Traqués par le régime, les démobilisés «cellule39» de Côte-d’Ivoire à la croisée des chemins

Le porte-parole d’un groupe d’ex-combattants démobilisés Diomonde Megbé a été arrêté vendredi 26 mai à Bouaké alors qu’il se trouvait au CHU pour rendre visite à certains de ses camarades blessés lors des incidents avec la police qui ont fait 5 morts mardi à l’entrée sud de la ville.

Diomondé Megbé craignait d’être arrêté. Il s’était confié à RFI mercredi en donnant rendez-vous pour une interview dans un endroit discret de Bouaké. « Le gouvernement croit que si les ex-combattants veulent sortir c’est parce que je leur dis de sortir », nous avait-il expliqué.

Diomondé Megbé, porte-parole de la « cellule 39 » un groupe de 6 000 démobilisés, se trouvait mardi matin sur le barrage de l’entrée sud de Bouaké lorsque les forces de l’ordre ont dispersé la manifestation par la force. Des incidents qui ont fait 5 morts et une dizaine de blessés.

Lui expliquait qu’il était sur cette barricade pour empêcher que les choses ne tournent mal et qu’il appelait ses camarades démobilisés à renoncer à venger leurs morts. « Je demande aux ex-combattants de rester tranquilles, de rester chez eux, nous allons trouver une solution par la négociation », avait-il déclaré.

Inspirés par les revendications rapidement satisfaites de militaires mutins, les démobilisés réclament 18 millions de FCFA de primes et l’incorporation de certains d’entre eux dans les corps habillés. Depuis plusieurs jours ils disent attendre un coup de téléphone du gouvernement pour discuter. Il semble donc que les autorités aient choisi un autre signal.

 

Les démobilisés de Bouaké à la croisée des chemins

Depuis mardi, les démobilisés se font discrets à Bouaké en Côte d’Ivoire. Après la mort de cinq des leurs au Corridor Sud, à l’entrée de la ville, ils réfléchissent à la suite de leur mouvement et attendent un contact du gouvernement. Les 6 400 ex-combattants de la « cellule 39 », ceux de la première heure, réclament toujours 18 millions de francs CFA au titre de primes qu’ils n’auraient pas reçues, et au nom d’une certaine égalité de traitement avec les mutins, leurs anciens compagnons d’armes de la rébellion.

Diomonde Megbe dit craindre pour sa vie. Il a le sentiment d’être entre le marteau et l’enclume, considéré par les autorités comme le fauteur de troubles et par sa base comme vendu au gouvernement parce qu’il prône la négociation et non la fermeté, même depuis la mort de leurs cinq compagnons : « Présentement, tout le monde est excité par rapport à la mort de nos frères au Corridor. Et hier, j’ai été obligé de faire une déclaration à la télévision pour dire à tous les ex-combattants de se calmer et de rester tranquilles. Nous allons négocier avec le pouvoir en place pour avoir gain de cause. Si nous rentrons dans la violence, on ne pourra rien régler. Même quand on finit une guerre, on vient s’asseoir et on discute. On trouve des solutions. »

Les démobilisés exigent 18 millions de francs chacun. Ils ne veulent plus entendre parler de projet de réinsertion, comme ceux qui leur avaient été proposés à l’issue du désarmement, puisque selon Diomonde Megbe, les fonds débloqués à l’époque pour les financer avaient été détournés par des intermédiaires : « On nous a dit que la réinsertion faisait déjà 2,5 millions [de FCFA]. A notre grande déception, on n’a reçu que 800 000. Le formateur prend pour lui, celui qui vient parler prend pour lui, celui qui fait les papiers prend pour lui. Il nous reste 800 000. Nous ne voulons plus jamais de projet. »

Fonds… et forme

Hier, Diomonde Megbe dit avoir appelé les ex-combattants dans plusieurs villes du pays pour empêcher qu’ils ne se soulèvent. Mais il attend avant tout un peu de considération de la part du gouvernement et un coup de fil pour discuter : « On va négocier. On va parler. Ils vont nous donner ce qu’ils peuvent nous donner et on va les prendre. C’est la manière de nous parler maintenant qui peut nous intéresser. Puis on va accepter. Je demande à tous les ex-combattants de rester tranquilles, de rentrer chez eux à la maison. Nous allons trouver une solution dans la négociation. Nous n’avons pas d’armes. Nos armes, ce sont nos bouches, et les pieds pour marcher. »

Par RFI

La traque se poursuit Par Connectionivoirienne

Le porte-parole des ex-combattants démobilisés de Bouaké (de la Cellule 39), Diomandé Mégbê a été arrêté ce vendredi par les forces de sécurité massivement déployées dans Bouaké dès les premières heures du soulèvement des ex-rebelles.

Selon les premières informations, son arrestation serait intervenue alors qu’il visitait des blessés du mouvement de protestation de ce début de semaine.
Mardi, le mouvement des démobilisés s’était soldé par officiellement 4 morts suite à l’intervention musclée des forces de l’ordre pour disperser la manifestation. Le gouvernement avait dégagé sa responsabilité dans cette affaire. Mais pour rétablir l’ordre dans l’ancienne capitale de la rébellion de 2002, un déploiement massif de policiers et gendarmes est venu en appui à ceux sur place à Bouaké. Des unités de la Brigade anti-émeute parties d’Abidjan, des Crs et des escadrons de gendarmerie des villes environnantes ont pris d’assaut la ville. Depuis mardi, début des émeutes, ils ont littéralement engagé une traque des fauteurs de trouble. Ces derniers avaient gagné les localités environnantes de peur d’être pris. Des blessés, selon nos informations ont ainsi évité les centres de santé où ils devaient être pris en charge. Jeudi, les forces de l’ordre ont envahi les grins (espace de thé, servant d’agoras à ciel ouvert) et Qg pour les démanteler les uns après les autres.

D’autres informations font état de ce que ces ex-combattants aguerris au maniement des armes s’organiseraient pour revenir à la charge, déterminés à se faire entendre. Pour l’instant les forces régulières ont pris le dessus et la quiétude serait de retour à Bouaké, selon certains habitants joints au téléphone.

Diomandé Mégbê qui vient d’être arrêté est détenu à la brigade de recherche de la ville, nous fait savoir un correspondant local de presse.

SD à Abidjan

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