51,37% pour Erdogan, 51,9% pour le Brexit, tout comme les 51,67% de obtenus par François Hollande contre Nicolas Sarkozy en 2012.
Victoire «au minima» d’Erdogan
Le président turc sort vainqueur du référendum validant une révision constitutionnelle qui va lui permettre de renforcer ses pouvoirs. Mais l’opposition dénonce une fraude électorale et l’Europe appelle à la prudence.
Le camp du « non » l’a emporté dans les trois principales villes : Istanbul, Ankara et Izmir (ici, à Istanbul).
À peine plus de la majorité, et bien loin du plébiscite recherché : seul 51,37 % des Turcs se sont prononcés en faveur du renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan. Le référendum portait sur une révision constitutionnelle qui prévoit, entre autres, l’abolition du poste de premier ministre et un transfert des compétences vers le président. Le gouvernement présentait cette révision comme indispensable pour assurer la stabilité de la Turquie face aux défis sécuritaires et économiques.
Comme au brexit les grandes villes opposées à la réforme
Le chef du Haut Conseil électoral (YSK) a ainsi confirmé la victoire du « oui », précisant qu’il devançait le « non » de quelque 1,25 million de voix, avec encore 600 000 bulletins de vote restant à dépouiller lundi matin. Au total, quelque 55,3 millions de personnes étaient appelées à voter dimanche 16 avril en Turquie, et le taux de participation s’est établi à 85 %, selon le YSK.
Comme au brexit, le camp du « non » l’a emporté dans les trois principales villes : Istanbul, Ankara et Izmir. Les régions du sud-est, peuplées en majorité de Kurdes, ont aussi massivement voté contre l’accroissement des prérogatives du chef de l’État. « C’est une victoire pour Erdogan, mais aussi une défaite. Il a perdu Istanbul, là où il a entamé sa carrière politique » en devenant maire en 1994, a écrit sur Twitter Soner Cagaptay, analyste spécialiste de la Turquie au Washington Institute.
L’appel à la prudence de l’Europe
Avec cette victoire, le président turc, qui a échappé à une tentative de putsch le 15 juillet 2016, disposera de pouvoirs considérablement renforcés et pourrait en théorie rester à la tête de l’État jusqu’en 2029. Dans un discours télévisé, Recep Tayyip Erdogan a salué une « décision historique » du peuple turc et appelé les pays étrangers à « respecter » le résultat du scrutin.
« Étant donné le résultat serré », le Conseil de l’Europe avait immédiatement appelé les dirigeants turcs à « envisager les prochaines étapes avec prudence ». Une crise diplomatique gronde entre Ankara et plusieurs pays européens, dont l’Allemagne et les Pays-Bas, qui ont interdit des rassemblements de soutien à Recep Tayyip Erdogan sur leurs territoires.
Un prochain référendum sur la peine capitale
Les détracteurs du président turc ont dénoncé une fraude électorale, alors qu’ils l’accusent de dérive autoritaire depuis plusieurs mois déjà. Les deux principaux partis d’opposition, le CHP et le HDP (prokurde) ont annoncé qu’ils feraient appel du résultat. Ils fustigent notamment une mesure de dernière minute du Haut Conseil électoral considérant comme valides les bulletins ne comportant pas le tampon officiel du bureau de vote dans lequel ils ont été glissés dans l’urne.
Après cette victoire, Recep Tayyip Erdogan a déjà en tête son prochain référendum : le rétablissement de la peine capitale dans le pays. Et si la peine de mort revenait en Turquie, le divorce serait alors entièrement consommé avec l’Union européenne, signant la fin du processus d’adhésion.
Avec La Croix (avec AFP)
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