Par Connectionivoirienne
La nouvelle mutinerie des soldats qui secoue jusqu’à cette heure des casernes ivoiriennes a particulièrement semé le trouble dans le quartier du Plateau, principal centre des affaires et siège du gouvernement qui abrite également l’état-major général des armées. Les premiers tirs entendus le matin alors que de nombreux travailleurs étaient déjà à leurs postes, ont créé stupeur et branle-bas à travers la petite commune au moment même où son premier magistrat Noël Akossi Bendjo était en conférence de presse à l’hôtel Tiama à l’invitation des patrons de presse. Celui-ci a gardé sa sérénité et est allé jusqu’au bout de la rencontre qui s’est terminée avec faste par un buffet.
Pendant ce temps, la cité administrative avec ses tours géantes s’était vidée de son monde. Elle est située juste en face de l’épicentre des événements (le camp Galiéni) tout comme le CCIA qui abrite les bureaux de la Banque africaine de développement (Bad). L’institution financière internationale qui a fait son retour sur les bords de la lagune Ebrié au prix d’un lobbying assidu et d’efforts diplomatiques du gouvernement ivoirien n’était pas dans le viseur des mutins mais ses fonctionnaires ont vécu un moment de frayeur avec les détonations assourdissantes. En quelques minutes, son parking spécialement aménagé s’est vidé de ses luxueuses voitures. Non loin de là, devant l’état-major général des armées et dans la rue devant le ministère de la Défense, des soldats très excités étaient visibles armes aux poings, ceintures de munitions autour du corps, lance-roquettes à l’épaule ou au dos, visage peint de suie pour certains. On les voyait de temps à autre arrêter des véhicules, obligeant des automobilistes à faire demi-tour.
Le prix de la ruse mais à malin, malin et demi
Cette mutinerie intervient alors que les soldats avaient promis à l’imam Boikary Fofana, de ne rien faire pour troubler l’ordre public alors que celui-ci était en mission pour le chef de l’Etat à Bouaké en avril dernier. Elle semble avoir pris de court les autorités ivoiriennes. Mais pour bon nombre d’observateurs, elle résulte de la nouvelle approche du pouvoir pour essayer de les amener à abandonner les revendications financières dont le passif à ce jour est de 7 millions de FCFA pour chaque soldat. L’approche qui consiste à diviser et à semer le doute chez les soldats tourne au fiasco.
Jeudi, alors que l’opinion s’attendait à une rencontre annoncée entre une délégation des démobilisés venue de Bouaké et le chef de l’Etat, c’est plutôt des invités surprises qui ont fait une déclaration des plus surprenantes à la fin des entretiens sur le perron du palais présidentiel. Présentés comme des représentants des mutins de janvier, ceux qui ont eu droit à la parole devant les caméras de la télévision nationale ont présenté des excuses au président de la république, le père de la nation, selon eux, avant de déclarer qu’au nom de leurs camarades mutins, ils abandonnaient toutes les revendications financières. C’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase.
Comme une trainée de poudre, la nouvelle gagne les casernes qui se mettent aussitôt en ébullition. A Abidjan, Akouédo et le camp Gallieni se réveillent sous les détonations d’armes. Les mutins prennent rapidement le contrôle de ces casernes et y dictent même leur loi en guise de protestation contre une déclaration qu’ils considèrent comme une trahison et une distraction au moment où ils s’attendent à percevoir le reliquat des 12 millions de FCFA résultant d’un accord et non payé ces trois derniers mois.
Avant d’en arriver-là, Alassane Ouattara a multiplié ces derniers jours, les déclarations sur l’état désastreux des caisses du pays. D’habitude si prompt à vanter le taux de croissance et la performance de notre économie, le chef de l’Etat opte désormais pour un discours invitant à l’austérité. L’opinion est même informée des coupes budgétaires de l’ordre de 9 à 10 %. On le comprend, ce message était destiné aux mutins et à tous ceux qui portent en ce moment des revendications corporatistes. Hélas ! Ce message n’est pas tombé dans les bonnes oreilles. Dont acte !
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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