Serge Alain KOFFI
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et son ex-ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé seront acquittés à l’issue de leur procès à la Cour pénale internationale (CPI), a affirmé jeudi à Abidjan l’un de leurs avocats, Me Claver N’dri, lors d’une conférence de presse.
« A ce stade du procès, l’accusation n’a pas de preuves et nous sommes sûrs que le président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudé seront acquittés à l’issue de ce procès », a déclaré Me N’dri, à Yopougon (ouest d’Abidjan), au siège du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), le parti de l’ex-leader des « Jeunes Patriotes ».
Face aux journalistes et en présence de quelques militants du COJEP venus assister à la conférence, dont le thème était : « Affaire procureur contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé : bilan partiel du procès et perspectives juridiques », l’avocat a surtout clamé sa confiance par rapport à l’issue du procès.
D’entrée, il a rappelé que 57 témoins de l’accusation étaient déjà passés à la barre, depuis l’ouverture du procès le 28 janvier 2016. « Il en reste 58 après que 22 ont été retirés des 137 initialement prévus », a-t-il précisé.
Selon lui, « aucun’ » de ces 57 témoins n’était parvenu « à donner un début de satisfaction à la thèse du procureur » Fatou Bensouda qui « n’a pas de preuves ».
« A ce stade du procès, je ne sais pas comment les juges feront pour condamner les accusés », a-t-il soutenu.
Malgré les charges de crimes contre l’humanité pour lesquelles ils sont poursuivis, Me Claver N’dry dit avoir « confiance en la Cour et en ses juges ».
Par rapport à l’issue du procès, il a évoqué de « bonnes perspectives » pour ses clients qui, selon lui, « vont revenir » en Côte d’Ivoire.
Interrogé sur le temps que pourrait encore durer ce procès, il a répondu qu’il tirait vers la fin, sans autres précisions.
Gbagbo et M. Blé Goudé qui ont plaidé non coupables, sont accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains commis lors des violences post-électorales ivoiriennes qui avaient fait plus de 3.000 morts.
Le procès connaît une pause depuis le 22 juillet en raison des vacances judiciaires à la Cour, mais devrait reprendre le 14 août.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
Il est dans son rôle!
D’abord, j’émets des doutes sérieux sur la faculté de cette cour à dire le droit, rendre la justice, parce que tout dans son fonctionnement, ses accointances et son ancrage nous montre qu’elle est davantage politique que justicière.
Ensuite, c’est être d’une criarde bêtise que de se réjouir de la libération au terme du « procès » de Blé Goudé et Laurent Gbagbo, parce que la motivation double au départ était la vengeance justicière et la mise sous éteignoir de deux « empêcheurs de gouverner en rond ». Parce que cela me paraît un peu facile quand-même, de coller des accusations farfelues à 2 hommes politiques, les maintenir en prison et espérer voir leurs partisans se réjouir de cette libération, qui n’est au final qu’un juste retour à la normale. Il se sera écoulé une dizaine d’années dans l’intervalle, et l’objectif premier qui était de laisser gouverner celui qui avait une peur bleue de ses adversaire a été atteint. Sauf qu’il ne s’agit pas d’un jeu, avec une time machine pour rendre aux ex-prisonnier les 10 précieuses années de leur vie, à jamais perdues.
Une libération – si elle devait intervenir – ne sera pas suffisante, il faudra les dédommager de façon très conséquente. Le procédé est vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup trop facile !!
Parole d’avocats…tous ont toujours dit la même chose pour leurs clients !!! Tout comme l’accusation qui dit toujours que ses preuves sont solides …
Attendons tous donc la fin du procès…
Ovajab !!!
té ande
LE PROCES DE GBAGBO, OU LE PROCES DES IVOIRIENS ??
Reclus dans mon antre de passage, après avoir ingurgité en conduisant et à la va vite un peu d’alloko froid et sans saveur, que j’ai conservé du repas de midi, je me retrouve ce soir à cogiter devant mon ordinateur, dans cette ville plus que symbolique. Mes doigts vont et viennent sur le clavier, et je saisis cette missive, sans intentions et ambitions. Les mots me viennent instinctivement.
Puis une idée générale se dégage. Je pense subitement à GBAGBO LAURENT, cet homme qui fut notre président pendant dix ans. Alors, je laisse aller mes sentiments. Je ressens énormément de peine pour ce monsieur qui est incarcéré au moment où j’écris à la HAYE, dans le pénitencier d’une certaine cour de justice qui se dit internationale.
Je me pose la question que de nombreux ivoiriens se posent en ce moment : GBAGBO sortira t-il de prison et quand ?
Ce serait idiot d’émettre des hypothèses à ce niveau, sans tenir compte de tous les paramètres. Il faut tenir compte du cadre et du contexte qui ont mené GBAGBO LAURENT à la HAYE. Il faut aussi tenir compte des acteurs en présence, car la CPI, ce sont des hommes, avant d’être un tribunal, qui ont la latitude de choisir parmi les milliards d’individus qui vivent sur cette terre, les personnes qu’il décide de poursuivre. Il y a forcément des motifs, des intérêts en jeu.
Je continue pourtant à croire que si le but est de juger les criminels inculpés pour crimes de guerre ou contre l’humanité, GBAGBO LAURENT ne peut en aucun cas être la seule personne convoquée à la HAYE et Alassane OUATTARA devrait tout autant y être. Je ne crois pas que l’on puisse attribuer le fait que son adversaire aurait refusé des résultats d’élection controversés pour justifier les crimes crapuleux que l’on aurait commis. Dans mon fort intérieur, je récuse le fait qu’un chef de guerre puisse ordonner l’exécutions de plus de 200 personnes captives et désarmées dans une ville ou un quartier, sous le motif que GBAGBO LAURENT aurait refusé de céder le pouvoir.
La cour de justice serait elle aussi une cour d’injustice ?? Je ne le sais pas et je ne veux pas le savoir.
Il m’est impossible d’imposer mes volontés aux autres, surtout si ces personnes sont largement plus puissantes que moi. Mais ma liberté de penser, je la conserve. J’ai été acteur, j’ai été observateur, j’ai été témoin, et c’est avec un pincement au cœur que je me rappelle encore de tout ces coups de fil provenant de personnes que je connais à l’ouest, qui criaient a tue tête : « ils nous tuent, ils nous tuent, ils nous tuent »
Alors oui, rien de nouveau dira t-on, car ce n’est pas la première fois que l’on tue dans ce pays, mais le fait de s’imaginer plusieurs centaines de personnes ligotées, calcinées, parquées dans la même position à même le sol, provenant de la même tribu, c’est extrêmement difficile à intérioriser.
Mais si cette cour est la pour faire régner la justice, elle est forcement aussi impartiale.
Je pense parler ici pour moi, et je veux croire que je ne suis qu’un singleton, un électron libre, un individu prisonnier de ses perceptions. Et dans ce cas, je crois que mes propos et pensées n’iront pas plus loin que mon petit clavier, mon ordinateur, ou le cadre du commentaire que je posterai si j’en ai le cœur.
Mais la réalité est tout autre. Nous sommes nombreux, nous sommes très nombreux, nous sommes extrêmement nombreux à percevoir cette injustice et à l’intérioriser, sans vouloir ou pouvoir en parler, à essayer d’oublier ce que personne ne peut oublier : la mort et la peine.
Le vainqueur a gagné, et il a tout fait pour que le vaincu le sache et le ressente.
C’est ce que l’on voudrait que l’on retienne et c’est aussi ce que l’histoire se doit de retenir, du moins pour le moment, car l’histoire nous a enseigné qu’il lui arrive de changer, après une histoire.
Quand je pense à GBAGBO, je l’imagine sous deux dimensions, l’homme dans son passé, et l’homme dans son futur. Et vu qu’il est partagé entre ces deux dimensions, cela fait de lui forcément un homme du présent. C’est parce qu’il fait partie du passé et qu’il fait partie du futur de ce pays, qu’il fait aussi partie de son présent.
7 ans, oui, 7 ans, et pas une ride, pas une seule petite ride, non pas sur son visage de septuagénaire, mais sur son aura et sa popularité.
Et au moment où j’écris cette ligne, je sens un sourire qui se forme sur mon visage, ce genre de sourire que l’on affiche quand on est confiant, quand on se sent fort, quand on se sent vivant… et pourtant, nous avons perdu la guerre et tout est contre nous. Mais d’ou vient donc ce sentiment de confiance, cette confiance en soit que l’on appellera de l’arrogance ailleurs, peut-être à raison, je ne sais pas ??
Le constat est clair, les douleurs nous ont endurcis, les injustices nous ont rendu plus intelligents, avoir eu le privilège de toucher les cieux et de toucher les abimes nous aura permis de resserrer les rangs, dans une collusion quasi télépathique.
Alors oui, on prend les choses comme elles viennent. C’est le mot d’ordre.
GBAGBO LAURENT sortira t-il de prison ??
On attend, on observe, et on garde la foi, car c’est la seule chose qu’il reste à de nombreux ivoiriens, qui partagent le sort de GBAGBO, impuissants et dans la compassion et la peine.
Et ici encore ce petit sourire, cette confiance insolente en soi.
Et alors je pense comprendre pourquoi ce sentiment m’inonde.
Oui, je comprends.
GBAGBO LAURENT aura le droit de se sentir heureux, malgré ce qu’il vit en ce moment, parce qu’il reçoit ce qui est le plus précieux pour tout homme, plus particulièrement chez les hommes politiques, le soutien gratuit, plein et permanent de millions d’ivoiriens, qui comme moi, sourient dans leur maison à travers le pays tout entier.
Ce soutien sans faille dont rêve le vainqueur en fin de course, ce soutien sans faille que se souhaite l’héritier du vainqueur dans la poudre, ce soutien sans faille que revendique le collabo baoulé.
La question qui monte en mon esprit est donc la suivante : peut-on se sentir victorieux, quand on perd un combat ?? Qu’est-ce qui amènent un GBAGBO LAURENT ou un BLE GOUDE à affronter un procès et un tribunal avec le sourire aux lèvres ? Est-ce pour afficher une certaine arrogance ou pour attester qu’ils ont déjà gagné ce procès, même s’il écopent tous deux de 10 ou 20 ans de prison ?
Quel combat mènent donc ces individus, qui sont bien loin de leur pays ??
Quel combat menons nous ? Quel combat mènent les ivoiriens ?
Je me dis que ce n’est que le début d’une nouvelle ère. Je me dis que ce pays est dans un cycle d’apprentissage. Je me dis aussi qu’il fallait que l’on se divise, que l’on se combatte, pour comprendre l’importance qu’il y aurait à rester unis. C’est à travers ces épreuves que l’on apprend, que l’on comprend, que l’on découvre et que l’on apprécie ce que peut valoir une république. Ceci est valable pour toutes les factions, pour tous les clans et ceci pourrait prendre plus de 20 ou 30 ans, pour que les ivoiriens puissent tirer des enseignements positifs et définitifs de ce que ce pays a vécu pendant ces 20 dernières années.
Et avant que l’on arrive à ce stade, il est évident qu’il manque une étape ultime qui passera par deux hypothèses possibles : le retour de GBAGBO au pays ou la mort de GBAGBO hors de son pays.
Dans tous les cas, c’est seulement à ce moment que les ivoiriens sauront exactement ce que vaut GBAGBO et pourquoi il aurait peut-être fallu pour nos adversaires, déconstruire son image et son aura travers une réconciliations franche et sincère.
7ans, pas une ride, et des millions d’ivoiriens qui sont en attente, exactement au même endroit où GBAGBO LAURENT les avait laissé, dans la même position, dans l’injustice et dans la douleur.
Celui qui ne prend pas la pleine mesure de cet état, qui pense avoir réglé un problème à la CHOI, « GBAGBO est fini », commet une grave erreur.
Nos vivons en direct la construction d’un mythe.
Il y a bien des raisons de sourire, même si on a mal !!
« Les victoires remportées par la violence sur l’opinion ne sont jamais qu’instantanées. »
Pierre-Claude-Victor Boiste
Gagnoa. 29-7-17