Par Pierre Soumarey (à gauche sur la photo)
Pour être élu en 2010, le Président Alassane Ouattara a sollicité un mandat en vue de relancer l’économie et redresser le pays. Cette ambition constitue à la fois, son contrat social avec le peuple et son agenda de travail. Celui-ci comprend deux volets principaux : Au plan socio-économique, il correspond aux engagements qu’il a pris, de conduire la Côte d’Ivoire à l’émergence à l’horizon 2020 ; Au plan politique, il correspond aux règles de fonctionnement de l’alliance qui l’a soutenu, qui prévoit une alternance en son sein (désistement et soutien rotatifs), même si ce mécanisme fait toujours débat. La société ivoirienne semble figée par les enjeux de ce calendrier socio-économique et politique. Elle exprime désormais un certain pessimisme à l’égard de l’émergence promise, et une certaine inquiétude à l’approche de l’échéance des élections présidentielles et législatives de 2020. De fait, cette date de tous les possibles, devient le point focal de son attention, pour la suite de la gouvernance du pays, tant du point de vue économique (continuité programmatique) que du point de vue politique (conservation ou perte du pouvoir).
1- Nature et contexte de l’agenda
Ici, les uns se donnent les moyens de se préparer à ce rendez-vous, les autres se disputent en interne le « droit » à la succession du pouvoir dans la perspective d’un partage alternatif de celui-ci. Ailleurs, les uns se réveillent et essayent de refaire leur retard, les autres sont à la recherche de nouvelles alliances pour se fortifier ou survivre. Pendant ce temps, le Gouvernement concentre toute son énergie sur la réalisation, à bonne fin, du programme présidentiel « émergence à l’horizon 2020 ». Ceci malgré les pressions, les résistances, les aléas et les contrariétés qu’il rencontre dans son exécution (baisse du cours du cacao, remontée du cours du dollar, mauvaise qualité de certains travaux d’infrastructure, revendications sociales, retard dans l’apparition des indicateurs caractérisant une émergence). Parallèlement, la population continue de se plaindre de ses conditions de vie (cherté du coût de la vie, précarité de l’emploi, chômage de masse, indiscipline sur les routes, insalubrité, corruption, insécurité, insuffisance des services publics de base) et se pose toujours la question centrale de savoir de quoi la Côte d’Ivoire a-t-elle réellement besoin pour sortir de cette situation (faillite des systèmes de logement, de transport, de santé, d’enseignement, et de sécurité) et pour se relancer (nouveau contrat social, changement du personnel politique, réorganisation de l’Administration et de certains secteurs, nouvelles stratégies de développement).
Cette situation s’inscrit dans un contexte post-crise, dont la société ivoirienne n’a pas encore pris toute la mesure (absence d’investissements et de plan de développement pendant plus d’une décennie, coût de la guerre et déstructuration qui en découle ; faillite de l’Etat sous le poids de la dette publique, de l’embargo, et de la corruption ; alliance de circonstance pour la conquête et le partage du pouvoir). Pour des raisons politiques, l’État se montre discret ou ne souhaite pas communiquer sur l’ampleur du coût de la crise électorale de 2010 et des précédentes, qui se chiffre à plusieurs milliers de milliards. Il est nécessaire de rappeler aux Ivoiriens qu’ils doivent assumer pleinement les errements de leur histoire et accepter collectivement les conséquences de leurs actes. D’une manière ou d’une autre, personnes d’autres qu’eux-mêmes, n’en supporteront le prix. C’est une question de vérité, d’objectivité, de responsabilité, et de solidarité de fait, qui doit désormais nourrir notre réflexion et faire évoluer nos attitudes mentales, si nous savons apprendre de notre expérience. Cette dernière crise a lourdement hypothéqué le programme présidentiel du candidat Alassane Ouattara à sa prise de pouvoir. Il est tout à fait remarquable, qu’il ait pu néanmoins le mettre en œuvre par la suite. La situation actuelle met en évidence :
a) – Premièrement : L’impuissance des pouvoirs publics à conduire une réforme profonde de la société ivoirienne, pour construire un ivoirien nouveau, ce projet ayant manifestement échoué (corruption, indiscipline, insalubrité, fraude, violence, incivisme, séduction, impunité). Ceux-ci manquent-ils de courage politique pour s’attaquer frontalement aux maux de la société ivoirienne ou au contraire sont-ils incapables de construire une culture « émergente » (références, valeurs, motivations, organisation administrative, environnement socio-culturel) ou encore d’avoir une communication pouvant favoriser une telle entreprise ? Les ivoiriens sont-ils foncièrement réfractaires à un changement en profondeur de leurs attitudes, habitudes et modes de vie ?
J’observe aussi que le Président Alassane Ouattara n’a pas inventé et défini un modèle social auquel se référer. D’ailleurs, il n’a pas été élu sur la base d’un programme de réformes. Il n’a pas reçu mandat pour reformer la société ivoirienne. Dès lors, la légitimité de ses réformes en matière sociale, se heurte à des résistances inévitables. Ses partisans et soutiens (RDHP), n’ont pas théorisé et conceptualisé correctement, les concepts d’émergence (1er mandat) et d’ivoirien nouveau (2ème mandat), avant de les populariser. Ils ont vendu aux populations à la place de ceux-ci, des slogans politiques et le concept pernicieux de l’État providence (protection et redistribution sociale), et repris trop facilement à leur compte l’idée du « miracle économique » de l’ère Houphouet-Boigny, qui séduit encore l’imaginaire populaire (forte croissance, développement des infrastructures) sans jamais avoir le courage de parler d’auto-recentrage (orientation endogène) et de les réévaluer dans le temps, au regard de sa dimension réformatrice (effort) et transformatrice (structure de la croissance), par paliers successifs (durée, progressivité), et de mettre en avant ses objectifs à court terme (redressement des comptes publics, accroissement de l’activité, diversification de la production, articulation géographique de l’activité, modification des modes de production, intégration sectorielle. Bref, installation des prérequis d’un décollage économique).
b) – Deuxièmement : L’ambition réformatrice ne suffit pas, si elle se heurte à une force d’inertie et à l’incompréhension du corps social. Nous n’avons pas encore une société consensuelle sur les fondamentaux (conditions indispensables et nécessaires au développement du pays et au bien-être des populations). Preuve : l’absence d’une tradition contractuelle dans les négociations sociales et l’absence d’un dialogue politique sur les questions d’intérêt national, alors que sur ces questions essentielles, l’opposition et les syndicats devraient être consultés. Ces derniers préfèrent discuter de leur statut, de leur rétribution et de leurs intérêts. Étroitesse d’esprit ou égoïsme de nos acteurs sociaux et politiques (esprit de chapelle, intérêts corporatistes et partisans, au détriment de ceux de la Nation) ? Survivance d’antagonismes et de fractures irréductibles dans la société (clivages politiques, tribalisme, meurtrissures de l’histoire) ?
Le défi est de réussir à réaliser un consensus autour d’un projet commun, de se mobiliser tous ensemble (Gouvernement, opposition, collectivités territoriales, syndicats, patronat, travailleurs), contre la pauvreté, la cherté de la vie, le chômage, la corruption, ou encore de trouver tous ensemble les moyens de sauver ou de ressusciter l’école, la santé, et le transport public, tout en respectant les contraintes du plan de développement national et du modèle « alassaniste » d’émergence (conservation de son architecture générale et de son articulation temporelle). Il revient toujours à l’État d’exercer l’effectivité du pouvoir, même si dans les domaines précités, il peut se limiter à donner des directives, à encadrer la démarche pour rechercher un élan national, avant de s’approprier le projet et de le mettre en œuvre. Un consensus où chacun accepte de faire sa part d’effort, en commençant par l’État (dégraissage drastique des effectifs pléthoriques et de complaisance, suppression des structures et institutions inefficaces et budgétivores, réduction du train de vie de l’État).
c) – Troisièmement : La tradition autocratique et les dérives monarchiques du pouvoir en Côte d’Ivoire, n’ont jamais permis de véritables changements, au sens de révolution (rupture), à part les coups d’état. Ce trait de caractère commun aux différents pouvoirs qui se sont succédés à la tête de l’État, les a privé de rechercher au préalable, la bonne méthode, pour faire accepter à leurs populations, les réformes qu’ils envisageaient. Notre tradition est de décréter un catalogue de mesures, et de les faire passer en force, soient–elles radicales ou sensibles. En Côte d’Ivoire et en Afrique, le Pouvoir pense pour le peuple. Or, quand des mesures ou des lois ne sont pas appliquées sur le terrain social, ce n’est pas forcément que le peuple est incapable de changement ou d’exprimer un bon comportement citoyen, mais que ces dernières ne sont pas pertinentes par rapport à son intérêt la réalité qu’il vit. Aussi, il faut savoir dans certains domaines laisser le peuple définir ses besoins, laisser le terrain parler, à charge pour le politique de les adopter après réexamen, de les formaliser et de les intégrer dans son plan d’action. Il n’est pas toujours bon que le politique pense tout à la place du peuple, il peut en découler un décalage important, un déphasage. Tous les leaders politiques qui ont réussi à redresser ou remettre debout leur pays dans le monde, ont usé d’une démarche inclusive, participative, et consensuelle pour le faire. Ensuite, l’opinion a besoin d’être préparée à l’avance, d’être suffisamment informée des réformes envisagées avant leur occurrence, pour leur ôter tout caractère de brutalité. Enfin, elle a besoin d’être convaincue de leur bien fondé, et non d’en être simplement informée.
Le Premier Ministre Gbon Coulibaly qui a bien compris cette faiblesse, innove en lançant une négociation avec les syndicats pour une trêve sociale. Néanmoins, on observe qu’il n’a pas encore expliqué les objectifs sectoriels de son action, pour susciter le consentement et l’adhésion. Le Président Alassane Ouattara n’échappe pas à ce piège, et le RHDP qui s’étripe prématurément sur sa succession, a perdu la bataille culturelle (communication, médias, réseaux sociaux, débats) pour réussir à mobiliser au-delà de ses frontières partisanes. Si l’enthousiasme populaire qui accompagnait son action à son accession au pouvoir, est retombé, donnant parfois l’impression que son programme s’essouffle, c’est tout simplement parce que celle-ci est frappée par un déficit de pédagogie, de méthode, et de lisibilité. Les objectifs de son action ne sont pas bien expliqués, les performances réalisées ne sont pas mises en valeur et surtout en relation avec l’intérêt social (influence sur la vie quotidienne des populations). Les différents rouages de l’État ne sont ni assez responsabilisés (absence de sanction et d’objectifs de performance), ni assez évalués (impact d’intérêt public, suivi de l’applicabilité effective des mesures), pour améliorer leur rendement dans le service rendu aux populations. Les ministères ne sont pas suffisamment audités (corruption, gaspillage, détournements, doublons, absentéisme, sous-emploi des compétences, faiblesses structurelles). Les réformes mêmes du Gouvernement ne sont pas assez audacieuses, pour permettre d’une part, d’induire une rupture, une révolution, d’autre part, de s’en servir comme outil pédagogique pour démontrer qu’elles apportent des changements positifs à la société. Il faut des résultats concrets, immédiats, et convaincants en matière sociale, pour susciter la confiance et la patience.
2 – Défis de l’agenda 2020
a) – Théorisation du programme de Gouvernement :
Les objectifs et la philosophie qui animent le programme de développement du Gouvernement ont besoin d’être énoncés clairement, parce que le concept de l’émergence, reste ambigu et inaccessible, au grand nombre. C’est une affaire de spécialistes. Dès lors, il est de nature à générer malentendus et méprises, auprès de ceux qui le véhiculent et des populations. Ceci pourrait expliquer pour partie les frustrations, les attentes déçues, et la démobilisation.
En effet, comment expliquer que des populations à qui l’État n’a exigé aucune privation, aucun sacrifice particulier, comme contribution à l’effort de redressement, puissent se déclarer ou se sentir déçues, alors que globalement leur situation a connu une amélioration substantielle (augmentation du SMIG, revalorisation des traitements et salaires, FAFCI, Fonds d’appui aux jeunes, augmentation des revenus agricoles, construction d’écoles et d’hôpitaux) ? Il est une évidence, que cette déception se conçoit sur la base de leurs attentes (illusions sur ce qu’est un processus d’émergence) et des promesses non honorées. Paradoxalement, ce sont elles qui exigent encore que l’État lâche du lest dans certains secteurs (sécurité, santé, école) sans contrepartie aucune. Si ce dernier doit savoir et pouvoir le faire en accordant davantage de moyens à ces secteurs sensibles, pour l’intérêt public et pour la paix sociale, il ne demeure pas moins qu’un effort doit être obtenu ailleurs, pour préserver l’équilibre des comptes ou éviter de gonfler la Dette. Dès lors, la négociation devient indispensable, afin de ne pas habiller Paul, en déshabillant Jacques, ou de faire exploser la Dette, en ruinant l’avenir des générations futures, qui auront à la rembourser.
b)- Pédagogie et lisibilité de l’action :
On ne peut pas gouverner par ordonnance ou par décret. Le parlement doit âprement discuter les amendements. La société civile doit être consultée en amont des mesures socio-économiques. Sur les mesures phares, l’État doit réussir à expliquer clairement, dans un langage accessible, ses motivations, ses objectifs et l’impact de ses mesures. Ce discours doit faire écho au vécu, à l’expérience quotidienne des populations que ces mesures visent, pour faire sens auprès d’elles. C’est le rôle des communicants du Gouvernement et des partis qui soutiennent son action. Ensuite, le pouvoir doit convaincre de la justesse de ses décisions et de ses mesures. La réforme se conjugue avec un narratif qui explique sa nécessité. Pour y parvenir il doit s’appuyer sur ceux à qui ses mesures bénéficient, plutôt que de répondre à ceux qui y sont opposés. Il faut dépasser les clivages politiques et contourner les corps intermédiaires, pour s’adresser directement aux populations. Ceux qui s’opposent aux reformes, aux changements et aux innovations, sont toujours bruyants, mais souvent très minoritaires, à l’opposé de la majorité silencieuse dans un pays. C’est sur cette dernière qu’il faut s’appuyer. Enfin, il faut expliquer les conséquences négatives pour le pays et le bon vivre des populations, en l’absence de telles initiatives.
Pour circonvenir à la carence patente des structures et des agents de contrôle, il serait intéressant de confier aux populations bénéficiaires de certaines mesures sociales, le contrôle de leur application effective sur le terrain, en multipliant la création de centres d’accueil et d’appels par ministères, auprès desquels, celles-ci pourraient dénoncer les situations d’abus et les violations. Ces centres doivent être accessibles, connus de tous, et dotés d’une capacité de traitement et de réaction rapide, pour solutionner et permettre de sanctionner les cas qui leur seront signalés, dans des délais très courts. Les sanctions doivent être fortement dissuasives, pour induire de nouveaux comportements.
C) – Symboles et originalité de l’action
Le renouveau et le changement ont besoin de peau neuve. Ceci implique qu’il est temps que certains politiques laissent la place à la génération montante et aux femmes. Ensuite, le Gouvernement et la Haute Administration, doivent être la vitrine de l’unité retrouvée, de la cohésion et du brassage social. Ceci implique d’y associer la société civile et d’y voir représenter toutes les régions du pays, suivant la compétence individuelle des personnes qui seraient retenues à cet effet. Enfin, il n’est plus possible de garder dans les liens de la détention des citoyens, sans que n’intervienne dans des délais raisonnables un jugement. L’appareil judiciaire doit impérativement s’améliorer, pour remplir pleinement sa mission et répondre à la demande des justiciables. Quel est ce pays où ceux qui sont condamnés sont en liberté (filière café/cacao, déchets toxiques, politiques, etc.) tandis que ceux qui ne le sont pas, sont en détention ? Troublant. Ces trois volets peuvent permettre de redéfinir le contrat social, sur lequel s’appuyer pour redresser le pays et achever les chantiers du Président de la République.
L’originalité pourrait consister à ne pas vouloir tout reformer, mais de reprendre tout simplement avec les mêmes dénominations, ce qui a déjà produit des résultats antérieurement sous les régimes précédents, en les amplifiant (l’ère Houphouet-boigny en est très riche). Il faut inscrire l’action dans la continuité de l’État et éviter de décontenancer les populations, par des changements qui ne sont pas indispensables. En matière d’infrastructures, achever les travaux commencés et réhabiliter les anciens actifs, plutôt que de les vouer à l’abandon (exemple, le lycée scientifique de Yamoussoukro, les résidences universitaires et présidentielles, les anciennes routes remplacées par l’autoroute pourraient servir de nationales après réhabilitation, ou de voie de passage de certains poids lourds). Ensuite, mettre de l’ordre dans ce qui existe déjà (universités, parc immobilier locatif, taxis, transports publics, cliniques et écoles privées, services publics, régies financières, encadrement des prix, productivité de la fonction publique). Enfin, faire la chasse à ce qui empoisonne la vie des citoyens (insécurité, insalubrité, corruption, racket, embouteillage, pollution, interruption intempestive de la fourniture d’électricité et d’eau, insuffisance des accès internet, etc.) et lancer un chantier ambitieux pour résorber le chômage des jeunes et renforcer la présence de l’État dans les villes de l’intérieur.
D) – Ancrage de la démocratiques et de l’État de droit
L’enjeu ici est de parvenir à un seuil de maturité et de responsabilité politique, permettant une alternance démocratique et pacifique du pouvoir. La société ivoirienne doit se rappeler, que ceux qui n’apprennent pas de leur passé, sont condamnés à le revivre. Les politiques plus particulièrement, doivent constamment garder en mémoire, dans les actes qu’ils auront à poser dans la perspective de l’agenda 2020, la lourde responsabilité qu’ils portent dans les crises successives et les souffrances qu’ils ont imposées à leur peuple, pour éviter leur répétition. L’État, l’école, les médias et les partis politiques sont les quatre institutions les mieux qualifiées pour y contribuer par le biais de la formation (éducation civique de la jeunesse, popularisation de normes comportementales et des valeurs républicaines à l’adress des citoyens, restructuration de la mentalité des militants et des partisans dans leurs échanges avec leurs adversaires, modification de l’attitude des politiques dans leur rapport au pouvoir et à l’intérêt général) et de l’exemplarité (Le Pouvoir d’État doit cesser de récompenser et de favoriser les militants du parti qui l’a porté au pouvoir). Il s’agit de construire une véritable culture politique (destruction des reflexes ethniques et d’exclusion appartenant à un esprit paroissial et sectaire ; abandon de la culture de sujétion, d’alignement et de fétichisme). La politique ne doit plus instrumentaliser le droit et créer des phobies dans l’opinion, tout comme elle ne doit plus se présenter comme un moyen de s’enrichir, de gagner des promotions et des avantages. C’est le régime au pouvoir, quel qu’il soit, qui par son attitude, son degré de décentralisation, sa politique culturelle et sa gestion de l’État, peut susciter, entretenir, et orienter cette culture politique dans une direction ou une autre. La démocratie est vivante, quand le politique cesse d’être autoritariste (culte de la personnalité et arbitraire) et que le peuple cesse d’être passif (déférence, allégeance, soumission).
Les formations politiques doivent commencer dès à présent, à former leurs militants (universités du militant, conférences et forums) et à s’exercer à la pratique de la démocratie interne (écoute de la base, consensus acquis démocratiquement, primaires, renouvellement du personnel et des instances, libre expression de courants de pensée pluriels, remise en cause de ses actions et orientations). Elles doivent réussir à assurer la cohésion, et le cas échéant, la réconciliation en leur propre sein, pour pouvoir prétendre par la suite, être en capacité de l’exercer à l’échelle nationale. Ensuite, elles doivent travailler essentiellement sur l’élaboration d’une offre politique fiable (programme chiffré), sortir de la facilité (critique systématique, slogans et surenchère) et des sentiers qui nous ont conduit à la guerre (personnalisation, exclusion, incitation à la haine et au désordre). La désorganisation et la désunion de l’opposition, n’ont pas servi sa cause et son combat. Elle doit abandonner la confrontation, la provocation, et fédérer ses forces pour s’inscrire dans une démarche résolument démocratique. Les combats se gagnent dans l’urne. De la même manière, la majorité RHDP a un intérêt certain à se fondre en un parti unifié, sous peine de courir le risque de perdre le pouvoir. Il lui restera de régler en son sein, avec sagesse et justice, la question des ambitions, par des voies démocratiques (primaires).
Conclusion
Le bilan politique du Président Alassane Ouattara, sera évalué par l’histoire en fonction de ces deux paramètres essentiels, à savoir le redressement et l’émergence du pays de pair de l’ancrage de la démocratie dans celui-ci. Les chances de son régime de survivre à lui-même en dépendent grandement. Dès lors, la perception et la visibilité de son action sur ces deux volets deviennent cruciales pour lui, mais surtout pour les formations politiques qui le soutiennent, dans l’optique des compétitions électorales de 2020. La responsabilité de l’opposition serait engagée devant l’histoire, si elle était absente de ce rendez-vous de la démocratie et de la paix. Il appartient aux Institutions qui en ont la charge de rassurer et de conquérir la confiance des citoyens et des acteurs politiques, en donnant au processus électoral, fiabilité, transparence, impartialité. L’expérience des élections 2016 et celles à venir (municipales, régionales et éventuellement sénatoriales) suffira- t-elle à convaincre ?
Les commentaires sont fermés.