Par Afrikipresse.fr
Le procès contre Laurent Gbagbo et son ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé a repris à la Cpi, le lundi 24 avril 2017. Pour cette reprise, c’est le chef de la communauté Agni du quartier Yao Séhi, dans la commune de Yopougon à Abidjan, qui est dans le box des témoins.
Face aux questions de Mme Anderson, avocate à la chambre du procureur, celui qui était président des habitants de Yao Séhi a confié qu’il ne connaissait que l’existence de trois parlements et agoras (espace de libre expression. Ndlr) dans la commune de Yopougon. « Il y avait un dans le voisinage du commissariat du 16e arrondissement, un à Wakouboué et le troisième est situé au service technique de la Mairie. Ce sont les partisans de Monsieur Gbagbo qui s’y rendent pour parler, uniquement, politique », a-t-il répondu à la question de l’accusation.
L’avocate demande alors à savoir de quelle région de la Côte d’Ivoire étaient originaires les personnes qui allaient à ces endroits.
Après un petit temps de silence, il lâche : « ceux qui fréquentent les parlements et agoras sont les Wê (Groupe ethnique qui regroupe les communautés Guéré et Wobê, originaires du l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Ndlr), les Akyés et les Bété (l’ethnie de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Ndlr). Je le sais parce que, en tant que chef de communauté, je participe à des séances de travail avec le service technique de la Mairie. Chaque fois que je suis de passage, je marque un petit temps d’arrêt pour écouter ce qui se dit. Je peux vous assurer que tout n’est qu’un tissu de mensonges. Les animateurs de ces espaces ne prêchent que le faux ».
Le témoin a aussi confié à la cour que le Président Laurent Gbagbo se rendait dans les parlements. Et quand le juge-président lui demande comment il sait cela, il dit avoir vu un jour le cortège de celui-ci partir en direction d’un parlement : « C’était le parlement du service technique de a Mairie. Je n’y étais pas. Je ne l’ai donc pas vu parler. Mais, j’étais au bord de la route lorsque son cortège passait. Il y avait une foule immense derrière lui. Certaines personnes qui sont revenues du parlement m’ont dit qu’il s’y était rendu ».
Il a poursuivi : « C’était quand même une visite du Président de la République. L’information sur sa présence à ce parlement ne pouvait que se rependre comme une trainée de poussière dans tout Yopougon. C’est ainsi que je l’ai appris. Sinon, je n’y était pas».
Le chef Agni de Yao Séhi affirme avoir échappé à la mort en 2010, pour avoir accueilli Ouattara.
Précisons que la chambre du procureur avait cherché à savoir si la chefferie de Yao Séhi avait reçu la visite des candidats avant le scrutin présidentiel.
« Oui. Nous avons reçu Alassane Ouattara et des émissaires de Laurent Gbagbo. Lorsqu’Ouattara est arrivé, des partisans de Gbagbo ont infiltré la foule qui est venue l’accueillir. Il a dû remonter dans son véhicule, par précaution. Mais, juste après sa visite, des jeunes se sont mis à poursuivre les trois chefs de communauté (Wê, Baoulé et Agni. Ndlr) que nous sommes. Ils scandaient, “Ceux qui accueillent les Burkinabè doivent payer cher. Nous allons en finir avec les traitres“. Si nous ne n’avions pas trouvé refuge dans les locaux du commissariat de police du 16e arrondissement, je serais mort à ce jour. Les deux autres chefs sont décédés longtemps après ces évènements», témoigne-t-il.
Le témoignage du chef de Yao Séhi prévu pour durer trois jours, s’est achevé le mercredi 26 avril 2017.
Jean-H Koffo
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