Chère Ivoirienne, cher Ivoirien,
Nous sommes le 7 août 2017. En Côte d’Ivoire, c’est la journée nationale de célébration des servitudes du Pacte colonial et de commémoration du transfert de compétence de la gestion directe du Gouverneur général du territoire à la gestion indirecte locale, comme cela est inscrit dans l’article 78 de la constitution française de 1958.
57 ans plus tard, maintenant que nous comprenons le sens des mots, il ne manque que le courage pour dire officiellement qu’il pourrait s’agir d’une fête nationale, et non de la fête de l’indépendance. La fête d’indépendance est une fête nationale, si la Nation existe, mais le contraire n’est pas vrai. Toute fête nationale n’est pas fête d’indépendance et d’indépendants.
En Côte d’Ivoire, l’indépendance est encore enchaînée dans son cachot, attendant cette génération audacieuse qui la sortira des fers et qui sera enfin et définitivement convaincue que l’aide publique au développement n’est qu’un puissant baume qui donne l’illusion du dédommagement contre l’indignation de l’absence d’indépendance et le chagrin des dépendants.
Les populations africaines, traumatisées après des siècles de conditionnement violent, n’arrivent plus à croire que dans la vie, le bien l’emporte toujours sur le mal et que la justice l’emporte toujours sur le pouvoir. Aujourd’hui, beaucoup sont prompts à accepter toutes sortes de réponses, n’importe quelle réponse. Pour elles, le noble équivaut à l’ignoble, l’indigne est pareil que le digne, l’injuste est juste, le futur est égal au passé. Le clan est l’univers, la faiblesse est une force, le mensonge une vérité, la pauvreté une richesse, la misère une prospérité, la lâcheté une juste appréciation de la réalité. «L’enfer, c’est les autres», disait Jean-Paul Sartre. En Côte d’Ivoire, 57 ans après le transfert fictif de compétence, nous sommes notre propre enfer.
Bonne journée fériée à toutes et à tous mes compatriotes. Puissions-nous la mettre à profit pour réfléchir à notre capacité à redresser notre sens du jugement altéré, et pour méditer sur notre volonté de conquérir l’indépendance, de vivre et savoir vivre ensemble et de construire, enfin, une Nation.
Abidjan, le 7 août 2017
Prof. Mamadou Koulibaly
Président de LIDER
Liberté et Démocratie pour la République
Merci Professeur pour vos souhaits en ce jour de notre indépendance. Je vous les réitère.
Je partage bien de vos propos. Je valide vos propos et ajouterai cette précision : Notre indépendance économique est à conquérir pendant que notre indépendance diplomatique et politique est à REconquérir. Oui, REconquérir dans le second cas. Dans le premier cas, à mon sens, nous ne l’avons jamais eu pour parler de reconquête. Voici pour la précision.
Ceci dit, oui, oui, et encore oui, nous devons bâtir une nation. Notre souhait est que TOUS nos compatriotes le comprenne. Nous TOUS, que l’on soit de gauche, de droite ou indépendants. Cela nous incombe à tous, y compris notre opposition en Eburnie qui continue d’être aux abonnés absents avec leurs chapelets de plaintes, complaintes, et jérémiades à n’en point finir. Toute démocratie requiert une opposition pour équilibrer le rapport de force, et cela notre opposition, à desseins ou par ignorance, ne semble le comprendre.
Oui, nous avons une nation à bâtir. Tous, sans exception.
Merci à vous Professeur et bonne fête a tous nos compatriotes.