C’est à travers un petit-déjeuner de presse qui a réuni plusieurs journalistes nationaux et internationaux, ainsi que l’ensemble des membres de son cabinet engagés dans la réussite du projet « Route de l’esclave » que le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman, a annoncé, hier, les grandes lignes de l’événement initié par l’Unesco.
Un projet soutenu, dès les premiers moments, par les Présidents Nelson Mandela et Nicéphore Soglo et dans lequel la Côte d’Ivoire s’engagera effectivement avec la cérémonie de lancement officiel des travaux qui aura lieu,le 6 juillet, à Kanga-Nianzè, dans le département de Tiassalé.
A ce temps d’échanges marqué par la présentation de films institutionnels, Maurice Bandaman a situé l’importance du projet: «Il s’agit pour les pays africains ayant connu l’esclavage de ne pas oublier ce passé douloureux. Il s’agit donc d’un devoir de mémoire qui consiste à identifier tous les sites, tous les lieux, tous les espaces qui ont servi à la traite négrière. Et de les marquer pour que des circuits, des visites puissent être faits, dans un cadre éducatif, scientifique, historique. Afin que, nous souvenant de ce passé douloureux, nous n’ayons plus à commettre ces mêmes erreurs. Il s’agit pour l’Afrique de prendre sa part de responsabilité dans la traite négrière car, pendant longtemps, nous avons accusé l’Occident, l’Europe, or, les recherches ont démontré que nos parents ont été complices et co-acteurs de ce crime contre l’humanité. Il s’agit donc pour tous les pays africains qui ont connu la traite d’assumer leur part de responsabilité ».
Sur un ton convaincant, le ministre de la Culture et de la Francophonie rappelait ainsi les objectifs majeurs assignés à ce projet de grande envergure. Un projet qui, loin de vouloir réveiller les antagonismes, entend œuvrer à la construction d’un monde de tolérance, de fraternité et de paix.
Comprendre les enjeux
Placé sous le patronage et en présence du vice-Président, Daniel Kablan Duncan, avec comme invité d’honneur, l’ancien Président de la République du Bénin, Nicéphore Soglo, et invité spécial, l’ancien champion d’Europe de football, Lilian Thuram, converti dans l’action citoyenne de défense de la conscience noire, le rendez-vous de Kanga-Nianzè enregistrera la présence de plusieurs Afro-Américains qui ont su, à travers des tests Adn, qu’ils viennent de la Côte d’Ivoire.
« Ils viendront pour que les Ivoiriens se souviennent que leurs frères sont en Amérique, aux Antilles, au Brésil, au Mexique et qu’ils attendent de venir. Nous voulons, à travers cette cérémonie, faire la paix, nous réconcilier avec eux, leur demander pardon afin qu’ils puissent accepter de revenir aider leur pays à avancer », a fait savoir Maurice Bandaman.
Véritable moment d’éveil de conscience, la communication de Maurice Bandaman a permis de comprendre les enjeux de l’événement. «Aujourd’hui, nos recherches démontrent que la Côte d’Ivoire, à travers certaines de ses côtes, a servi de lieu de passage des esclaves. Il s’agit, par exemple, du fleuve Bandaman qui, à partir de Tiassalé, devient navigable. Et, de ce fait, a reçu des esclaves venant de la partie nord, de la partie est, ouest, de la partie nord. L’on note que sur la côte de notre pays, près de 25% des esclaves partis viennent de la Côte d’Ivoire. On les retrouve aujourd’hui au Mexique, aux Antilles et plus de 300 Américains ont pu montrer qu’ils viennent de la Côte d’Ivoire. La cérémonie du 6 juillet est le lancement du programme de recherche puisqu’il est vaste et les lieux que nous avons identifiés sont nombreux sur toute la côte. Mais nous faisons ce premier pas pour nous inscrire déjà dans le programme de l’Unesco, afin d’avoir des soutiens scientifiques, matériels, humains pour pouvoir continuer notre travail », a-t-il conclu.
BRIGITTE GUIRATHE
Fratmat.info
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