Lettre ouverte de Sylvain Takoué (Journaliste-écrivain) à Denis Kah Zion et Maurice Kacou Guicahué (1ère partie):
« J’avais prévenu le Nouvau Réveil et le Pdci de l’ingratitude du Rdr… »
. On ne fait pas la passe à l’adversaire en politique
Une grande figure du 20ème siècle, Winston Churchill, ancien journaliste, ancien Premier ministre britannique et acteur-clé de la seconde guerre mondiale, avait déclaré, un jour, que « Si tu veux de la reconnaissance, ne fais pas de la politique, mais achète un chien ». Rompu aux jeux et enjeux des alliances politiques en temps de guerre (puisqu’en guerre, on gagne avec des alliés), cet homme d’Etat savait bien de quoi il parlait, car il en avait fait les frais, surtout à l’égard de Roosevelt, Président américain de l’époque avant Harry Truman, qui s’était avéré être un allié indécis et dubitatif avant son entrée définitive en scène aux côtés du bloc occidental anti-Hitler.
Venons-en à notre pays. Quand le Président Bédié avait, comme vous le savez, prononcé à Daoukro, son fameux discours de soutien à la candidature unique du Chef de l’Etat à la présidentielle de 2015, ce discours, plus connu sous le nom d’ « Appel de Daoukro », avait déjà provoqué du rififi au sein même du Pdci-Rda. Ainsi contesté en interne par ceux qui avaient été qualifiés de « frondeurs » (Charles Konan Banny, Essy Amara, KKB…),cet Appel les avait poussé à se déclarer, par dépit, candidats indépendants à la présidentielle 2015. Pendant ce temps où la barque du Pdci taguait dangereusement sur les eaux tumultueuses des oppositions internes, le Rdr, grand bénéficiaire de cet Appel de Daoukro, se léchait tranquillement les babines et se frottait les mains en toute satisfaction, en fermant, à ce moment là, les yeux sur la clause fixée par cet Appel intelligent en soi, qui indiquait clairement que « l’alternance en 2020 sera au profit d’un cadre du Pdci ».
Près d’un an après cet Appel, j’avais courageusement publié, en août 2015, un livre contestataire pour prévenir ouvertement le Nouveau Réveil (où j’étais alors journaliste) et le Pdci, de la mauvaise foi et de l’ingratitude politique dont ferait preuve, le moment venu, le Rdr pour tourner carrément le dos à la clause de l’alternace 2020.
A seulment 3 ans de la présidentielle de 2020, les faits semblent confirmer la suspiscion légitime que j’éprouvais à l’égard du Rdr, et je constate, avec les débats qui se font déjà sur cette question d’alternance, que j’avais eu raison trop tôt en soutenant mordicus (comme l’avaient aussi fait les frondeurs du Pdci et Tiburce Koffi) que le Rdr ne passerait pas le pouvoir d’Etat à son allié du Pdci en 2020.
C’est ici qu’il faut se souvenir de la réflexion de Churchill sur la reconnaissance ingrate et injusyte en politique. C’est ici qu’il faut se rémemorer aussi une autre réflexion de Laurent Gbagbo qui disait qu’on ne fait pas la passe à l’adversaire en politique.
Même au sein d’une alliance politique, qui n’est rien d’autre qu’un cadre d’entente et d’accord momentanné et temporel, l’allié est et reste un adversaire en puissance, qui pourrait se convetir en Judas l’Iscarillot dans le dos du Christ Jésus et qui, à ce moment fatidique, montrerait son vrai visage.
Au sein de l’alliance du Rhdp formé à Paris en 2015 contre Gbagbo, vous contatez que le Rdr manœuvre à son seul et unique réel profit, comme il l’avait fait au sein de l’alliance du Front Républicain formé en 1995 avec le Fpi contre Bédié.
Aujourd’hui, cela ne semble plus faire l’ombre d’aucun doute dans les esprits, il n’y aura pas d’alternance présidentielle en 2020 au profit du Pdci. Et sur cette question cruciale, tout le monde a déjà entendu le sieur Joel N’guessan, porte-parole officiel du Rdr, parti monté au pouvoir grâce au Pdci et qui entend fermement y rester en toute longévité au prix du jeu trouble orchestré au Rdr.
J’avais été, en prevenant déjà de cela, un lanceur d’alerte au Nouveau Réveil, sans regarder à ce qu’il m’en coûterait, car il fallait prévenir du danger d’une autre crise folle (cette fois-ci, entre alliés), qui pourrait à nouveau embraser, d’une autre façon, le pays que nous avons en commun.
Mais Le Nouveau Réveil, juché sur une corde raide, joue, depuis, à un jeu d’équilibriste, jeu trop calculateur qui sape et sabote son efficacité de journal percutant et réduit véritablement son audimat comme peau de chagrin. Et cela, au moment même où il faut, de façon audible, donner de la voix, prendre ouvertement ses responsabilités de « Journal de choix des Ivoiriens », et prendre courageusement position pour ne donner aucune marge de manœuvre à l’allié Rdr qui use de stratagèmes pour se défaire de la clause d’alternance fixée par l’Appel de Daoukro. Le Nouveau Réveil est sanctionné par l’opinion pour ses hésitations, parce qu’on sait qu’il peut faire mieux mais ne le fait pas.
En France, même le journal « Libération » qui est d’obédience gauchiste, ne fait aucun cadeau aux partis et au pouvoir de gauche quand il s’agit de frapper dur sur les fautes, erreurs, dérives et scandales qui se font jour dans cette obédience politique. Ce qui vaut à ce journal aimé par l’opinion d’être dans le cœur des Français de tous les bords.
Les Ivoiriens ont un destin commun qu’une crise d’alliés menace à cause de l’alternance de 2020. Le Nouveau Réveil (qui doit se réveiller) et le Pdci ont la lourde responsabilité de désamorcer, avant l’heure, cette drise de succession qui se prépare et qui n’en est, pour l’instant, qu’à des joutes oratoires. Le pays, réveillé du cauchemar de la crise décénale, et qui redoute une explosion de canon, effet du choc entre la poudre et le feu, vous regarde faire…
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