Vice-présidence « aux contours flous » pour Duncan en Côte-d’Ivoire, retraite dorée ou tremplin politique ?

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Daniel Kablan Duncan, prime minister of Ivory Coast, speaks during an interview in Abidjan, Ivory Coast, on Monday, Aug. 31, 2015. The stability from the common currency has made it easier to keep investors in Ivory Coast, avoiding the sell-off in emerging market assets sparked by the surprise decision by China to devalue its yuan in August. Photographer: Jose Cendon/Bloomberg *** Local Caption *** Daniel Kablan Duncan

Par Anna Sylvestre-Treiner | Jeune-Afrique

Mi-janvier, Daniel Kablan Duncan quittait la primature pour la vice-présidence, un poste aux contours flous. A-t-il accepté, en fidèle compagnon du chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, une retraite dorée aux pouvoirs limités ? Ou compte-t-il, en fin stratège, peser au sommet de l’État, voire en prendre un jour la tête ?

L’aile est du palais présidentiel abidjanais est encore en chantier. À la hâte, il faut faire déménager certains collaborateurs, hisser des murs. Dans ces couloirs au cœur du pouvoir, tout est à remodeler. C’est là, au premier étage et à seulement quelques mètres du bureau du président Alassane Dramane Ouattara (ADO) que doit s’installer Daniel Kablan Duncan (DKD).

Deux mois après sa nomination au poste de vice-président, rien n’est encore prêt… Mais lui est déjà au travail. « On squatte ! » lance l’un de ses collaborateurs. Un autre s’excuse d’accueillir les visiteurs au milieu des cartons et des montagnes de dossiers. Depuis son départ de la primature, l’équipe qui entoure DKD est restreinte, mais ses fidèles, comme Théophile Ahoua N’Doli, son directeur de cabinet, ou Ephrem Enoh, l’indispensable secrétaire particulier, l’ont suivi dans cet inconnu qu’est la vice-présidence ivoirienne.

Il a passé sa vie dans l’ombre, et sans doute aime-t-il ça
« En attendant la fin des travaux, il a d’abord été envisagé qu’il reste dans ses bureaux à la primature et qu’Amadou Gon Coulibaly [le nouveau chef du gouvernement] patiente temporairement. Mais c’est l’inverse qui s’est produit : ce dernier s’est installé, et Duncan a dû bouger », raconte un proche du pouvoir. Pour l’instant, le deuxième homme de la Côte d’Ivoire se serre donc avec son équipe dans une annexe exiguë. « Il accepte toujours tout », soupire l’un de ses anciens ministres.

Mazarin ivoirien

« Humble », « simple », « effacé »… DKD est décrit comme un homme discret qui fuit la lumière. « Il a passé sa vie dans l’ombre, et sans doute aime-t-il ça », raconte un homme du sérail. Insaisissable, ce Mazarin ivoirien n’aime pas beaucoup qu’on s’intéresse à lui. Pourtant, ce 16 janvier 2017, c’est bien en son honneur que le tapis rouge a été déroulé.

Il est au centre des regards lorsque, la main levée, il prête serment. Devant les juges du Conseil constitutionnel, à 73 ans, il devient le premier vice-président de l’histoire du pays. Sous les lustres et les dorures, il remercie sa famille – presque une excentricité pour ce grand pudique –, la voix un peu tremblante. « Il était ému et un peu inquiet. C’est une charge importante », raconte l’un de ses amis, l’ancien ministre Ezan Akélé.

Il n’a jamais voulu le pouvoir pour le pouvoir

Sa nomination était un secret de polichinelle. Au côté du président ADO, originaire du nord du pays et musulman, DKD, membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), homme du Sud et chrétien, était le candidat parfait. « Lorsque je l’ai vu, il semblait ne pas en revenir. C’est une place qu’il ne convoitait pas. Il n’a jamais voulu le pouvoir pour le pouvoir », assure Ezan Akélé. Pourtant, à tout moment, « en cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu du président », il est désormais susceptible de prendre sa place.

Un poste vide

À une marche seulement du sommet de l’État… Mais sans véritable pouvoir. « C’est un poste vide, estime un politique. Il s’agit d’attendre que le président meure, c’est quelque peu morbide… » La nouvelle Constitution ivoirienne se contente d’indiquer que le « vice-président agit sur délégation du président de la République » et le « supplée lorsque celui-ci est hors du territoire national ».

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