Côte-d’Ivoire 1er couac justice des vainqueurs: Mme Gbagbo acquittée, son avocat évoque un «verdict de la honte»

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Par Connectionivoirienne

A la surprise générale, mais aussi à la satisfaction des siens, Simone Gbagbo, jugée depuis 2016 pour des faits de crime contre l’humanité commis durant la crise postélectorale de 2011, a été acquittée mardi par la Cour d’assises d’Abidjan. A l’absence de ses avocats officiels conduits par Rodrigue Dadjé et dans un contexte de blocage entre les avocats commis d’office et la cour (après le retrait des premiers cités), le juge Boiki Kouadio a rendu la décision des jurés. Mme Gbagbo n’est pas reconnue coupable des faits qui lui sont reprochés.

Joint au téléphone par Connectionivoirienne pour sa réaction, Me Blédé Dohora membre du collectif des avocats n’a pas mâché ses mots pour dénoncer une procédure dans laquelle l’un des juges a été remplacé en plein procès.

« J’ai un sentiment de mépris et de satisfaction en même temps. Je me dis que la justice ivoirienne a eu certainement honte et a compris que Simone Gbagbo ne devait pas être condamnée non seulement parce qu’elle n’a rien fait mais en plus en l’absence de ses avocats. C’est un procès politique et on l’a dénoncé à plusieurs reprises et la justice a compris qu’il fallait faire amende honorable aux yeux de l’opinion internationale. Donc elle est revenue à de meilleurs sentiments », enchaîne-t-il. Sur un autre ton et à notre question de savoir si c’est le sentiment humain qui a prévalu ou si c’est la justice qui a parlé, Me Blédé répond sèchement : « Ce n’est pas la justice qui a parlé. C’est une question politique depuis le début. Parce que si la justice voulait parler, elle accorderait au moins à Simone Gbagbo le droit de la défense. On ne peut pas admettre qu’on juge quelqu’un qu’on accuse sans ses avocats, on ne peut pas admettre qu’on juge quelqu’un par un juge qui n’a aucune connaissance du dossier. Ce n’est pas du droit quand on déclare que, accorder des avocats à madame Gbagbo est une faveur qu’on lui fait. Donc la justice n’a pas parlé ».

Blanchie pour crimes contre l’humanité mais condamnée pour atteinte à la sureté !?

Pour cet avocat de Simone Gbagbo si les deux procédures sont distinctes, le collectif a encore un mot à dire sur l’ensemble des deux procès. Il devait se prononcer dans les heures à venir. Mais l’on note quand même que les deux procédures bien que distinctes étaient liées. Aussi bien dans le temps que dans la nature même des faits.

Comment comprendre que Simone Gbagbo soit condamnée pour atteinte à la sureté de l’Etat,
constitution de bandes armées, vol en réunion etc. dans la même période et qu’elle soit reconnue non coupable de faits de crimes ? Si Simone Gbagbo a été condamnée lors d’un premier procès, jugé d’expéditif par bien d’observateurs, cela suppose qu’elle a joué un rôle majeur dans une crise postélectorale qui a fait des milliers de morts. En tout cas, c’est le message que tend à faire passer cette première condamnation. La laver en deuxième ressort de tout soupçon, amène à se poser des questions sur le sérieux de notre appareil judiciaire dont les procédures sont du reste sous l’emprise de la tradition orale. Rarement, elle a présenté des preuves matérielles irréfutables à part les ouï-dire.

« Qui peut le plus peut le moins », dit l’adage. Si Simone Gbagbo est reconnue coupable de faits d’attentat à l’autorité de l’Etat, elle devrait aussi être capable du pire. Si elle n’a donc pas commis le pire, il serait inutile de la poursuivre pour le moindre mal.

Ses avocats ont de la matière pour donner la liberté à cette femme qu’une certaine opinion tente volontairement, sans preuves, de peindre en noir pour son opiniâtreté et ses choix politiques aux côtés de son époux Laurent Gbagbo.

SD à Abidjan.

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