Par Connectionivoirienne
La Côte d’Ivoire et la République populaire de Chine ont déjà inauguré 50 ans de coopération. Les deux pays entretiennent de très bonnes relations et la Chine a souvent invité les dirigeants de la Côte d’Ivoire à effectuer des visites en Chine.
Les investissements chinois se chiffrent en milliards de FCFA et ne sont pas prêts de s’estomper. Une chose est cependant constante. Dans son désir d’expansion et de conquête des marchés africains, les chinois sont venus avec leur culture et leurs traditions qui ont fait d’eux la deuxième puissance économique du monde après les Etats-Unis depuis 2012. C’est le respect de la hiérarchie, la main d’œuvre bon marché, le dévouement au travail malgré les conditions difficiles, l’absence de la grève, le respect de l’autre… Mais tout s’arrête là. Les chinois dans leur approche opérationnelle en matière d’investissement hors de leurs frontières, particulièrement en Côte d’Ivoire, le cas que nous connaissons le plus, intègrent rarement les cultures et pratiques locales. Rarement, vous verrez des chinois se balader avec des gens autres que ceux de leur communauté. Un peu comme les mauritaniens, ils vivent pratiquement en autarcie et s’ouvrent difficilement aux autres.
Comment dans ces conditions, peuvent-ils se pénétrer de la culture des autres pour réussir au mieux leur intégration ? Les chinois, dans les marchés qu’ils contractent, ont très souvent fait appel à la main d’œuvre chinoise plus accommodante, laissant le menu fretin à la main d’œuvre locale. Même les conducteurs de camions, de grues, de machines sont chinois sur la plupart de leurs chantiers de construction.
Les chinois, selon un article de « Global Times, (quotidien chinois) » repris par courrierinternational.com et intitulé « Témoignage : L’effroyable racisme des chinois envers les Noirs » estiment que les noirs, africains surtout sont peu ‘’instruits’’ et ‘’paresseux’’. Des clichés et préjugés qui développent un sentiment de méfiance vis-à-vis des africains à qui ils veulent pourtant apporter le bonheur. Le même article indique même qu’en Chine les employeurs sont peu enclins à enrôler des Noirs même hyper diplômés, des chauffeurs de taxis refusent d’embarquer ceux-ci qu’ils considèrent d’ailleurs comme des hommes de couleur.
Résultat de cette stigmatisation : les conflits se multiplient sur les chantiers de construction tenus par des entrepreneurs chinois. Les plaintes sont nombreuses. De jeunes ivoiriens avec qui nous avons échangé sur ces sujets, estiment que, de façon générale les asiatiques ne respectent pas leurs droits et les font travailler dans des conditions exécrables pour des salaires de misère.
Début avril, un fait a été rapporté par la presse nationale sur un chantier routier dans le département d’Odienné. Des ouvriers ivoiriens qui ont déclenché un mouvement de grève pour l’amélioration de leur traitement salarial ont fini par en venir aux mains avec leurs patrons chinois. Il y eut 20 blessés et de nombreux dégâts matériels selon des sources. L’affaire a été passée en dérision par l’opinion en ne retenant que l’aspect factuel. L’idée répandue était que « deux chinois ont frappé à eux seuls 20 Odiennekas (habitants d’Odienné) ». On en rit jusqu’à présent sans poser le problème clé de la coopération avec les chinois en Côte d’Ivoire.
Après Odienné, le quotidien Soir Info dans sa livraison du mercredi 26 avril 2017 rapportait qu’à Sikensi également, ouvriers ivoiriens et employeurs chinois d’une carrière de granite ont failli s’affronter pour les mêmes revendications salariales. L’incident a été évité de justesse quand les deux parties, par sagesse ont décidé de s’asseoir autour d’une même table pour échanger. Une situation qui a abouti à la reprise du travail, le même jour dans l’après-midi.
Partout sur les chantiers chinois, les mouvements d’humeur sont monnaie courante. Une situation qui prend de l’ampleur ces derniers mois mais qui datent de quelques années en arrière. Il y a eu le chantier de construction de l’hôtel des députés à Yamoussoukro où les travaux ont été plusieurs fois arrêtés pour des raisons de grève. Pour limiter de tels agissements, les chinois préfèrent limiter le recrutement de la main d’œuvre locale. Il en était ainsi du chantier de ravitaillement d’Abidjan sud en eau depuis Bonoua, de la réfection de l’ancienne route de Bassam, de la rénovation du bloc ministériel au Plateau où les peintres et autres tâcherons étaient tous chinois, de même que du chantier en cours du stade olympique d’Anyama.
Au bout du compte, une certaine peur s’est emparée des jeunes ivoiriens qui se méfient désormais des chinois qui usent de leur art martial, leur redoutable technique de combat comme on en voit dans les films Karaté pour régler certains problèmes sur leurs chantiers.
Faut-il laisser perdurer cette situation ? Les chinois comme la plupart des asiatiques qui viennent chez nous ne devraient-ils pas sortir de leur enfermement pour côtoyer et pratiquer leurs ‘’frères africains’’ afin de briser les frontières de la méfiance ?
Ils devraient suivre l’exemple des occidentaux (français, anglais, allemands, américains…) qui développent des relations culturelles avec les africains et avec qui ces jeunes africains sont relativement à l’aise en matière de relations de travail.
SD à Abidjan
Les commentaires sont fermés.