Particules fines en Côte-d’Ivoire: Pollution élevée et conséquences désastreuses pour la santé des Abidjanais

blank

Les Abidjanais victimes des particules fines : à qui la faute ?

L’Afrique en villes (19). Voitures, industries, feux… En Côte d’Ivoire, les causes de la pollution élevée de l’air sont multiples et les conséquences désastreuses pour la santé.

Par Haby Niakaté (contributrice Le Monde Afrique, Abidjan) LE MONDE

Au douzième étage, le temps s’est comme arrêté, le décor tout droit sorti des années 1960. Seuls les nombreux internes, blouses blanches et jeans slim, invitent à la modernité. Il est à peine 9 heures et les files d’attente devant les bureaux des médecins s’allongent déjà. Bienvenue au centre hospitalier universitaire (CHU) de Cocody, à Abidjan, la capitale économique ivoirienne.

Service pneumologie. Dans les longs couloirs, les chambres se suivent mais ne se ressemblent guère. La faute aux draps et autres couvertures, fournis par les malades. Du blanc, du jaune, du rouge, du vert aux motifs dépassés. Dans chaque chambre, trois patients, avec leurs familles respectives. Et dans l’une, le professeur Bernard Koffi N’Goran, professeur de pneumologie et chef de service adjoint. C’est là qu’il a installé son bureau, faute de mieux.

Présentation de notre série L’Afrique en villes

La cinquantaine, il explique que les pathologies de ses patients changent : « On a à la fois des maladies infectieuses, typiques des pays pauvres, comme la tuberculose [la moitié des patients ce jour-là], et des maladies plus connues dans les pays développés, comme le cancer des poumons, la broncho-pneumopathie chronique obstructive [BPCO] et d’autres maladies respiratoires. »

Avant d’ajouter : « Dans les années 1990, environ 2 % de nos malades hospitalisés étaient atteints de cancer des poumons. Aujourd’hui, ils sont près de 10 %. Nous traitons aussi de plus en plus de crises d’asthme aux urgences. Alors, certes, la population a augmenté, les diagnostics se sont améliorés, mais l’évolution des modes et des cadres de vie, avec le tabagisme et la pollution de l’air, n’est pas étrangère à ces augmentations. »

Embouteillages monstres

En Côte d’Ivoire, si les données concernant le tabagisme et ses conséquences sanitaires sont publiques – 14,6 % de fumeurs pour près de 5 000 décès annuels, selon le ministère de la santé –, la pollution de l’air et ses effets sur la santé commencent, eux, tout juste à être étudiés. Combien sont-ils, ce jour-là, au douzième étage du CHU, à souffrir de la mauvaise qualité de l’air qu’ils respirent ? Pour le moment, impossible de le dire.

Et pourtant, à Abidjan, ville-district de presque 6 millions d’habitants et qui devrait atteindre 7,7 millions d’habitants en 2030, selon les projections de l’ONU, la question inquiète de plus en plus. Nombreux sont ceux qui, à la moindre occasion et lorsqu’ils en ont les moyens, fuient quelques jours « Babi », ses embouteillages monstres et ses innombrables wôro-wôro (taxis collectifs) ou autres gbaka (minibus) aux fumées noires.

« Selon les projections, si aucune mesure n’est prise pour réguler les émissions en Afrique, celles-ci seront supérieures aux émissions chinoises en 2030 pour certains polluants. Celles de la Côte d’Ivoire, ainsi que les concentrations atmosphériques dans la ville d’Abidjan, seraient quant à elles multipliées par trois », explique Catherine Liousse, chercheuse au CNRS et coordinatrice du pôle « pollution de l’air et santé » au sein du projet Dacciwa (pour Dynamics-aerosol-chemistry-cloud interactions in West Africa), un programme financé par l’Union européenne qui étudie le climat et la pollution de l’air en Afrique de l’Ouest.

La chercheuse et son équipe ont notamment mesuré le niveau de particules fines dans l’air d’Abidjan. Plus particulièrement, celles dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres, très dangereuses pour l’homme. Par leur petite taille, ces dernières pénètrent profondément les poumons. Et les premiers résultats, inédits, sont inquiétants.

Si Abidjan n’est pas le pire cas de la sous-région (les concentrations de particules fines y sont inférieures à celles que l’on retrouve à Lagos et dans les grandes villes du Sahel, plus exposées aux poussières désertiques), « la pollution liée aux particules fines y est très importante ». Sur trois sites étudiés, les niveaux de concentration sont au-dessus des normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). À Adjamé, commune populaire et commerçante du nord d’Abidjan, près des axes routiers, le niveau de particules fines dépasse parfois jusqu’à huit fois les normes, en saison sèche.

Yopougon et Vridi les plus touchés

La suite sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/08/20/les-abidjanais-victimes-des-particules-fines-a-qui-la-faute_5174414_3212.html#RIaJu6EHvWER6OiV.99

Commentaires Facebook

2 réflexions au sujet de “Particules fines en Côte-d’Ivoire: Pollution élevée et conséquences désastreuses pour la santé des Abidjanais”

  1. Les inspections des emissions des voitures sont-elles suivies et effectuées pour les véhicules roulants ?

  2. Faisons attention pour ne pas flirter avec le syndrome chinois. Il est vrai que la taille de la population est un facteur important mais cela peut être exacerbé par un laxisme des autorités de régulation. Par conséquent, il ne faut occulter cet aspect. Et, en Afrique nous avons ce laxisme face à la protection de l’environnement. Et pourtant, cela devrait être l’affaire de tous car touchant tout le monde…

Les commentaires sont fermés.