Institutions fantoches en Côte d’Ivoire: Opposition et Presse muselées, Ouattara met la Démocratie en coupe réglée

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Lu pour vous

Le milieu de la presse et de l’information numérique est en ébullition en Côte d’Ivoire. Tout le monde ou presque pousse des cris d’orfraie devant le projet de loi portant régime juridique de la presse et de d’audiovisuel en discussion à l’Assemblée nationale.

Ce projet est, en effet, rétrograde et liberticide. Il malmène la Démocratie. Mais il a l’avantage d’épouser parfaitement la lettre et l’esprit de la nouvelle Constitution, la Loi fondamentale qui a instauré, depuis le 8 novembre 2016, la IIIè République ivoirienne.

Sous sa dictée et alors que l’article 124 de la défunte Constitution de 2000 n’imposait qu’une révision, les experts conduits par Pr Boniface Ouraga Obou, ont produit un nouveau projet de Constitution qui fait d’Alassane Ouattara, coupable de parjure, le monarque républicain: sous les ors de la République, Alassane Ouattara détient, à lui seul et dans les faits, tous les Pouvoirs.
Dans un État dit démocratique, le chef de l’Exécutif a une mainmise complète sur le Judiciaire et contrôle le Législatif. A preuve, Soro Kigbafori Guillaume, président de l’Assemblée nationale, appelle Daniel Kablan Duncan, Vice-président de la République, «patron » alors que dans un système de séparation stricte des Pouvoirs, il n’y a pas de lien de subordination entre l’Exécutif et le Législatif. Mais en Côte d’Ivoire, le Président et le Vice-président sont les «patrons» de tous les autres présidents d’Institution.

Les Institutions fantoches ne servent donc pas de garde-fous aux excès du Président de la République. C’est pourquoi la Haute Cour de Justice n’a jamais été mise en place et le chef de l’Etat ne fait aucune déclaration de son patrimoine, malgré les dispositions constitutionnelles.

Les députés ont adopté, à une large majorité, ce projet et le référendum constitutionnel n’a été qu’une simple formalité. Car au plan national, non seulement les soutiens ont été relativement massifs, mais la presse ivoirienne a joué sa partition, tirant, comme d’habitude, à hue et à dia en ne sachant pas qu’elle serait la prochaine cible de l’autocrate Ouattara dont les soutiens ne le lâchent pas.
Contrairement à son allié politique turc, Recep Tayyip Erdoğan qui se trouve dans le collimateur de la communauté internationale pour les mêmes raisons, Ouattara, lui, est ménagé par l’Union européenne et l’opinion bien pensante internationale qui ferment les yeux sur sa dérive autoritaire.

Il a donc les coudées franches et déroule son rouleau compresseur. Certainement que Ouattara ne veut pas interdire, comme Nanan Houphouët-Boigny l’a fait de 1960 à 1990, les partis politiques de l’Opposition déjà existants. Mais le bâillonnement ne dit pas son nom: leurs activités restreintes se résument essentiellement aux conférences de presse et sorties périphériques. Les marches et manifestations de protestation, assimilées à des actes de déstabilisation, sont systématiquement interdites.

S’il a tous les Pouvoirs républicains, un seul lui échappe en partie: le prétendu quatrième Pouvoir, celui de la presse. Alors, il veut imposer sa paix sur ce front. Il a fait adopter un projet de loi, avec de nombreux sous-entendus, qui ne le caporalise pas, mais le muselle et le garrotte. L’objectif avéré, mettre la liberté d’expression et de presse sous haute surveillance.
Au pays du démiurge Ouattara, tout le monde, à commencer par les anciens membres du Gouvernement astreint à un silence total, doit faire désormais très attention à ce qu’il dit, écrit ou fait écrire. Les événements vieux de dix ans deviennent, par voie de presse, des sujets tabous, etc. Le mot d’ordre est motus et bouche cousue. Silence, on va à l’amnésie et à l’émergence.
Ce n’est pas officiellement la pensée unique, mais Ouattara qui a une sainte horreur de la contradiction, s’agace des critiques. Alors, le pays entre de plain-pied dans son archipel du Goulag avec un seul chef et un seul peuple.

FERRO M. Bally

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