Attentat djihadiste de Grand-Bassam – Un an et après ?

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Sango Issouf / Afp 14 mars 2016 

Par Connectionivoirienne

Le 13 décembre 2016, la Côte d’Ivoire était frappée de plein fouet par le premier attentat terroriste de son histoire. Dix-neuf morts, selon les officiels, bien plus, selon des témoins. Ce jour-là, la Côte d’Ivoire a pleuré. Le monde entier s’est ému et les messages de soutien, les mots de compassion ont fusé de partout. La douleur était à son comble, l’horreur inédite.

Il y a jour pour jour un an et les Ivoiriens se souviennent comme si c’était hier. Ce 13 mars-là et les jours qui ont suivi on ne parlait que de cette actualité chaude. Puis après on est passé à autre chose. C’est l’exception ivoirienne.

A-t-on pris les mesures et les dispositions pour parer à toute autre éventualité d’acte terroriste ? Les premiers jours, oui. Ensuite on a relâché et le niveau de vigilance a baissé. C’est une particularité bien ivoirienne. Nous avons eu l’occasion de retourner sur les plages de Bassam après cet attentat. Visiblement rien n’avait changé. Pas de présence policière, aucune prescription n’est affichée nulle part, même pas un numéro vert ou un numéro de commissariat pour signaler tout acte suspect. La chapelle qui accueillait dès les premiers jours de l’événement tragique les personnalités venues de partout a disparu, les fleurs fanées jetées à la poubelle. Ça, c’était pour les besoins de la communication. Heureusement qu’une stèle est érigée maintenant.

Qu’a-t-on fait ou que fait-on pour juguler d’autres attaques du genre, du moins pour réduire les risques de radicalisation en interne ? On nous dira que les questions de sécurité ne sont pas exposées sur la place publique. Mais pour ce qu’il est donné de voir, la Côte d’Ivoire vit comme si rien ne s’était produit le 13 mars sur les plages de Bassam.

Nos grands hôtels, les restaurants, les supermarchés restent vulnérables tant la surveillance laisse à désirer. La cohésion sociale qui contribuerait à renforcer le patriotisme des Ivoiriens est toujours le talon d’Achille de la gouvernance. La lutte contre le chômage des jeunes est toujours au stade des slogans. Or il est démontré que là où le chômage sévit dans des proportions inquiétantes, le terrorisme y trouve un terreau favorable. Aussi inquiétant que cela puisse paraître, au moment où l’on commémore Bassam, l’assassinat crapuleux d’un imam à Man relance le débat sur le phénomène djihadiste en Côte d’Ivoire.

On refuse de qualifier cette barbarie de Man d’acte terroriste et on commémore l’attentat de Bassam. La télévision ivoirienne qui s’était distinguée par son black-out retentissant en 2016, y consacre ce lundi son émission « C’Midi » et une édition spéciale en direct de Bassam où se trouve le vice-président Duncan. L’an prochain encore on s’en souviendra. Les victimes, elles, dans leur solitude, devront se donner les moyens de surmonter leur traumatisme. On aime bien ça chez nous ! La théâtralisation de la douleur.

SD

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