Côte-d’Ivoire: Ces appels publics au tribalisme et à l’ethnocentrisme qui interpellent chacun des Ivoiriens

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Le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan, Adou Richard

Lu pour vous

« Tribalisme à ciel ouvert »

Ce qui se passe dans l’indifférence générale sous nos yeux, ce que nous voyons et ce que nous entendons est grave pour notre pays, la Côte d’Ivoire.

Quand résistant aux pressions occidentales, Félix Houphouët-Boigny refusait d’appliquer le multipartisme malgré les dispositions constitutionnelles, voici ce qu’il déclarait, le 14 octobre 1985, pour défendre le parti unique.
«(…) Le pays est devenu la Côte d’Ivoire. Il nous appartient maintenant de réaliser ce que d’autres ont mis des siècles à réussir. On croit que la nation se construit du bout des lèvres en disant ‘nation ivoirienne’. Non, c’est une œuvre de longue haleine. (…) Pour le moment, des partis politiques divers marqueraient un recul. Pourquoi? au Parti socialiste français par exemple on trouve des adhérents en Corse, en Provence, dans le Nord, en Normandie, en Bretagne. Chez nous actuellement, si nous nous engageons dans le multipartisme, il y aura un parti baoulé, un parti bhété… Nous n’en voulons pas. Nous voulons d’abord être ivoiriens».
Le 03 mai 1990, la résistance de Nanan a été vaincue et la Côte d’Ivoire a accédé au multipartisme. Mais les réalités du terrain confirment le diagnostic d’Houphouët-Boigny. La Côte d’Ivoire connaît et subit une terrible fracture sociale: le tribalisme est le moteur de la démocratie ivoirienne.

Le pays, face au drame, s’est pourtant doté de la loi n°2008-222 du 4 août 2008 modifiant et complétant les dispositions du Code pénal relatives à la répression du racisme, de la xénophobie, du tribalisme et des discriminations raciales et religieuses. En pure perte.

Les autorités au plus haut niveau de l’État et des leaders politiques font campagne impunément et ouvertement pour le tribalisme.

Et le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan, Adou Richard (photo) qui, le jeudi 04 mai 2017 en marge de la journée internationale de la liberté de la presse, a dit qu’il n’est «qu’un esclave de la loi», est motus et bouche cousue devant le massacre de la loi.

Morceaux choisis des appels publics au tribalisme et à l’ethnocentrisme qui interpellent chacun des Ivoiriens avant l’apocalypse finale et fatale.

1. Innocent Anaky Kobena, candidat du MFA à la présidentielle de 2010

«Le Nord du pays est solidaire et a ses leaders qui sont sa voie, le Centre est solidaire et a ses leaders qui le représentent, tout comme l’Ouest aussi a ses leaders qui le défendent et ainsi de suite. L’Est reste le parent pauvre et est en retard. Je suis votre fils, je suis le candidat naturel de l’Est. Notre région est accessible à tous de sorte que tout le monde prend son filet et vient y pécher; cela doit finir», car «votre parti le dimanche (31 octobre 2010), c’est l’Est. Oubliez le PDCI, l’UDPCI, le RDR, le FPI, etc. et même à l’occasion, le MFA. Votez pour l’Est que je représente et que j’incarne. Si le 31 (octobre), vous vous trompez et dispersez vos voix, c’est votre région que vous aurez trompée»

In Fraternité Matin n°13.792 du 28 octobre 2010

2. Alassane Ouattara justifie les nominations des Nordistes aux postes clés de l’Administration publique

«Il s’agit d’un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité»
In l’hebdomadaire français L’Express du 25 janvier 2012

3. Hamed Bakayoko, ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ressuscite la Charte du Nord

«Dans toutes les familles, il y a des problèmes. Regardez nos frères au Centre. Sur 2 ou 3 de leurs fétiches, ils ne s’amusent pas. Le président Bédié, il est tombé par un coup d’État. Il est parti en exil. Il est revenu. Il n’a jamais bougé. Aujourd’hui, ce sont ses frères derrière lui qui font sa force. Là-bas, on peut jouer avec mille choses. Tant qu’il n’a pas dit un, çà ne bouge pas. Et c’est important. Vous n’allez jamais voir les gens de chez lui aller contre lui ou lui manquer de respect…Celui qui vient de partir (Gbagbo), depuis qu’il est parti, ses gens disent, on l’attend. Mais, nous, notre propre président (Ouattara) pour qui on s’est battu, il est là. C’est nous-mêmes qui sommes en train de le déshonorer. Tout ce qui s’est passé récemment (les mutineries des soldats et les manifestations des démobilisés), quand on regarde dans le groupe, c’est un enfant de Touba, un enfant d’Odienné, de Korhogo… qui est au cœur parce que chacun est dans son coin. Personne ne parle à son fils, à son frère, à son cousin, et on est là à s’opposer. On est content de se faire la guerre la plus violente».
(Sur le mur de Raymond Dibi en date du 20 juin 2017)

F. Bally

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1 réflexion au sujet de « Côte-d’Ivoire: Ces appels publics au tribalisme et à l’ethnocentrisme qui interpellent chacun des Ivoiriens »

  1. COTE D’IVOIRE, POUDRIÈRE IDENTITAIRE

    Tome 2 et fin …

    Et comme toujours, on sera victime de nos propres amalgames. Ce qui choque le plus ici, ce sont ces citations prises hors contextes, censées consolider une thèse et qui malheureusement auront tendance à effacer les « exceptions » pour les inclure dans la « majorité ».

    Morceaux choisis :

    • « Chez nous actuellement, si nous nous engageons dans le multipartisme, il y aura un parti baoulé, un parti bhété… Nous n’en voulons pas. Nous voulons d’abord être ivoiriens »

    Paroles d’HOUPHOUET, qui pourraient peut-être paraître pleine de bon sens si on les prend au premier degré, mais la réalité bien autre. C’est HOUPHOUET lui-même qui a favorisé l’éclosion de partis politique purement tribalistes.

    La première chose à faire, c’est de corriger la phrase d’HOUPHOUET pour la mettre en concordance avec la réalité :

    « Si nous nous engageons dans le multipartisme, il y aura forcement DES GENS QUE J’AI AIGRIS qui voudront créer des partis de baoulés, de bhétés… »

    Pourquoi cette réalité ? Il suffit de voir comment le parti unique sous HOUPHOUET était dirigé et comment il vivait. Il suffit de voir avec quel soin HOUPHOUET œuvrait pour positionner ses proches AKAN dans l’appareil d’état et dans toutes les branches vitales de notre société politique. Le tribalisme tels que nous le vivons en ces jours n’existait certes pas encore avec cette intensité, mais HOUPHOUET déjà à ce moment fonctionnait sur une base tribale qui positionnait les AKAN en première ligne, avant toutes les autres tribus. HOUPHOUET savait pertinemment que les autres tribus à terme, finiraient par se fédérer et par exercer un contre pouvoir tribal, au lieu qu’il ne soit politique. Et pendant que la mode étant au panafricanisme hors de la Cote d’Ivoire, c’était plutôt le royaume AKAN qui prospérait dans le pays.

    Deuxième aberration dans la déclaration d’HOUPHOUET :

    « Nous n’en voulons pas. Nous voulons d’abord être ivoiriens »

    Oui, si nous étions tous ivoiriens, pourquoi HOUPHOUET s’est-il donc permis dans le parti unique de tout bloquer, de tout clamper, à un tel point que le moutonnisme était la seule doctrine de parti ? Pourquoi toutes les personnes qui ont essayé de proposer autre chose, de prendre de l’influence et de développer des tendances, ont elles été combattues et écartées. Le parti unique était-il dispensé de faire usage de mécanismes démocratique ouvert à TOUS les ivoiriens pour se définir ?

    Non, ceux qui ont combattu le parti unique l’on fait pour deux raisons : le parti était totalement grippé et formaté autour d’une seule personne, d’une seule ligne et une seule idéologie. Le parti unique était orienté vers la domination par un seul groupe ethnique, les AKAN !!

    Alors oui, les paroles d’HOUPHOUET sont belles, mais elles ne reflètent pas la réalité, car justement il l’occulte en bazardant ces phrases mielleuses !!

    Et bien sûr, la réaction étant proportionnelle à l’action, si le parti unique agissait sur une base tribale, et donc en « brimant » les autres ethnies, il est évident que les personnes qui créeraient leur parti politique, finiraient par emporter avec elles les ethnies auxquelles elles appartiennent.

    Exception est à faire ici concernant LAURENT GBAGBO, qui est le seul hommes politique à avoir créé un parti réellement transversal, qui ne se limite pas à sa seule ethnie Bhété.

    GBAGBO fait donc mentir HOUPHOUET et c’est aussi pourquoi il a ressenti envers GBAGBO LAURENT à la fois de la crainte, mais aussi du respect, car il savait que GBAGBO ne s’orientait pas par rapport à sa tribu, mais à ses idéaux et au bien-être de son pays : la Cote d’Ivoire.

    • « La Côte d’Ivoire connaît et subit une terrible fracture sociale: le tribalisme est le moteur de la démocratie ivoirienne. » et plus loin « Les autorités au plus haut niveau de l’État et des leaders politiques font campagne impunément et ouvertement pour le tribalisme. »

    Ici, comme dit plus haut, SEM GBAGBO LAURENT et le FPI font mentir cette assertion. Et vu qu’il représente une bonne partie de la population ivoirienne (je ne dirai pas la majorité), il est évident que l’assertion produite est forcement fausse !!

    Il s’agit donc ici du genre de thèse qui a amené ce pays à vivre une crise militaire sanglante, se reposant par exemple sur des documents de propagande comme « Cote d’Ivoire, poudrière identitaire » !!

    Non, ce pays n’a pas vécu de troubles identitaires, ce sont plutôt des prétextes politiques utilisés pour monter les tribus les unes contre les autres, et plus graves, pour servir de prétexte à une déstabilisation armée et à terme pour autoriser le renversement d’un état par une rébellion armée aidée par des troupes occidentales, orientées par leur intérêt !!

    Toujours est-il que de nombreux partis politiques ayant adhéré à cette propagande, et l’ayant appliqué a fond, se sont retrouvés coincés dans leur piège tribal.

    Par exemple le RDR, qui ne peut prospérer que parmi les ressortissants du nord, et qui est incapable de grandir au delà de ce groupe tribal et religieux. C’est un blocage définitif qui conditionne à la fois la vie du partie, mais aussi sa mort.

    • « L’Est reste le parent pauvre et est en retard. Je suis votre fils, je suis le candidat naturel de l’Est. Notre région est accessible à tous de sorte que tout le monde prend son filet et vient y pécher; cela doit finir, car votre parti … c’est l’Est. … Votez pour l’Est que je représente et que j’incarne. »

    Oui, ces propos d’ANAKY sont certes à condamner, mais ils prennent leur source sur les modèles assénés par le RDR, l’UDPCI et partiellement le PDCI.

    Doit-on condamner celui qui copie, ou plutôt le modèle ?

    On voit bien que les valeurs politiques et démocratiques ont foutu le camp. Il n’y a plus d’idéaux et d’idéologies politiques ou sociales. Le programme de gouvernement se réduit à un cri de ralliement ethnocentrique, que l’on adosse à une thèse d’exploitation ou de persécution que l’on ne peut prouver valablement !! Voici la seule ligne politique pour laquelle on militera, avec la certitude qu’elle aura plus d’effets qu’un programme tournant autour de propositions concrètes par rapport au chômage, à l’analphabétisme, au bien être économique et social des ivoiriens… !!

    Mais voila, vous ne trouverez pas une seule phrase provenant de SEM GBAGBO LAURENT, évoquant un quelconque ralliement ethnique autour de sa personne, et se reposant sur une persécution ou une injustice à l’endroit de son peuple ou de sa région !! Pourquoi ANAKY cite t-il donc le FPI à coté du RDR et des autres partis politiques ?? Juste pour l’inclure dans ce groupe, en faire une majorité qui réprimerait sa minorité à lui, issues de l’EST.

    Mais la réalité est dramatique pour ANAKY : le FPI aura glané de nombreuses voix dans l’EST de la Cote d’Ivoire, sans proférer un seul discours tribaliste.

    • «Il s’agit d’un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité»

    La grosse arnaque du sieur OUATTARA et de toute sa suite !!
    Les communautés du nord feraient 40 % de la population ivoirienne !!

    Vrai ou faux ??

    Oui, si on compte les maliens, les burkinabé et tous les ressortissants du nord ivoiriens auxquels OUATTARA pense, en effet, on peut évaluer leur présence dans le pays à 40%, tendance croissante vu que le pays est devenu un eldorado pour de nombreux peuples en prédation.

    Mais les ressortissants du nord, qui sont ivoiriens de nationalité, ne dépassent pas 25% de la population ivoirienne, selon l’INS.

    Et vu que la fonction publique est destinée, selon la loi ivoirienne à la population dite ivoirienne (Oui, les conditions d’embauche commencent toujours comme ceci : « être ivoirien » !! Si vous êtes burkinabé, allez au burkina Faso et vous verrez que la bas, on dit : « être burkinabé.. »), il est évident que ce ne soit qu’elle qui soit à prendre en compte.

    S’il faut donc faire de la géopolitique, vu que c’est ce que OUATTARA évoque pour justifier son choix, il faudrait, si on veut faire un rattrapage, octroyer 25% des postes de responsabilités aux ressortissants du nord ivoiriens pour que l’on puisse parler de justice.

    Mais voilà, sous GBAGBO LAURENT, si on prend en compte tous les postes de responsabilités pour lesquels GBAGBO a fait des nominations ou pas, le ratio des ressortissants du nord est supérieur à 25% (Et ce que OUATTARA ne dira jamais, au delà des postes de responsabilités, GBAGBO LAURENT a maintenu la grande majorité des fonctionnaires hérités des pouvoirs précédents !! Le rattrapage de OUATTARA est allé au delà des simples postes de responsabilités !!)

    De quoi parle donc OUATTARA ??

    Soit on est face a du tribalisme pur et dur, soit on est confronté à de l’ignorance pure et dure, concernant les statistiques de « son » propre pays !!

    • « Le président Bédié, il est tombé par un coup d’État. Il est parti en exil. Il est revenu. Il n’a jamais bougé. Aujourd’hui, ce sont ses FRERES derrière lui qui font sa force » et « Celui qui vient de partir (Gbagbo), depuis qu’il est parti, ses GENS disent, on l’attend. »

    Pourquoi, selon vous, HAMBAK fait une différence claire entre « ses frères » quand il parle de BEDIE, et « ses gens » quand il parle de GBAGBO LAURENT ??

    Tout simplement parce que concernant GBAGBO, parler de frères serait un gros mensonge, car son électorat et son plébiscite a franchi les barrières tribales, et touché de nombreuses régions dans le pays, y compris dans les zones qu’on lui refuse comme le nord ivoirien !!

    De tous les hommes politiques, GBAGBO sera le seul qui aura suscité une collusion qui ne se base pas sur le lien ethnique, mais sur un lien idéologique, autour d’une valeur fondamentale que HOUPHOUET aura énoncé en début de texte : « …il y aura un parti baoulé, un parti bhété… Nous n’en voulons pas. Nous voulons d’abord être ivoiriens».

    Oui, GBAGBO aura toujours milité pour la Cote d’Ivoire, pour les ivoiriens et malgré le fait qu’il ait lutté contre HOUPHOUET et pour le multipartisme, il passera, dans l’idéologie pour HOUPHOUETISTE, quand les héritiers autoproclamés d’HOUPHOUET, dans le RDR et le PDCI, se recroquevillent de plus en plus dans le tribalisme et le reflexe régional que HOUPHOUET condamnait !! Le RDR ira même plus loin en y intégrant le reflex religieux !!

    Alors oui, la question est donc la suivante. Peut-on valider cette approche et faire de notre cadre politique ivoirien un cadre dominé par le tribalisme dans la politique ??

    Evidemment, non !!

    Tant que GBAGBO LAURENT représentera à mes yeux celui qui aura été majoritaire dans ce pays, et tant que sa faction politique et les sympathisants qui ont adhéré à sa personne et sa cause ne répondront pas à un reflexe tribal, on peu dire mathématiquement et démocratiquement que ce pays ne fonctionne pas sur une base dite tribale (et si dans le pays des millions de personne signent une pétition pour exiger sa libération, laissez moi vous dire que ce ne sont pas que des bhété !!).

    Par contre, il existe de nombreuses exceptions qui évoluent suivant ce principe sectaire et tribal !!

    Pourquoi faire donc de minorités une tendance majoritaire ??

    Oui, si on ne fait pas attention, on retombera dans le piège qui nous a divisé : Cote d’Ivoire, poudrière identitaire !!

    En voici un nouveau chapitre !!

    Épilogue !!

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