D’après Leslie Varenne, co-fondatrice de l’Institut de Veille et d’Etude des Relations Internationales et Stratégiques (IVERIS)
« … Il faut rester prudent et ne pas prendre au pied de la lettre les déclarations d’un candidat en campagne, le pire n’est jamais certain, il y a souvent des gaps abyssaux, heureux ou malheureux entre les paroles et les actes. En revanche, le choix des hommes pressentis pour le conseiller dans ce domaine donne des indications plus crédibles que des bribes de discours déclamés sous les feux de l’actualité. Deux noms ont particulièrement attiré l’attention de l’IVERIS, ceux de Gérard Araud et de Justin Vaïsse.
Gérard Araud, actuel ambassadeur de France à Washington, est donné par plusieurs journaux comme le futur conseiller diplomatique à l’Elysée dans le cas où Emmanuel Macron succéderait à François Hollande. … Les Libyens et les Ivoiriens, eux, ont gardé son nom en mémoire. Nommé par Nicolas Sarkozy comme ambassadeur de France aux Nations Unies en 2009, il s’est trouvé à l’avant-poste des guerres de 2011. Le 5 juin 2011, le JDD titrait « Gérard Araud, l’homme de la guerre en Libye ». Il faut rappeler qu’à cette date, cet intitulé n’a rien de péjoratif puisque ce conflit contre la Jamahiriya de Muammar Kadhafi est encore salué comme un succès par presque toute la classe politique et médiatique. Et le JDD de poursuivre « Le représentant de la France à l’ONU, fin tacticien et négociateur hors pair, a imposé de haute lutte deux textes majeurs sur la Libye et la Côte d’Ivoire. Ce diplomate sans langue de bois symbolise la renaissance du Quai d’Orsay.» Dans ce même article, Gérard Araud témoigne ouvertement de son implication : « le mardi 15 mars au soir, nous nous sommes engueulés au téléphone, ma collègue américaine Susan Rice et moi, Je lui ai dit : « Susan, je te préviens, on va mettre ce projet de résolution au vote ! » Elle m’a répondu : « Bullshit ! », « Foutaises ! ». Deux jours, plus tard, le 17 mars 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU votait la résolution 1973 instaurant une zone de non vol au-dessus de la Libye et autorisait une action militaire afin de « protéger les civils » contre l’armée de Muammar Kadhafi. Le 19 mars, avait lieu la première frappe française dans le cadre de l’opération Harmattan suivie par celle de l’opération britannique Ellamy.
Mais Gérard Araud a été également à très actif en Côte d’Ivoire. En décembre 2010, avec Suzan Rice, ils sont soupçonnés d’avoir intimé l’ordre à Joung-Jin Choï, alors représentant de l’ONU en Côte d’Ivoire, de proclamer Alassane Ouattara vainqueur avant la décision du Conseil constitutionnel. Ce qui fut fait le 3 décembre 2011. Cette proclamation signe le début de ce qui est appelée la « crise ivoirienne » [3]. Puis, tout comme pour la Libye, Gérard Araud a milité en faveur de la résolution 1975, adoptée le 30 mars 2011. Cette résolution signe le début de la guerre en Côte d’Ivoire. En effet, sous prétexte d’autoriser la destruction des armes lourdes pour « protéger les civils », elle a permis à la France et à l’ONU de larguer des bombes sur Abidjan dès le 4 avril 2011…
Ces deux conflits ont été à l’origine des tensions exacerbées entre le bloc occidental et les pays des BRICS
Julien Vaïsse fait partie de ceux qui sont appelés à donner leur avis au sein de l’équipe diplomatique du candidat dirigée par Eric Lechevalier, ancien conseiller d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris. Cet historien a été propulsé par Laurent Fabius, en 2013, à la direction du Centre d’Analyse de Prospective et de Stratégie CAPS, un centre de réflexion rattaché au Quai d’Orsay.
Par Claude Koudou
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