre qui subira le même sort », nous confie un habitué de la Maca.

Mais pourquoi cet homme appartenant à un corps d’élite s’en prend-il à ses épouses, des femmes qu’il a aimées ?

Faute de profileurs pour sonder ces « esprits criminels », ces faits et bien d’autres resteront anecdotiques.

SETHOU B.

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