De “Ya rien à négocier” à « Un accord a été trouvé » en Côte-d’Ivoire – L’armée de Ouattara désormais, seul vrai contre-pouvoir

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Par Connnectionivoirienne

Dès le début de la mutinerie le vendredi 12 mai 2017, les autorités ivoiriennes dans leur tentative de résolution de la nouvelle crise ont bandé les muscles en optant pour l’épreuve de force. Le quotidien gouvernemental a même barré sa une avec ce titre évocateur le lendemain : « Une opération militaire est en cours ». Le ton est devenu martial et le ministre en charge de la Défense Alain Donwahi clamait haut et fort sur le plateau de la télévision nationale : « Il n’y a plus rien à négocier ».

Dans la foulée une colonne de blindés des Forces spéciales est envoyée à Bouaké par l’état-major de l’armée pour réprimer la révolte en oubliant que ces mêmes réfractaires à l’ordre républicain étaient aussi présents sur la place abidjanaise avec une capacité de nuisance avérée. L’opération de Bouaké fut un échec car les loyalistes n’eurent pas accès à la ville, contraints par le blocus de Djébonoua à quelques encablures de la deuxième ville du pays.
Plus nombreux, plus déterminés et plus stratèges, les mutins ont démultiplié les points névralgiques en prenant plusieurs villes à la fois de quoi disperser d’éventuelles contre-offensives des forces loyales au gouvernement. Si l’état-major déclenchait les hostilités à Bouaké, il devait faire autant à Abidjan, à Korhogo, à man, à Daloa, à Guiglo… et ce n’était pas évident au regard des rapports de force largement en faveur des mutins.
Leur stratégie a finalement amené les autorités à revoir la leur car le risque d’une véritable guerre était perceptible. « Une petite honte vaut mieux qu’une grande honte », dit un adage africain. Le pouvoir fait le choix de la petite honte en optant contre toute attente pour la négociation qui aboutira à un mystérieux accord lundi soir, ainsi que l’avait suggéré l’allié Pdci dans une déclaration. Mais auparavant, joignant sa parole à celle de l’état-major et dans la même démarche que le ministre Donwahi, le Rdr aussi, à travers ses cadres, nourrissait une volonté inouïe d’en découdre avec ceux qu’il considère désormais comme des ingrats.
Dans cette confusion sociopolitique, l’opposition politique a préféré faire profil bas, jouant volontairement le spectateur silencieux dans une affaire où elle s’est toujours considérée étrangère. « C’est entre eux », entend-t-on dire souvent chez les opposants à Ouattara.

Le calme revenu après moult efforts, un constat se dégage. Alassane Ouattara qui a en horreur la contradiction dans son approche de la gouvernance, a désormais trouvé son antidote : ses « sauveurs » de l’armée si celle-ci en était encore une. C’est clair et c’est net, il a beau mijoter les coups de boutoir contre l’opposition politique dont il se moque des propositions ou déclarations, il a beau user de la ruse et du dilatoire face aux revendications des fonctionnaires, face au langage des armes, il reste un gros tigre en papier.

Son armée se positionne comme son premier contre-pouvoir. C’est elle seule qui a su fait plier jusque-là, notre monarque constitutionnel n’en déplaisent ses méthodes violentes décriées çà et là. À cet exercice, l’opposition politique se distingue plus par ses contradictions. Jamais elle n’a réussi à faire accepter ses principales revendications. Loin de nous l’idée de l’inviter à la chienlit dans le pays mais les mutineries successives de l’armée auront au moins permis de faire admettre que Ouattara n’est pas si infrangible qu’il en donne l’air. A elle d’inventer maintenant ses voies non violentes pour les futures batailles politiques futures. Le mur est lézardé !

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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