Le franc CFA et nous (Bally Ferro)

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L’activiste Kémi Séba, président de l’Ong Urgences panafricanistes crée le buzz et provoque la polémique. Le 19 août 2017, au cours d’une manif contre la françafrique, il a brûlé sur la place de l’Obélisque à Dakar publiquement un billet de 5.000 Fcfa pour dénoncer cette monnaie qu’il qualifie de «scandale économico-politique d’ordre colonial». Une semaine plus tard, soit le 25 août, il a été interpellé et placé en garde à vue parce qu’il a violé l’article 411 du Code pénal sénégalais et il encourt une peine de cinq ans à dix ans de prison.

Dans une interview à Jeune Afrique en avril 2017, le candidat Emmanuel Macron déclarait: «Je crois que le Cfa a un avenir mais c’est un choix qui appartient aux Africains eux-mêmes. (…) Je serai entièrement à l’écoute des souhaits de nos partenaires (des espaces monétaires de l’Afrique occidentale et de l’Afrique centrale qui constituent la zone du franc cfa) dans ce domaine de coopération exemplaire».

Certains ont choisi d’écrire sur le sujet et de partager leurs réflexions. De nombreux ouvrages existent au nombre desquels «Le franc Cfa et l’Euro contre l’Afrique» de Nicolas Agbohou, «Sortir de la servitude monétaire: à qui profite le CFA» de Kako Nubukpo, «Le franc CFA, la zone franc et l’Euro» de François Kéou Tiani, «La zone franc à l’heure de l’Euro» de Philippe Hugon.

Quand nos gouvernants ont tous choisi d’agir par procuration, d’autres ont choisi de choquer et c’est le cas de Kémi Séba. Comme tout acte humain, le geste du Français d’origine africaine ne fait pas l’unanimité. Et c’est normal. Mais le débat s’éloigne des considérations purement techniques du pour ou contre le Fcfa, pour s’enliser, comme d’habitude dans les échanges entre Africains noirs en général et Ivoiriens en particulier, dans l’émotion, les réactions épidermiques et le populisme.

Je remarque que les Ivoiriens en particulier ne voient généralement pas plus loin que le bout de leurs contingences politiques qui sont partout présentes, y compris contre leurs propres intérêts. Rappelons-nous la dernière grève des fonctionnaires sur le stock des arriérés, qui a défrayé la chronique.

Quand elle a été déclenchée en janvier 2017, le Rassemblement des enseignants républicains (RER, structure spécialisée du RDR) conduit par Abdoulaye Kouyaté s’est fermement désolidarisé, dénonçant une «action politique» pour déstabiliser le régime Ouattara. Mais alors que finalement un accord a été conclu, ces enseignants-militants vont, toute honte bue, bien profiter des actions de leurs collègues qu’ils ont contribué à décrédibiliser.

Tout comme les Français que Macron traite d’hostiles aux reformes, les Africains francophones formatés et par leur propre culture et par la puissance coloniale détestent les changements qu’ils considèrent comme des sauts dans l’inconnu. Au contraire des Anglais qui ont voté pour le Brexit, la sortie de l’Union européenne, ils se contentent d’un comportement qui frise l’immobilisme: l’acquis même si cela ne les arrange pas.

Ainsi, alors que nous sommes dans la zone du franc CFA résultant du décret n°45-0136 du 25 décembre 1945, il y a deux monnaies et deux Banques centrales. Ainsi, aberration des aberrations pour le profane que je suis, la monnaie des huit États l’Afrique occidentale ne peut être utilisée dans aucun des six États de l’Afrique centrale et vis-versa. Car l’appellation franc CFA signifie franc de la communauté financière d’Afrique pour les pays membres de l’UEMOA, et franc de la coopération financière en Afrique centrale pour les pays membres de la CEMAC (carte). Comprenne qui pourra.

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3 réflexions au sujet de “Le franc CFA et nous (Bally Ferro)”

  1. Mon cher@Bally, tu n’es point un profane comme tu le mentionne à tort dans ton post mais un journaliste. Et le propre d’un journaliste c’est d’aller à la source de l’information. Et le franc CFA qui est en usage actuellement dans la zone uemoa et cemac n’a rien à avoir le francs CFA qui était usité dans les colonies en dehors de la similitude de l’acronyme. Il en est de même de la monnaie en usage dans ceux deux zones monétaires: même acronyme mais signification totalement différente. Quand au fait que ces monnaies ne peuvent être utilisé en dehors de leur zone monétaire respective, c’est une décision des pays membres de la cemac qui craignaient une fuite des capitaux eu égard à la forte présence de ressortissants d’Afrique de l’ouest dans leurs pays.

  2. De plus le cas du brexit est justement l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Voici des politiciens qui ont incité leur population à opérer un choix dont eux même n’en mesuraient pas les conséquences du fait de leur comportement démagogiques. Au finish quand le non l’a emporté aucun de ces thuriféraires du brexit n’a eu le courage de prendre les devants pour en assumer la charge car c’était un véritable saut dans l’inconnu.

  3. « Quand elle a été déclenchée en janvier 2017, le Rassemblement des enseignants républicains (RER, structure spécialisée du RDR) conduit par Abdoulaye Kouyaté s’est fermement désolidarisé, dénonçant une «action politique» pour déstabiliser le régime Ouattara. Mais alors que finalement un accord a été conclu, ces enseignants-militants vont, toute honte bue, bien profiter des actions de leurs collègues qu’ils ont contribué à décrédibiliser.”

    Qu’est-ce qu’un tel paragraphe vient faire dans cette pièce concernant le franc CFA si ce n’est pour injecter un aspect partisan au débat ?

    De un, je me demande, tous ces arriérés et revendications ont-ils été accumulés sous le pouvoir Ouattara ? Non ! Ces arriérés (et revendications) et les revendications concernant déblocage etc… existaient bel et bien sous la soit-disant refondation, mais oublies par les syndicalistes supposés défenseurs des droits des fonctionnaires, n’est-ce-pas ? Et c’est connu en Eburnie les syndicats étaient dans le sac de la bhétépack au pouvoir donc ils ont tous fermé les yeux sur toutes ces revendications qui ont été TOUTES brandies en même temps sous Ouattara. Alors, la fermer est mieux mais comme la mauvaise foi est le foin de la bhétépack, allez, nourrissez-vous. Alors qu’y a-t-il de mal que la RER intervienne et fasse comme les membres de la bhétépack qui eux sont restés muets comme des carpes pendant près de 10 ans. Alors ? Ces bétés, et assimilés, ils se croient si “intelligents”…Vraiment, il faut en rire !

    Il faut plutôt remercier le pouvoir Ouattara et les gouvernements Duncan II/Gon I qui ont diligemment réglé et accorder TOUT à nos vaillants fonctionnaires.

    Bande d’aigris et de violents enragés. JAMAIS SATISFAIT !

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