«L’opposition congolaise est minable »[1], disait le journaliste sénégalais, Ousmane Ndiaye, relativement aux incohérences de celle-ci dans son bras de fer avec Joseph Kabila et son traitement du retour de la dépouille d’Etienne Tshisekedi. C’est un point de vue.
Mais en Côte d’Ivoire, quelle image nous donne la classe politique ivoirienne : une classe politique avec des leaders aux langues armées de l’arme de la violence ; une classe politique animée par des politiciens opportunistes et des apprentis politiciens, friands des sorties hasardeuses ; une classe politique en proie à une guerre de leadership.
Le Front populaire ivoirien (Fpi), l’un des animateurs de cette politique en manque d’inspiration, est traversé par une cacophonie indescriptible. Des camarades d’hier devenus des ennemis jurés depuis la perte du pouvoir, n’hésitent pas à laver leur linge sale, par médias interposés, sur la place publique, à la grande satisfaction du voisin d’en face. Tantôt, c’est la guerre des chiffres, tantôt c’est l’esprit grégaire qualifiant l’autre de suppôt du pouvoir d’Abidjan. L’on se souvient encore des échos des visites de Sangaré Aboudramane dans l’Ouest et au pays Akyé à Akouré, et de la marche de l’honorable Affi N’guessan contre la vie chère. Et comme il fallait s’y attendre, la toile s’est enflammée d’avis antagonistes. Quant aux leaders, ils ne sont pas exempt de critique : ils se disputent le drap lorsque l’occasion leur est donnée de s’adresser aux militants ; qui pour se faire échos de l’échec de l’autre ; qui pour se féliciter de l’engouement enregistré par son appel à la mobilisation au détriment de l’autre camp. Là, où les militants et partisans attendent des propositions concrètes et pertinentes, ils sont servis avec des attaques et une litanie d’absurdités. Comme cela ne suffisait pas, les revers de l’adversaire sont brandis comme des trophées de guerre. A cet égard, le score peu reluisant de l’honorable Affi N’guessan aux élections présidentielle et législatives constitue des railleries tous azimuts, au point d’en faire un projet de société, un programme de gouvernement.
« Le FPI informent les populations ivoiriennes et l’opinion internationale ainsi que la presse nationale et internationale que les tendances du taux de participation aux élections législatives de ce dimanche 18 décembre organisé par le régime illégitime et impopulaire de M. Ouattara s’établit autour de 12% au plan national (…) », pouvait-on lire sur la toile, quelques minutes après la fermeture des bureaux de vote. Une attitude peu cartésienne, car des députés issus de ces élections dont l’honorable Méambly Evariste, sont sollicités, mieux ils ont bénéficié d’un ‘’ticket’’ pour la Haye, où ils ont été reçus en audience par le président Gbagbo, celui au nom de qui des mots d’ordre de boycott ont été lancés. Quelle incohérence politique! Soit ces individus sont des ensorceleurs qui sacrifient sur l’autel de leur égoïsme l’intérêt général ; soit ils sont de mauvaise foi. L’un dans l’autre, ce genre d’attitude ne saurait garantir un avenir politique, ni pour son auteur, ni pour le parti. Pis, l’un des arguments évoqués et qui serait la pomme de discorde, serait une collaboration supposée avec le pouvoir d’Abidjan ; une fadaise, car à la lumière de compte-rendu de la cérémonie d’investiture du chef de l’Etat à Yamoussoukro, les pourfendeurs y avaient déjà adhéré. « …la fête était multicolore (…) La France était là dans toute sa solennité, avec son Président, Nicolas Sarkozy. Ce sont des témoins majeurs de la cérémonie [2]», a témoigné Miaka Oureto, ex-Sg du FPI à l’issue de l’évènement. « (…) Quand Ouattara propose ce gouvernement d`union nationale, c`est une certaine façon de traduire la sincérité de son adhésion. De ce point de vue, nous avons dit que si la main nous était tendue, nous prendrions notre part dans ce gouvernement… ?[3]»
Malheureusement, cette volonté s’est transformée en un cauchemar pour des raisons outre-Atlantique. Ainsi, doit-on sacrifier l’unité d’un parti sur l’autel de nos intérêts égocentriques au risque de jeter le bébé avec l’eau qui aurait servi à son bain ? Ainsi, doit-on ignorer la sagesse du roi Salomon qui a permis de sauver la vie d’un bébé, qui était convoité par deux supposées mamans ? (…) L’histoire de la fourmi semble s’inscrit dans le même registre. Les fourmis ne mangent pas la noix de cola, mais elles empêchent les hommes d’y avoir accès. Des intellectuels diront que c’est le paradoxe de l’omnipotence.
Enfin, l’on assiste à une chorégraphie des détracteurs comparables à des oiseaux de mauvais augures qui souhaitent la déchéance, pour se délecter de la dépouille. Cachés derrière des pseudonymes sur les réseaux sociaux, ils y déversent leur bile. Ils sont nombreux, ces colporteurs de faux messages dans la perspective d’un FPI divisé et corrompu. Tantôt c’est l’honorable Affi N’guessan qui est traité de président à la remorque du pouvoir d’Abidjan, tantôt c’est Sangaré Aboudramane accusé d’être aux petits soins du gouvernement Ouattara. Ce cirque ne saurait polir l’image du Fpi, ni le repositionner. Conscient de cet état des faits, l’honorable Affi a lancé un appel, le 10 septembre dernier, à l’union. Malheureusement, son appel a reçu une volée de bois vert. « Nous n’avons plus rien en commun, nous ne faisons plus partie de la même famille, que Pascal Affi N’Guessan cesse de nous déranger[4] ».
Depuis belle lurette nous assistons à un cirque. Aucune solution alternative avec des ruptures transformatrices pour le bonheur du peuple. En attendant l’homme providentiel formidable, les politiciens fort-minables peuvent dégager !
Bernard MANIZAN
Journaliste professionnel, Traducteur
berams@mail.com
[1] Lemonde.fr/Afrique-les oppositions africaines sont-elles minables du 28 juillet 2011
[2] Interview du SG du FPI, Miaka Oureto, Le Nouveau Réveil du 27 mai 2011
[3] Interview du SG du FPI, Miaka Oureto, Le Nouveau Réveil du 27 mai 2011
[4] Des propos de l’ambassadeur Koné Boubakar sur RFI rapporté par le site Ivoirbusiness le 13 septembre 2016
Et pourtant des âmes trouvent du succès et se taponnent les poitrines noires. Des soit-distant intellectuels toujours la tête plantée entre leurs jambettes ou dans le sable jouant à leur jeu favori de mettre du rouge à lèvres à un porc pour essayer de l’enjoliver tant bien que mal.
Heureusement qu’il se trouvera d’autres personnes ici ou ailleurs pour appeler un chat galleux pour ce qu’il est.
La réalité ne change pas parce qu’on sous l’effet de stupéfiant.
A bon entendeur !