Côte d’Ivoire Akouré: La fête de la liberté célébrée devant 5 mille militants, Affi désavoué à jamais

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Et le gros piège se referma sur Affi, désavoué à jamais

Combien étaient-ils ceux des militants du Fpi qui n’ont pas voulu se faire conter l’événement qui s’est tenu ce dimanche 30 avril 2017, à Akouré village de la sous-préfecture d’Oghwlapo en pays Gwa ?
« On n’avait jamais vu une telle marée humaine auparavant dans ce village. C’est historique, c’est fantastique ce que nous vivons. C’est fait, c’est démontré, le peuple de Côte d’Ivoire est pour Gbagbo ! », tente de répondre un natif du village qui tentait de se frayer un chemin dans la longue procession de militants qui défilaient par fédération. 103 bâches archi-combles, plus de 100 convois composés de minicars et de gros porteurs ont envahi depuis la veille ce gros village moderne à l’habitat moderne et colonial qui bénéficie de l’électricité et de l’approvisionnement en eau potable. C’était sans compter les véhicules personnels et les militants qui ont fait le chemin à pieds ou à moto. En un mot comme en mille, les organisateurs ont relevé le défi de la mobilisation. Et la menace d’interdiction actée par le camp Affi est venue comme un adjuvant à cette mobilisation pour dire que l’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo n’est pas le maître du Fpi. Et sa posture actuelle ne peut que sonner l’orgueil de ses adversaires. Selon des confidences, Affi est tombé dans le piège du pouvoir Ouattara qui l’a lâché depuis mais qui lui donne l’illusion de tenir encore le Fpi. En réalité pour certains analystes, la vraie intention du pouvoir n’a jamais été d’interdire cette manifestation. Là-dessus, on apprendra plus tard par une dépêche ce même dimanche que le préfet a été désavoué par le premier ministre Gon.

A Akouré tout a été fait pour bien accueillir les délégations. Depuis l’entrée du village, de jeunes gens en tee-shirts estampillés « sécurité » étaient à la tâche pour filtrer et orienter les arrivants. Dans la discipline, ils fouillaient les véhicules, les visages dégoulinant de sueur. Un peu plus loin, des femmes tout de blanc vêtues, suie blanche sur le visage accueillaient les arrivants avec des clapets taillés dans du bambou de Chine. Elles jouaient les exorcistes par ces temps d’hostilité.

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C’est dans cette ferveur que débute le défilé des délégations, l’un des temps forts de la cérémonie. La longue procession qui se fait par fédération du parti permet de rendre compte de la vitalité et de la ferveur militante ici et là sur l’ensemble du territoire. La frange du Fpi restée loyale à Gbagbo revendique à ce jour 116 fédérations. Aux dires des organisateurs, 108 d’entre elles ont fait le déplacement d’Akouré, des plus insoupçonnées aux plus actives. Militants et sympathisants sont venus de Korhogo, de Touba, de Kong, de Séguéla… des zones considérées comme des bastions du Rdr, le parti du chef de l’Etat Alassane Ouattara. Également de l’ouest montagneux comme Sipilou, Danané, Man, Zouan Hounien pour ne citer que ces zones. Le peuple militant du Fpi était là, sous le soleil comme sous la pluie jusqu’à la dernière étape marquée par le discours de Sangaré.

La guerre des slogans

Le temps du défilé est une occasion de découvrir les messages forts exprimés par les militants. Ici un seul nom domine, celui de Laurent Gbagbo, une chanson rentre dans les annales, « Gbagbo kafissa (Gbagbo est mieux, en langue malinké) ». Comme revendication principale, les militants réclament le retour de leur champion Gbagbo et celui de Blé Goudé en Côte d’Ivoire. Et la guerre des slogans sur les banderoles tournaient autour de cette seule thématique. « 6 ans de détention, 1 an de procès, zéro preuve. Libérez Gbagbo on va avancer », fait remarquer la fédération d’Abidjan Lagune – « Tout le peuple de Korhogo engagé derrière Gbagbo », révèle Korhogo – « Cpi, autant de témoins pour zéro preuve. Libérez Gbagbo », raille Sipilou quand Séguéla témoigne sa fidélité avec « Séguéla reste fidèle au président Gbagbo pian ! »

La palme de la mobilisation est revenue aux fédérations de Gagnoa avec plus de dix convois, Yopougon, Bonoua et le Leboutou (Dabou). Ces deux dernières fédérations ont marqué les esprits avec un majestueux défilé avec de jeunes gens déguisés, des grelots, des cloches et des tam tam. Le secrétariat général du parti, Sangaré en tête a fermé la marche après les femmes conduites par Marie Odette Lorougnon.

L’appel de Sangaré : « Quitter le terrain des discours pour celui des actes »

Dans son long discours qui a mis fin à la cérémonie, le président par intérim a, comme à son habitude magnifié Laurent et Simone Gbagbo, injustement détenus, selon lui. Il a réitéré que son ami, son mentor Laurent Gbagbo reviendra de la Cpi, vêtu d’habits de gloire comme David qui avait été voué aux gémonies par ses propres frères. Il a affirmé son soutien à Georges Armand Ouégnin qui conduit les rênes de la nouvelle plateforme EDS. Sangaré a décrit celui-ci comme un homme de mesure, un homme de devoir, un homme intègre à qui il faut faire confiance. Plus clair que jamais, il a affirmé que le Fpi via l’EDS aura son candidat à la prochaine élection présidentielle. Aussi a-t-il demandé aux siens de quitter le terrain du discours pour celui des actes. Il a dit attendre beaucoup des cadres du parti pour préparer les échéances à venir. « Nous ne sommes pas des accrocs du pouvoir mais nous avons un projet pour la Côte d’Ivoire. En 2017, il faut qu’on engage la bataille », a-t-il lancé du haut du podium géant.

Sangaré a également donné les raisons du choix d’Akouré et pourquoi la fête de la liberté a encore un sens pour son parti. Une fête qui a valeur de symbole et qui permet de faire le diagnostic des libertés depuis les années 90. On retient que pour « le gardien du temple », sous la pression de la rue, Gbagbo et ses camarades ont arraché le multipartisme à Houphouët. Cet acquis politique, dit-il, a impacté la vie sociale avec la création d’associations et syndicats dont certains vivent encore aujourd’hui. C’est une victoire qu’il faut selon lui, célébrer. Et le choix d’Akouré est, ajoute-t-il, une réponse à la Cpi dont le procureur soutient que des partisans du président Gbagbo ont incendié une mosquée, à Dabré, non loin d’Akouré, et brûlé vifs l’imam et son fils. Un fait qui, dans la réalité, n’a jamais existé.

SD de retour d’Akouré

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