Par Connectionivoirienne
Comme prévu, le Rassemblement des républicains (Rdr), parti au pouvoir a ouvert samedi les travaux de son 3e congrès ordinaire, 23 ans après la naissance de la formation. La grand-messe comme prédit a tenu ses promesses mais pas toutes.
Mobilisation : les organisateurs ont vu juste par le choix du Palais des sports
Pour cette réunion statutaire devant débattre de questions importantes du moment, on ne peut pas dire que la mobilisation n’était pas au rendez-vous. Loin des mauvais souvenirs du stade Houphouët-Boigny respectivement lors du lancement de la campagne présidentielle des alliés en 2015 et celui de la campagne pour le référendum constitutionnel en 2016, la place du dôme de Treichville a refusé du monde. Les prévisions optimistes comme toujours de 65 mille à 75 mille participants n’ont certes pas été atteintes, mais Bictogo et son comité s’en sortent avec une mobilisation respectable. Des sources ont annoncé 10 mille participants mais à la réalité, il y en avait un peu plus dans les couleurs du parti, dans des sons et des lumières. Et une fois n’est pas coutume l’ordre et la discipline ont régné. Pas d’incident majeur, pas de présence de microbes comme annoncé par des pessimistes.
L’ombre de Soro, l’absence de Bédié et la grande frustration chez les alliés au pouvoir
A ce rassemblement voulu historique en raison du contexte sociopolitique actuel, l’on aurait pu avoir un Ouattara avec tout son monde. Mais hélas, Guillaume Soro a boudé laissant planer le doute au sein de la famille. Henri Konan Bédié, présent en Côte d’Ivoire à la différence de Soro n’a pu faire le déplacement préférant se faire représenter par une forte délégation du parti avec à sa tête Maurice Kacou Guikahué et la présence du vice-président, Kablan Duncan juste à côté de Ouattara. C’est vrai que Ouattara n’était pas présent en personne aux congrès du Pdci en 2013 et 2015 mais en ce moment-là, la sérénité habitait la famille. Aujourd’hui, la présence de Bédié lui-même comme celle de Ouattara à l’occasion de l’appel de Daoukro, aurait permis de contrarier les détracteurs et dissiper les nuages à l’horizon sur la question de l’alternance. Avec désolation, les congressistes ont constaté à leur dépens que toute la famille n’est pas rassemblée alors que le président de la République se fait le chantre de l’unité, de la réconciliation mais bien plus parce que, le thème du congrès lui-même est évocateur : « Un Rdr nouveau pour une Côte d’Ivoire rassemblée ». Autre couac à relever, la discrimination des alliés dans la prise de parole. Si les organisateurs ont fait la place au Pdci, le principal allié et à l’Udpci de Mabri, ils ont jugé inutile d’accorder 3 petites minutes au Mfa et à l’Upci. Ces deux formations étaient bien présentes avec Anzoumana Moutayé pour le Mfa et le nouveau président de l’Upci Sorossona Brahima qui a fait allégeance à Ouattara et au Rhdp après son récent congrès.
Amadou Soumahoro, sauvé par le gong !
Il y avait le congrès mais il y avait aussi les batailles internes notamment, à propos du futur occupant du fauteuil de secrétaire général du parti. Avant le congrès, les deux pressentis, Amadou Soumahoro le sortant et Adama Bictogo l’actuel président du comité d’organisation s’étaient envoyés des flèches par militants interposés. A l’arrivée si Bictogo a fait une entrée tonitruante en courant vers le pupitre pour montrer qu’il est homme de terrain prêt pour le boulot, Amadou Soumahoro aura été l’ombre de lui-même dans un discours terne, insipide et inutilement laudateur à l’endroit de Ouattara. Pour un secrétaire général sortant l’on était en droit de s’attendre à un discours plus construit et retraçant brièvement son bilan. Les militants semblaient indifférents à ses paroles. Fort heureusement pour lui, au moment où il s’apprêtait à conclure, les maîtres de cérémonie interviennent pour l’interrompre et inviter Alassane Ouattara à se tenir près de lui pour annoncer l’ouverture des travaux, ballons gonflables en main. Il a fallu cela pour susciter quelques salves d’applaudissement. Toute chose qui fait dire à un participant qu’Amadou Soumahoro scelle ainsi son sort.
Plusieurs partis politiques étrangers à l’appel, « Les Républicains » de Sarkozy n’ont pas parlé
Le Rdr, comme pour affirmer son image de parti ouvert à l’extérieur n’a pas lésiné sur les moyens pour appeler à ses côtés des partis politiques alliés d’Afrique. Plusieurs d’entre eux ont pris la parole : le Rpm du Mali, l’Ufdg et l’Ufr de la Guinée, l’Upp de Zéphirin Diabré et le MPP de Marc Kaboré du Burkina Faso, le Pdg d’Ali Bongo pour le Gabon etc. Tous ont dit les paroles que Ouattara et le Rdr voulaient entendre. Cependant, on n’a pas vu le parti du grand ami Nicolas Sarkozy prendre la parole. Pour le compte de l’Ufr (Union des forces républicaines), son leader Sidya Touré (ancien directeur de cabinet du premier ministre Alassane Ouattara) a invité le Rdr à privilégier le dialogue dans le règlement des problèmes comme l’a fait Houphouët-Boigny.
5 milliards de FCFA ? Quel budget pour ce congrès !?
Combien les républicains ont-ils déboursé pour ce congrès ? Jamais dans les communications publiques, le montant n’a été révélé. Mais selon des indiscrétions, le budget de ce congrès avoisinerait les 5 milliards de nos francs. Cette estimation n’est sans doute pas exagérée au regard des infrastructures sur le site et de tout ce qui a été fait avant, pendant et de ce qui se fera après ces assises. Rien qu’au palais, la logistique était impressionnante : podium géant, plusieurs écrans géants, de grandes affiches, des dizaines de bâches, des chapiteaux climatisés et la couverture entière de la pelouse synthétique par un tapis en vue de la protéger.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
Les faits sont têtus et sacrés mais les commentaires sont libres en fonction de l’angle partisan obtu et assombri de son degré de discernement.
Journalistiquement votre!?
Vraiment et encore une fois à chacun sa lorgnette et vivement 2020 !!!