François Fillon: « L’Afrique doit être plus que jamais un partenaire incontournable et privilégié de la France »

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L’ancien premier ministre français François Fillon sur une plateforme pétrolière du groupe Total au Nigeria, en 2009 / PIUS UTOMI photo

François Fillon: « J’accompagnerai nos entrepreneurs dans leur déploiement en Afrique »

Quel programme pour l’Afrique ? (1/5) Les cinq principaux candidats à la présidentielle française répondent au « Monde Afrique ». A commencer par le candidat du parti des Républicains.

Propos recueillis par Laurence Caramel LE MONDE

Immigration, aide au développement, bilan africain de François Hollande, bases militaires françaises sur le continent…Avant le premier tour de l’élection présidentielle française, le 23 avril, Le Monde Afrique a posé les mêmes huit questions aux cinq principaux candidats.

Souhaitez-vous aller plus loin dans la reconnaissance des crimes commis par la France pendant la guerre d’Algérie et, plus généralement durant la période coloniale ?

Envisager les relations de la France avec l’Afrique et le Maghreb à travers les seules pages sombres du passé est une erreur. Cela ne peut qu’alimenter ressentiments et instrumentalisations politiques. Ne prenons pas la place des historiens. Parler de « crime contre l’humanité » pour qualifier la colonisation en Algérie est une faute morale et un contresens historique. Oui, il y a eu des drames, des injustices, mais on peut regarder notre passé avec lucidité et équilibre. Inutile d’insulter des générations qui ont vécu dans leur chair l’histoire passionnée et douloureuse qui lia la France et l’Algérie.

Nous sommes suffisamment liés avec les pays du Maghreb et d’Afrique pour gérer le passé avec amitié. Nous l’avons fait avec l’Allemagne. La jeunesse d’Alger comme la jeunesse française n’a plus de compte à régler avec les années de guerre. Il faut construire l’avenir.

Je constate un déclin de nos relations avec le Maghreb. En cinq ans, nous avons perdu notre place de premier partenaire économique. Or, nous avons avec la rive sud de la Méditerranée des intérêts communs. Nous partageons la même détermination pour lutter contre le totalitarisme islamique qui gagne partout. Soutenir la stabilité et le développement, renforcer nos relations politiques et économiques sont les objectifs qui guideront mon action.

Quelle est votre solution pour lutter contre l’immigration massive en Europe ? Etes-vous favorable à l’installation de camps de migrants au Maghreb ?

L’Europe fait face à une pression migratoire considérable. En 2015, plus d’un million de migrants sont entrés en Europe par la route des Balkans. Des milliers d’entre eux meurent chaque année en Méditerranée, trompés par des trafiquants qui leur font miroiter des vies de cocagne.

Quels liens personnels entretenez-vous avec l’Afrique ou certains de ses dirigeants ?

Je me suis rendu à de très nombreuses reprises en Afrique, comme parlementaire puis comme ministre et comme premier ministre. En décembre, j’étais au Mali et au Niger pour soutenir nos forces. J’ai, de fait, noué des relations avec un grand nombre de dirigeants. Nous nous connaissons bien. Pouvoir parler et être écouté de tous est un atout indispensable pour aider à la paix et défendre les intérêts français.

« LE PARLEMENT ADOPTERA UN QUOTA LIMITANT LE NOMBRE D’ÉTRANGERS ADMIS EN FRANCE »

Nous devons mettre fin à cette tragédie et reprendre les choses en main, avec les Etats de transit et les Etats d’origine. Le Parlement adoptera chaque année un quota limitant le nombre d’étrangers qui seront admis en France, en fonction de nos besoins économiques et de nos capacités d’intégration.

La politique que je propose est celle d’une responsabilité partagée. Il est dans l’intérêt de l’Afrique de préserver ses forces vives. Il est dans l’intérêt de l’Europe de reprendre le contrôle de ses frontières, d’assurer l’intégration des populations en situation régulière et de faire respecter l’Etat de droit, en raccompagnant chez eux les déboutés du droit d’asile ou les étrangers en situation irrégulière. Je veux conditionner l’aide au développement à la coopération des Etats d’origine au retour de leurs ressortissants.

L’Afrique est régulièrement décrite comme un continent d’avenir. Le pensez-vous ? Pourquoi ? Comment la France peut-elle en tirer son parti ?

Oui, c’est un continent plein d’avenir. Ses atouts sont incontestables : ressources naturelles, démographie, croissance, essor éducatif, présence d’une classe moyenne ambitieuse… Ce doit être plus que jamais un partenaire incontournable et privilégié de la France.

La France y est engagée diplomatiquement, économiquement ou encore militairement. Le lien humain est aussi très fort, tant par le rôle des communautés françaises sur le continent africain que des diasporas africaines vivant en France.

Les entreprises françaises ont, depuis longtemps, compris que l’Afrique est une terre de croissance. Certes, elles ont perdu des parts de marché, en partie parce que le continent entre pleinement dans la mondialisation. J’accompagnerai nos entrepreneurs dans leur déploiement, avec un appui au commerce extérieur simplifié et consolidé. Par ailleurs, il ne faut pas négliger l’atout culturel de la francophonie.

Quels liens personnels entretenez-vous avec l’Afrique ou certains de ses dirigeants ?

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