Interrogé sur l’alliance (l’alliance du 3 avril) qu’Alain Lobognon mis en place pour la réconciliation, l’ancien directeur des douanes, Gnamien Konan a dit ne pas avoir connaissance d’un tel projet de réconciliation : « Pour le moment je ne sais pas de quoi il s’agit. On parle de 3 avril. Heureusement que ce n’est pas le 1er. On allait penser à un poisson d’Avril ».
Cependant, il précise qu’il ne veut pas chanter la réconciliation et ne veux pas faire de ça une hymne nationale : « La réconciliation qu’est-ce qu’on met dedans. A grand Yapo, j’ai crié haut et fort qu’il faut libérer Gbagbo. Ce ne sont pas les incantations. Il faut dire qu’est-ce qu’on doit faire pour y arriver. Il faut arrêter les nominations claniques. (…) Quand je suis allé à la RTI, celui qui m’a accueilli était de là-bas. Quand je ressortais celui qui m’a raccompagné était de là-bas. Donnez-moi le nom d’un seul DG ou ministre qui a été nommé ces derniers temps. Cette question je l’ai portée au président du RHDP à Daoukro. Même si on met un pistolet sous ma tempe, je ne dirai pas sa réponse. Jamais ! (…) Continuons de libérer les prisonniers de là où ils n’auraient jamais dû aller ».
« Imaginez-vous un seul instant que moi Gnamien Konan, qu’au cours d’un contrôle, on trouve deux kalachnikovs, chez moi. Je vais aller à la DST, On va m’interroger, retourner à la maison et vaquer à mes occupations ? Vous pensez que c’est possible ? On a trouvé des tonnes et des tonnes d’armes chez un individu. On l’interroge toujours pour savoir si cette maison lui appartient à Bouaké. Si la maison lui appartient, les armes aussi. On nous parle de contexte. Soit on est tous coupables, soit on est libres à cause des contextes. La justice doit être juste et servir à quelque chose. On ne doit pas l’utiliser pour détruire l’avenir d’un pays ».
Pour lui, le mouvement de Lobognon pourrait l’intéresser si la libération de Gbagbo y était inscrite.
«60% des ivoiriens veulent la libération de Gbagbo…J’ai retrouvé ma liberté»
Gnamien Konan qui répondait aux questions des journalistes sur un plateau télé a expliqué pourquoi, les Ivoiriens ne l’entendaient pas parler. Selon lui, ce qu’il a dit à Agboville il ne l’a pas dit auparavant parce qu’il était dans un gouvernement
: « Un gouvernement c’est quelque chose de sacré. Il y a une règle qu’on appelle l’obligation de réserve. La démission c’est un choix. Aujourd’hui on me pose la question pourquoi j’ai démissionné de l’UPCI. Avant on m’aurait demandé vous avez promis construire des logements et vous démissionner. La démission ce n’est pas une panacée. Je suis parti sous un désaccord. J’aurais démissionné, est ce que cela aurait libéré le Président Gbagbo ».
L’ex-président de l’UPCI a révélé qu’il n’a jamais été d’accord qu’on « gèle aussi facilement les comptes de certains responsables politique. Aujourd’hui j’ai retrouvé ma liberté de parole. (…) Aujourd’hui je suis libre. J’estime que la Côte d’Ivoire a besoin plus que d’autre chose, la réconciliation. Mais quand on n’a fini de dire ça qu’est-ce qu’on fait ? »
À l’en croire, la réconciliation passe nécessairement par la libération du Président Laurent Gbagbo et de son ministre Blé Goudé : « Ne pas le reconnaître c’est cacher le soleil avec sa main. Chacun pourra dire ce qu’il faut. Mais je veux toujours être en conformité avec ma conscience. Celui qui vient me dire qu’il peut faire la réconciliation sans ça, avec un taux de croissance de 9%, les Ivoiriens auront à manger, le problème va être réglé. Ce n’est pas moi qui le dis. L’homme ne se nourrit pas que de pain ».
Si aujourd’hui, selon le député de Botro (Bouaké), si on demande aux Ivoiriens, ils diront à 60% qu’ils veulent la libération de Laurent Gbagbo. Il a aussi déploré le fait qu’un seul camp soit jugé depuis que la crise a pris fin : « Aujourd’hui on a le début d’un procès contre une partie. C’est difficile. Ce n’est pas seulement le FPI qui en demande. La pétition pour la libération de Gbagbo on ne me l’a pas présenté sinon je l’aurai signée de mes deux mains ».
Hilaire Gueby
Afrikipresse.fr
Pour comprendre le personnage GNAMIEN KONAN, avoir une idée sur la sincérité et la crédibilité de ses propos, il faut pouvoir analyser son comportement selon le temps, en trois phases :
GNAMIEN KONAN sous GBAGBO LAURENT
GNAMIEN KONAN sous OUATTARA et le RHDP
GNAMIEN KONAN aujourd’hui.
GNAMIEN KONAN sous GBAGBO LAURENT
Son arrivée a fait grincer les dents dans le parti. Comme le RDR aujourd’hui, les cadres du FPI avait considéré que le pouvoir devait se partager comme un gâteau. Il fallait installer aux postes d’envergure les compétences internes, qu’elles soient politiques ou techniques. Mais dès le départ en 2000, GBAGBO LAURENT a considéré que le gouvernement devait être un lieu d’ouverture et de rapprochement, car c’était un moyen d’éliminer un certain type de tensions. Il ira encore plus loin en offrant à candidature l’occupation des postes liées aux grandes régies d’état, comme la douane, les impôts, etc.
Le « choix » de GNAMIEN KONAN est donc avant tout technique, car il passait en effet pour une personne extrêmement compétente, qui a révolutionné le fonctionnement de la douane ivoirienne. Personne ne peut donc douter de sa valeur de technicien.
A ceci s’est ajouté le volet politique. Progressivement, GNAMIEN KONAN s’est construit, tout d’abord financièrement, socialement avec une église qu’il chapeautait, et enfin politiquement avec la constitution d’un parti politique. A partir du moment où les actions de GNAMIEN KONAN allaient à l’encontre des visées politiques du gouvernement, il a commencé à devenir un obstacle pour ce gouvernement. C’est alors que GNAMIEN KONAN a déballé son verbe politique, extrêmement critique à l’endroit du pouvoir qui finira par s’en séparer.
Il ressort de ce passage que GNAMIEN KONAN est effectivement une valeur technique sures, un cerveau, mais aussi un homme politique plein, qui a milité pour des idées, des idéaux et qui a été éjecté pour des raisons de discipline gouvernementale et d’ambition propre.
GNAMIEN KONAN sous OUATTARA et le RHDP.
GNAMIEN KONAN militera avec son parti au sein du RHDP, à un moment ou le milieu politique devint subitement bipolaire. « Si tu n’est pas avec moi, tu es contre moi ». GNAMIEN KONAN n’étant plus en bon rapport avec le pouvoir FPI, il jugea logique d’adhérer au RHDP dont la discipline de groupe est extrêmement rigide. Et vu qu’il s’agissait d’un jeu de pouvoir se reposant sur les alliances, GNAMIEN KONAN aura fait un calcul simple, qui veut que les soutiens du RDR, les moyens militaires à sa disposition, donnent largement plus de chances au RHDP d’accéder au pouvoir, par un chemin autre que démocratique. Et vu que le choix fut fait de faire tomber le pouvoir GBAGBO par tous les moyens, c’est au sein du RHDP qu’il y avait plus de chance de recevoir une part intéressante du gâteau. Ce sera donc GNAMIEN KONAN, mais aussi ANAKY KOBENAN et MABRI TOIKEUSE, qui feront bloc avec cette alliance d’intérêts, dans le but de prendre le pouvoir. Mais à ce moment, GNAMIEN KONAN ne pouvait pas savoir exactement ce que cela aurait signifié de prendre le pouvoir. De nombreux hommes politiques avaient espéré que GBAGBO LAURENT aurait abandonné face à la pression militaire occidentale, face au chantage par les armes. Mais GBAGBO LAURENT a réussi à pousser tout ce beau monde à la faute, en commençant par la France qui s’est compromise et en passant par toute l’équipe RHDP, y compris GNAMIEN KONAN qui a cru qu’en se taisant, dans le paquet, il pourrait passer inaperçu !! Une fois au pouvoir, avec le partage du gâteau naitront les premières aigreurs, car le RDR se sera offert la plus grande part du gâteau et plus. Il y a eu des politiciens qui pensaient pouvoir râler, mais le RDR a montré que cela n’était pas possible et souhaitable. Intimidations, menaces, chantage, tout a été utilisé pour rompre les récalcitrants. GNAMIEN KONAN devra constater que les largesses de GBAGBO LAURENT, la légendaire bonté ou « faiblesse » sur laquelle il aura surfé pour se construire politiquement, chez OUATTARA, cela n’existe pas et le chef est roi, sinon DIEU !! GNAMIEN KONAN se taira donc et marchera au pas. Il se taira face à des énormités qu’il aurait normalement dénoncées énergiquement sous le pouvoir GBAGBO !!
GNAMIEN KONAN aujourd’hui.
Il s’agissait de trouver le moment et le prétexte pour sortir des rangs. On aura vu ANAKY KOBENAN sortir du troupeau et on a vu ce que cela lui a couté !! Il s’agit donc d’observer et d’apprendre des erreurs des autres. GNAMIEN KONAN fera donc le pas, tout en faisant extrêmement attention à sa personne, à ses décisions et à ses propos. La sortie de son parti politique répond au souci de le préserver des coups du régime OUATTARA. En effet, ANAKY aura subi un véritable coup d’état interne copié sur le modèle FPI avec AFFI et SANGARE. GNAMIEN KONAN lâchera donc son parti et prendra sa liberté. Désormais, ses déclarations n’engagent que sa personne. Puis, il s’agira de prendre du recul et d’anticiper sur l’avenir de ce pays. Le constat est clair, ce pouvoir OUATTARA finira bien par passer et tomber. Les tensions sont encore présentes et le lien des ivoiriens avec GBAGBO LAURENT est plus fort que jamais. Il s’agit donc de trouver une formule pour survivre politiquement (éviter le courroux de certaines personne après la fin du régime OUATTARA) et vivre politiquement (rebondir et entrer dans le nouveau bloc qui dirigera ce pays après OUATTARA). Si le mot d’ordre est la réconciliation, seuls ceux qui embouchent cette trompette en ces jours pourront s’asseoir à cette table pour la mener, pour laver leur nom et qui sait, pour s’en construire un nouveau !!
Alors oui, GNAMIEN KONAN est-il crédible quand il parle de réconciliation, de libération de GBAGBO LAURENT et de BLE GOUDE ?
Personne ne peut le savoir exactement.
Ce qui est, c’est qu’il n y a que deux choses qui pourraient expliquer la position de GNAMIEN KONAN en ces jours :
Ou il reconnaît avoir commis une faute et qu’il regrette sincèrement que GBAGBO soit en prison, qu’il se souhaite un pays en paix et prospère qui passerait par une cohésion nationale retrouvée …
Ou il est en plein calcul politique, mené dans le but de se positionner face à un bouleversement très probable qui passe par deux hypothèses possibles et plausibles : la prise du pouvoir par SORO après OUATTARA, un SORO qui aura besoin de ressources civiles du type de GNAMIEN KONAN pour asseoir son gouvernement… La prise de pouvoir par toute autre personne, issues éventuellement du PDCI, et qui aura obtenu son élection grâce au suffrage massif des militants et sympathisants FPI, soit sous entendu que ce parti boycotte les prochaine élection et déverse son suffrage monolithique sur une personne tiers !!)
Alors oui, GNAMIEN KONAN gagnerait à devenir sympathique aux yeux des pro GBAGBO, et dans sa position actuelle, compte tenu du comportement politique de SORO, il est largement plus l’aise pour parler librement de la libération de GBAGBO LAURENT et de tous les autres prisonniers politiques
SI jamais OUATTARA veut taper sur sa tête, il devra le faire d’abord sur SORO, qui sert de fusible !!
Da la pure politique donc !!
Tant que GNAMIEN KONAN sera éligible aux yeux de notre constitution, il restera actif en politique et il a le droit de faire des calculs !!
Mais attention tout de même à la chute accidentelle de cheval, au pneu de voiture qui éclate sans avertir, ou au paquet de drogue découvert dans sa chambre lors d’une perquisition de routine !!
Épilogue !!
Un opportunisme nauséabond tout simplement. Hier, Ministre, on était pour l’emprisonnement, on l’expliquait, on l’explicitait. Aujourd’hui, remercié, la même intelligence rame à contre courant et ce qui l’enchantait hier ,est devenu « cacamou ». J’ai vraiment mal, à nos politiciens.
Ancien DG de la Douane. Tiens, n’est pas ce Gnamien Konan qui a fait brûler le véhicule d’un transporteur et le contenu de celui-ci?
Non Gozo, personne n’a demandé l’avis d’un quelconque ministre avant d’emprisonner les supporters de Gbagbo. C’est un dossier géré par Ouattara himself.
@ AGE
Dans une société ( gouvernement, SARL, secte…) , je pense que lorsqu’on n’est pas Ok avec une décision; on le dit haut et fort avec des arguments pertinents qui pourront le cas échéant faire bouger les lignes. Je ne pense pas que l’intelligence de l’homme est anesthésiée lorsqu’il est en mode « IN » et que cela subitement se met en marche en mode « OFF ».