Le 17 septembre 2014, à la veille du scrutin présidentiel de 2015, Son Excellence le président Aimé Henri Konan BEDIE, président du PDCI RDA avait lancé un appel historique depuis sa ville natale de Daoukro qui a fait bouger considérablement les lignes politiques en Côte d’Ivoire. Alors que les militants se préparaient à aller à cette élection avec un candidat issu des rangs du PDCI RDA, notre président avait demandé à tous de faire bloc derrière le président Alassane OUATTARA dans le cadre du RHDP pour consolider le pouvoir que nous avons acquis de haute lutte en 2010.
En contrepartie, Son Excellence le président Henri Konan BEDIE avait indiqué qu’en 2020, l’on ferait la passe à un cadre du PDCI RDA dans le cadre d’une alternance qui va se gérer en haut lieu entre lui et son jeune frère Alassane OUATTARA. Même si certains que nous avons appelés les ‘‘irréductibles’’ s’étaient opposés en son temps, en militants disciplinés, nous avions écouté la voix du président du parti qui est pour nous une boussole et un guide. Mais à trois ans de 2020 alors que le débat sur l’alternance fait rage, nous ne comprenons pas un certain nombre de choses qui se passent au sein de notre appareil politique.
Aujourd’hui, nous comprenons et admettons mal certaines décisions prises par notre président. D’abord sur la question de l’alternance, il nous a toujours dit d’avoir confiance en lui et que cette question va se discuter entre lui et son jeune frère Alassane OUATTARA. Sur ce point, nous invitons donc nos cadres à ne pas céder à certaines provocations qui vont nous détourner de l’essentiel. Mais là où nous ne comprenons plus rien dans la logique du président de notre parti, ce sont les récentes nominations opérées au sein de la direction du parti et la position qui est en train de changer sur la question de l’alternance.
Après le séminaire de Bingerville, le président a procédé au remaniement du Secrétariat exécutif et à la nomination de certains cadres du parti aux postes de vice-présidents et au porteparolat. Mais là où le bât blesse, c’est la nomination de Monsieur ALLAH Kouadio Remi et de Madame Emilienne Bobi ASSA aux postes de vice-présidents et de Monsieur Jean Louis BILLON comme porte-parole du PDCI RDA. Même si nous n’avons rien contre sa personne, le dernier cité, en l’occurrence Jean Louis BILLON, est un vrai caméléon de la politique ivoirienne. Quel est au juste son parcours au sein du parti pour être bombardé aujourd’hui porte-parole du PDCI RDA ? Avant-hier, Jean Louis BILLON était de la Société civile. Hier, il était au RDR et a été candidat pour le compte de ce parti aux dernières élections régionales. Aujourd’hui, c’est au PDCI qu’il atterrit et dès qu’il dépose ses valises, on lui cède majestueusement le micro pour être le porte-parole du parti. Quel signal le président veut-il envoyer aux militants qui, depuis le coup d’Etat de Guéï ne cessent de se battre pour éviter une fusion-absorption ou une disparition certaine du PDCI RDA ?
Au-delà de BILLON, nous ne comprenons pas également la promotion à la vice-présidence du parti de Monsieur ALLAH Kouadio Remi et de Madame Bobi ASSA Emilienne. Nous n’avons également rien contre ces deux personnalités pour qui nous avons un respect. Mais ALLAH Remi et Bobi ASSA sont tous deux des anciens ministres qui étaient les candidats officiels et qui ont fait perdre le parti dans deux villes qui sont des symboles pour le PDCI RDA : Toumodi et Dimbokro. Comment peut-on nommer aux fonctions les plus hautes au sein de notre appareil politique deux personnes qui ont été sanctionnées à la base par les militants ? Ici encore, quel signal le président BEDIE veut-il envoyer aux militants quand il nomme comme ses adjoints directs, des cadres qui ont été vomis et sanctionnés par la base ? Et comme si cela ne suffisait pas, en dehors de Madame Bobi ASSA, Messieurs ALLAH Kouadio Remi et Jean Louis BILLON sont les premiers pourfendeurs du RHDP au sein de notre parti. Et ça, tout le monde le sait. Pourquoi alors nommer ces anti-RHDP dont les positions sont notoirement connues comme vice-président et porte-parole du parti ? Est-ce à dire que le président Henri Konan BEDIE qui est le président de la conférence des présidents de parti du RHDP n’est plus dans la dynamique de la création de l’alliance RHDP ? Si tel est le cas, il faut que le président nous le dise pour que nous, militants à la base, on sache sur quel pied danser.
Ce qui nous intrigue davantage, c’est l’évolution de la position du président BEDIE sur la question de l’alternance. Il a toujours fait savoir que cette question relève de sa compétence exclusive avec son jeune frère Alassane OUATTARA. Mais depuis la semaine dernière, le président du parti a eu une position qui contrarie avec la posture qu’il a toujours adoptée vis-à-vis des militants. Il a clairement indiqué que le PDCI doit préparer un militant actif pour la présidentielle de 2020. S’il a bouclé la question de l’alternance avec son jeune frère Alassane Ouattara, qu’il nous le dise aussi pour nous permettre de nous préparer. Si la rupture est aussi consommée au sein du RHDP et que le PDCI doit se préparer seul à aller à la présidentielle en 2020, qu’on nous le dise aussi. Le président Henri Konan Bédié, on le sait a toujours a été constant dans ses prises de décisions ; c’est pourquoi nous n’avons rien compris dans ses choix de ces derniers temps.
Mais certaines informations que nous avons qui émanent de son premier cercle nous rapportent que le président du parti est en réalité pris en otage par deux cadres supposés du PDCI RDA dont le militantisme laisse à désirer : Il s’agit du même Jean Louis BILLON et du ministre Thierry TANOH. Ce sont ces deux métisses qui, selon nos informations, ont convaincu Bédié qu’ils peuvent faire le poids face au RDR en 2020 et manifestement le président BEDIE est en train de les suivre dans leur logique. Nous ne sommes pas contre la candidature d’un cadre du PDCI RDA. Loin s’en faut. Mais ces deux-là, qui n’ont aucun fait d’arme au PDCI RDA et qui ont un agenda particulier ne peuvent pas entraîner le président du parti et l’ensemble des militants dans une aventure à l’issue incertaine. Comme nous le disions, Jean Louis BILLON est un caméléon politique. Thierry TANOH est un célèbre anonyme dont le nom a figuré pour la première fois dans les documents officiels du PDCI RDA dans le cadre de l’organisation des festivités des 70 ans de notre parti.
Il ne faut donc pas que des individus, fussent-ils des militants entrainent le parti dans une aventure ambigüe. En conclusion, le président Henri Konan BEDIE demeure notre leader et notre guide. Qu’il nous dise où il va au juste avec ses deux métisses et quel est l’état des lieux au sein de l’alliance RHDP. Les militants que nous sommes avons besoin d’être situés.
N’Guessan N.K
Enseignant de lettres, militant de base Yamoussoukro
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