Me Kossougro explique la procédure et les attributions de la Chefferie en pays Bété en Côte-d’Ivoire

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Le patriarche Nahounou Sémia Gabriel, chef de terre de Daloa est décédé le samedi 14 janvier 2017 et inhumé le 29 juillet dernier. Pour éclairer la lanterne des uns et des autres, Me Kossougro Séry Emile Christophe, fils du village de Lobia dans la commune de Daloa explique comment on accède à la chefferie en pays Bété.

Le juriste, Me Kossougro précise d’entrée : « En pays Bété, en réalité, il n’a pas de chef de terres. Il y a le chef de famille, le chef de village et le chef de Canton ». Et de souligner : « Le chef de famille est celui qui a une famille et un foyer. S’il a un patrimoine, après son décès, ce n’est même pas ses enfants qui héritent de ses biens plutôt son frère le plus âgé. Et au fur et à mesure que les autres frères grandissent, le nouveau chef(héritier) donne à chacun une portion de terre. Il est donc le chef de terre de sa famille et non, le chef de terre du village, ni de la ville, ni de la région ». Poursuivant, l’Avocat souligne : « Lorsque le chef n’a plus de frère, c’est le premier-né de ses enfants qui prend la succession et s’occupe de la gestion du patrimoine. Puis, il donne à chacun une portion de terre au fur et à mesure ». Concernant la désignation du chef de village, Me Kossougro a martelé : « Tous les patriarches, tous les sages et les Anciens se réunissent et regardent dans le village, celui qui est sage, mûr, généreux, qui est père de famille et ne commet ni d’adultère ni de vol. En pays Bété, l’enquête de moralité est importante pour être chef de village. C’est un peu comme le choix du Pape. Et après plusieurs jours, on désigne le chef de village. Il est là pour évacuer les affaires courantes et morales du village mais il n’est pas le chef des terres. Mais chaque famille administre ses terres ». Pour le chef canton, ‘’l’enfant de Lobia’’ fait noter : « C’est à l’unanimité des chefs de village que celui-ci est désigné. Chez nous, les Bété, ce n’est pas le matriarcat mais le patriarcat ». Cependant, il déplore : « Le petit Brice Zunon qui a été désigné comme héritier de Nahounou Semia est un arrière-petit-neveu. Son père et son grand-père sont nos neveux. Donc, Brice est un neveu de la 4ème génération. Si le pouvoir devait revenir aux neveux, ce n’est pas à lui que reviendrait la succession. On penserait à Alain Gauze, à Jérôme Gauze ou autres plus grands que lui, mais pas à lui ». Sur sa lancée, Me Kossougro déclare : « Nahounou Sémia n’était pas chef de terre par succession de son père. Il a été fonctionnaire à la retraite. En 1985 au cours d’une réunion des cadres, le maire d’alors, Denis Bra Kanon nous a demandé d’avoir aussi chez nous, un chef de terre, comme en pays Baoulé, pour juste faire les libations lors des cérémonies. Il a, donc, demandé qu’on lui propose un nom. Etaient à cette réunion Bailly Zahiri, Lohourognon Guédé, le ministre Britto Boniface et bien d’autres qui ne sont plus de ce monde. Nous avons donné notre accord et nous avons désigné Nahounou Sémia après avoir consulté tous les chefs de village de Daloa. C’est donc nous qui avons décidé qu’il soit chef de terre pour les libations. A cet instant, après sa mort, c’est par le même procédé que nous désignerons son successeur. » C’est pourquoi, il révèle : « Moi, qui suis le grand-oncle, je dis non aux jeunes. Ils sont en erreur. Les 13 chefs de village de Daloa se sont réunis récemment pour condamner l’attitude de nos jeunes gens et ont demandé au préfet, sous-préfet, autorités administratives et municipales de Daloa de ne pas tenir compte de cette désignation mais d’attendre après la levée de deuil du défunt chef de terre pour leur présenter un nouveau chef de terre».

M. Ouattara
L’Intelligent d’Abidjan

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1 réflexion au sujet de « Me Kossougro explique la procédure et les attributions de la Chefferie en pays Bété en Côte-d’Ivoire »

  1. Hmm…Merci Me Kossougro pour ces précisions.

    Ceci dit Me, une petite question me trotte par la tête. Le « petit » Brice a été désigné, certes, mais par qui ou quelle autorité(s) coutumière(s) ? Sommes-nous en train de courir vers un autre « soap opera » comme celui de Yakro qui a tant focalisé l’opinion nationale avec parfois des ramifications politiques ? J’espère que non.

    Comme quoi, la succession peut-être vraiment compliquée sous nos tropiques ! Quand bien de nos us et coutumes ne sont écrits et catalogues officiellement et formellement, on peut s’y perdre et tout le monde peut en abuser. Je ne dis pas que c’est la solution magique, mais cela pourrait aider tout de même pour éviter les imposteurs et autres torsions de la vérité pour les generations futures. Mais bon…

    Le temps nous le dira !

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